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LES TACTIQUES DU DIABLE dans nos périodes de désert


Voici le dialogue et les commandements des forces adverses contre chaque enfant de Dieu. Un supérieur parle à son l'ouvrier chargé d'empêcher le chrétien de finir la course.


"J'espère que ma dernière lettre t’a convaincu que la période de sécheresse et d'apathie que traverse ton protégé ne suffira pas à elle seule, à te livrer son âme, mais qu'il s’agit de tirer le meilleur parti de la situation. Je vais maintenant t’expliquer comment l'exploiter à fond.


En premier lieu, j'ai souvent constaté que quand l'homme se trouvait au creux de la vague, c'était un terrain exceptionnellement propice aux tentations de la chair, surtout à celle d'ordre sexuel.

Cela te surprendra peut-être, parce qu'il a sans doute plus d'énergie physique et, de ce fait, un plus grand potentiel de désir quand il est en pleine forme. Cependant, souviens-toi que c’est alors que ses facultés de résistance atteignent aussi leur maximum. La santé et la bonne humeur qui t’aideront à éveiller en lui la convoitise, peuvent hélas, tout aussi bien faciliter le travail, le sport, la réflexion ou des divertissements inoffensifs.

Tes attaques ont bien plus de chances de succès quand la vie intérieure de ton protégé est terne, vide et froide.

Il faut aussi noter que sa sexualité varient sensiblement en fonction de ses hauts et de ses bas. Quand il est dans le creux de la vague, il y a beaucoup moins de risque qu'elle le mette dans cet état écoeurant que les hommes appellent « être amoureux », et il y a beaucoup plus de chances qu'elle entraîne vers certaines perversion. Il sera aussi beaucoup moins sujet à ces élans généreux, cet esprit imaginatif et même ses impulsions spirituelles qui sont souvent les sous-produit de la sexualité humaine et qui la rend si décevante pour nous. Il en va de même pour les autres désirs de la chair. Tu feras bien plus facilement de ton homme un ivrogne invétéré si tu le pousses à boire quand il a le cafard et qu’il est à bout que si tu l'encourages à boire un verre avec ses amis lorsqu'il est en pleine forme.

N’oublie jamais qu’en suggérant un plaisir sous sa forme saine, normale et honnête, nous nous aventurerons sur le terrain de l’ennemi (Dieu). Je sais que nous avons gagné plus d'une âme par le plaisir. Malgré tout c'est lui qui l’a inventé et non pas nous. Il est à l'origine de tous les plaisirs; malgré toutes nos recherches, nous n'avons pas su en produire un seul. Tout ce que nous pouvons faire dans ce domaine est d’encourager les hommes à jouir des plaisirs créés par l’ennemi (Dieu) à un moment ou à un degré interdit par lui. Ainsi nous efforçons toujours de les détourner de la jouissance naturelle d'un plaisir en prenant celle qui est contre nature, qui déplaît à son auteur et qui en fin de compte est la moins agréable. Voici donc la formule : une envie sans cesse accrue d’un plaisir sans cesse amoindri. C'est ce qu'il y a de plus sûre. Et c'est d'un meilleur style. Ce qui réjouit le plus le cœur de notre père, c'est de ravir l’âme d'un homme sans rien lui donner en retour. Et c'est quand l'homme est dans le creux de la vague qu'il faut déclencher ce processus.


Mais il y encore une meilleure façon de tirer partie de ces moments éprouvant ; c’est d’exploiter les réactions ton protégé.

Comme toujours, la première précaution à prendre est de l'empêcher de voir clair. Évite qu'il ne découvre la loi de l'oscillation. Fais-lui admettre que la ferveur des débuts de sa conversion aurait pu et aurait dû durer, et que son état actuel de sécheresse est également un état définitif. Une fois cette fausse idée bien ancrée dans son cerveau, tu pourras procéder de plusieurs manières. Tout dépend du tempérament de ton protégé : est-il du genre pessimiste qui peut facilement être entraîné dans le désespoir ou est-il du genre optimiste que l'on peut aisément convaincre que tout va pour le mieux ?

Le premier de ces types d'hommes se fait de plus en plus rare. Si ton protégé en fait partie, tout sera facile. Il suffira de l'empêcher d'entrer en contact avec des chrétiens expérimentés (chose facile de nos jours), d'attirer son attention sur certains textes appropriés de l'écriture, et de l'engager dans une tentative désespérée pour retrouver ses sentiments d'autrefois par la seule force de sa volonté. Et la partie sera gagnée !

Par contre, si il appartient à la catégorie des optimistes, ta mission consistera à lui faire accepter les basses eaux dans lesquelles il baigne et à l'amener à se contenter peu à peu de cet état, en ce persuadant que ce n'est pas si terrible que cela. Au bout d'une quinzaine de jours, tu lui suggéreras qu'il a peut-être un peu exagéré au début de sa vie chrétienne. Insiste sur la « modération en toutes choses ». Si tu réussis à l'amener au stade où il pense que « la religion c'est très bien à condition de ne pas être trop loin », tu n'auras plus de souci à te faire pour son âme. Une religion modérée vaut tout autant pour nous que pas de religion du tout, et c’est bien plus amusant.


Une autre possibilité s’offre encore à toi. Tu peux attaquer directement sa foi.

Une fois que tu lui auras fait croire que sa sécheresse spirituelle persistera, pourquoi ne pas le convaincre que « sa phase religieuse » mourra de sa belle mort comme toutes les autres phases de sa vie ? Il n'existe évidemment aucun raisonnement logique qui lui permette de passer de l’idée : « J’ai perdu tout intérêt pour la chose » à l’autre idée : « La chose est fausse ».

Mais comme je te l'ai déjà fait comprendre, c'est aux slogans, et non au raisonnement, que tu dois te fier. Le simple mot « phase » fera sans doute l'affaire. Je suis sûr que ton protégé en a traversé plusieurs (ils sont tous passer par là) et qu’à l’égard de chacune d’elle il éprouve un sentiment de supériorité et prends un air protecteur, non parce qu’il s'est débattu avec elle, mais simplement parce qu'elle fait partie du passé. (Je présume que tu l’abreuves d’idées floues sur le progrès , sur le développement, sur la méthode historique et que tu lui fais lire toutes sortes de biographies modernes, dont les personnages sont toujours en train de passer d’une phase à une autre, n’est-ce pas ?)

Vois-tu où je veux en venir ?

Empêche le de réfléchir à la simple antithèse entre le Vrai et le Faux.

Habitue-le à de gentilles expressions qui laissent tout dans le vague : « c’était une phase », « j’ai connu tout cela », et n’oublie jamais ce bienheureux mot : « adolescent »."


C.S Lewis


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