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SOLENNEL AVERTISSEMENT À CEUX QUI FONT PROFESSION DE PIETÉ - Partie 3


Chapitre 3 Mais il est temps que nous passions à la troisième cause de la profonde douleur que Paul éprouvait en écrivant notre texte. Cette cause, nous vous l'avons déjà dit, était LE SORT réservé aux faux frères de Philippes; c'est ce que nous apprennent ces mots : Leur fin est la perdition.


Entendez-vous, mes frères ! La fin des formalistes sera la perdition, - et j'ose ajouter, la pire des perditions. Oui, s'il y a en enfer des chaînes plus lourdes que les autres, s'il y a des prisons plus sombres, des flammes plus brûlantes, des angoisses plus cruelles, des tourments plus intolérables, assurément ils seront le partage de ceux dont la profession de piété n'a été qu'un indigne mensonge ! En vérité, pour ma part, je préférerais mourir pécheur scandaleux que chrétien hypocrite. Oh ! quel réveil que celui d'une âme qui, après avoir eu le bruit de vivre dans ce monde, est jetée avec les menteurs dans l'autre; qui, après s'être élevée jusqu'aux cieux d'ici-bas, se voit abaissée jusqu'en enfer dans l'éternité !... Et plus le formaliste a réussi à se séduire lui-même, plus terrible sera son désillusionnement. Il avait pensé porter à ses lèvres la coupe pleine de délices du paradis, et au lieu de cela, il se voit condamné à boire jusqu'à la lie l'amer breuvage de l'enfer ! Il comptait entrer sans difficulté par les portes de la nouvelle Jérusalem, et voilà qu'il les trouve fermées ! Il s'imaginait que, pour être admis dans la salle des noces, il lui suffirait de crier : Seigneur, Seigneur, et voilà qu'il entend prononcer contre lui, non pas simplement la malédiction générale adressée à la masse des pécheurs, mais cette sentence, mille fois plus terrible et plus amère, parce qu'elle est plus directe et plus personnelle . « Retirez-vous de moi, je ne vous ai jamais connu ! Quoique vous ayez mangé et bu en ma présence, quoique vous soyez entré dans mon sanctuaire, vous êtes un étranger pour moi et je le suis pour vous ! » - Mes frères, un tel sort, plus lugubre que le sépulcre, plus horrible que l'enfer, plus désespérant que le désespoir, un tel sort deviendra inévitablement le partage de ces prétendus chrétiens qui ont leur ventre pour Dieu, qui mettent leur gloire dans ce qui est leur confusion, et qui placent leurs affections dans les choses de la terre. Et maintenant, permettez-moi, avant de finir, de répondre à diverses pensées que peut vous avoir suggérées ce que vous venez d'entendre. Si je ne me trompe, quelques-uns d'entre vous se disent en ce moment même : « Voilà, certes, un prédicateur qui n'épargne pas les Églises, et il a raison. Il leur a fait entendre de dures vérités. Quant à moi, je partage complètement son avis : ces gens qui font profession de piété, qui se donnent des airs de saints, sont tous des hypocrites et des imposteurs. Je l'ai toujours cru, il n'y en a pas un de sincère. » Arrêtez, mon ami. A Dieu ne plaise que j'aie dit rien de semblable à ce que vous avancez là ! je serais bien coupable si je l'avais fait. Il y a plus : je soutiens que le fait seul qu'il existe des hypocrites est une preuve irrécusable qu'il existe aussi des chrétiens sincères. « Comment cela ? » me répondez-vous. Eh ! c'est bien simple, mon cher auditeur. Croyez-vous qu'il y aurait de faux billets de banque dans le monde, s'il n'y en avait pas de bons ? Croyez-vous qu'on chercherait à mettre de la fausse monnaie en circulation, s'il n'y en avait de bon aloi ? Evidemment non. La contrefaçon présuppose nécessairement l'existence de la chose contrefaite. Si donc il n'existait pas de vraie piété, il n'y en aurait pas non plus de fausse. Et, de même que c'est la valeur du billet de banque qui engage le faussaire à le reproduire, de même c'est l'excellence du caractère chrétien qui donne l'idée à certaines gens de l'imiter. N'ayant pas la réalité, ils veulent du moins avoir l'apparence; n'étant pas de l'or pur, ils se plaquent de façon à en avoir l'air. Je le répète, et le plus simple bon sens suffit à nous le faire comprendre : puisqu'il y a de faux chrétiens, il doit nécessairement y en avoir de véritables. « Bien dit ! » pense peut-être un autre de mes auditeurs; « oui, grâces à Dieu, il existe de sincères, de véritables chrétiens, et j'ai le bonheur d'être du nombre. Jamais je n'ai eu ni doute ni crainte à cet égard; je sais que je suis un élu de Dieu, et quoique, il est vrai, je ne me conduise pas toujours comme je pourrais le désirer, j'ose dire que si je ne vais pas au ciel, peu de personnes iront. Ainsi, prédicateur de l'Evangile, à d'autres tes avertissements ! Depuis plus de vingt ans je suis membre de l'Église; depuis plus de dix j'ai l'honneur de siéger au conseil des anciens; je jouis de la considération de mes frères : rien ne saurait ébranler ma confiance. Quant à mon voisin que voilà, c'est autre chose. Je crois qu'il fera bien de s'assurer de la réalité de sa conversion; mais, encore une fois, pour ce qui me concerne, tout est bien, je suis parfaitement tranquille. » Ah ! mon cher auditeur, me pardonnerez-vous si je vous dis que votre excès d'assurance m'inspire les plus graves inquiétudes ? Si vous n'avez jamais eu de craintes sur la valeur de votre piété, je commence à en avoir; si vous ne doutez pas quelquefois de vous-même, je ne puis que trembler; car vous le dirai-je ? j'ai observé que tous les enfants de Dieu sont d'une extrême méfiance à leur propre égard, et qu'ils craignent plus que qui que ce soit de se faire illusion. Jamais encore je n'ai rencontré un vrai croyant qui fût content de son état spirituel. Puisque vous vous déclarez si particulièrement satisfait du vôtre, excusez-moi, mais je ne puis en vérité apposer ma signature au certificat de piété que vous vous délivrez à vous-même. Il se peut que vous soyez très bon; toutefois, souffrez que je vous conseille de vous examiner pour voir si vous êtes dans la foi, de peur qu'étant enflé dans votre sens charnel, vous ne tombiez dans les pièges du malin. JAMAIS TROP sûr est une devise qui convient parfaitement au chrétien. Etudiez-vous, tant qu'il vous plaira, à affermir votre vocation et votre élection; mais, de grâce, n'ayez jamais une trop haute opinion de vous-même, gardez-vous de la présomption. Combien d'hommes excellents à leurs propres yeux, qui sont des démons aux yeux de Dieu ! Combien d'âmes très pieuses dans l'opinion de l'Église, qui ne sont que souillure devant le Saint des saints! Que chacun de nous s'éprouve donc soi-même, et disons avec le Psalmiste :

Psaumes 139:23-24. Sonde-moi, Ô Dieu et connais mon coeur ! Eprouve-oi, et connais mes préoccupations ! Regarde si je suis sur une mauvaise voie et conduis-moi sur la voie de l'Eternité !

Mes bien-aimés, si les avertissements que vous venez d'entendre avaient pour résultat de faire naître en vous de telles pensées, de vous inspirer une semblable prière, je bénirais Dieu du fond de mon âme de m'avoir permis de vous les adresser. Enfin, il y a sûrement ici quelques-uns de ces esprits légers et insouciants auxquels il importe peu, disent-ils, d'appartenir ou non à Christ. Ils comptent vivre comme par le passé dans l'oubli de Dieu, méprisant ses menaces et se moquant de son nom. Insensés et aveugles ! Un jour viendra, sachez-le, où votre rire sera changé en pleurs, où vous sentirez le besoin de cette religion que vous dédaignez aujourd'hui ! A bord du vaisseau de la vie, naviguant sur une mer paisible, vous vous moquez à présent de la chaloupe de sauvetage; mais attendez que la tempête gronde, et vous voudrez vous y précipiter à tout prix. Maintenant vous ne faites aucun cas du Sauveur, parce qu'il vous semble que vous n'avez nul besoin de lui; mais, lorsque la mort se saisira de vous, lorsque viendra l'orage de la colère divine, - (retenez bien ceci, ô pécheurs !) - vous qui maintenant ne voulez pas prier Christ, vous hurlerez après lui ! vous qui maintenant refusez de l'appeler, vous le poursuivrez alors par vos cris de désespoir ! votre coeur, qui maintenant n'éprouve aucun désir de le posséder, se pâmera après lui dans une inexprimable angoisse! Retournez, retournez ! convertissez-vous; et pourquoi mourriez-vous, ô maison d'Israël. O veuille le Seigneur vous amener à lui, et faire de vous ses sincères, ses véritables enfants, en sorte que votre fin ne soit pas la perdition, mais que vous soyez sauvés dès à présent, et sauvés pour l'éternité !




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