ET SI UN CHRÉTIEN NE MET PAS EN OEUVRE SON SALUT ?
- L. GILMAN
- 17 avr.
- 6 min de lecture

« Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent ; car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. » (Philippiens 2:12-13)
Ces paroles de Paul dans Philippiens 2:12-13 sont une invitation vibrante à vivre pleinement la foi chrétienne. Mais une question troublante peut surgir : que se passe-t-il si un chrétien ne « met pas en œuvre » son salut ? S’il vit dans la désobéissance ou adopte une attitude laxiste, risque-t-il de perdre la grâce de Dieu ? Peut-on même imaginer qu’un « vrai chrétien » agisse ainsi ? Ces interrogations touchent le cœur de notre assurance en Christ et méritent une réponse claire, ancrée dans la Parole de Dieu. Explorons ensemble ce que la Bible enseigne, avec humilité et confiance.
Que signifie « mettre en œuvre son salut » ?
Pour comprendre les implications d’un manque d’effort, clarifions d’abord ce que Paul entend par « travaillez à votre salut ». Le verbe grec katergazomai, traduit ici par « travaillez », signifie littéralement « mettez en œuvre » ou « accomplissez ». Paul ne suggère pas que les Philippiens doivent gagner leur salut par des œuvres – une idée contredite par Éphésiens 2:8-9, où le salut est un don de la grâce reçu par la foi. Au contraire, il s’adresse à des croyants déjà sauvés, les exhortant à manifester leur salut dans leur vie quotidienne.
Le « salut » dans ce contexte englobe trois dimensions :
La justification : Être déclaré juste devant Dieu par la foi en Christ.
La sanctification : Grandir en sainteté pour ressembler davantage à Jésus.
La glorification : Recevoir la vie éternelle lors du retour de Christ.
« Mettre en œuvre son salut », c’est donc vivre en cohérence avec cette réalité : cultiver une vie d’obéissance, de prière, d’amour, et de service, avec « crainte et tremblement » – une révérence humble devant la sainteté de Dieu. Ne pas le faire pourrait se manifester par :
Une désobéissance persistante : Ignorer délibérément la volonté de Dieu ou vivre dans un péché non repenti.
Un laxisme spirituel : Négliger les disciplines chrétiennes (lecture biblique, prière, communion fraternelle) et stagner dans la foi.
Une absence de fruit : Ne montrer aucun signe visible de transformation, comme l’amour, la patience, ou la générosité (Galates 5:22-23).
Mais Philippiens 2:13 apporte une vérité cruciale : « C’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire. » Le verbe grec energeo souligne que Dieu, par son Esprit, est la source de notre désir et de notre capacité à vivre pour Lui. Cela soulève une question : un croyant authentique peut-il vraiment persister dans une désobéissance ou un laxisme total ?
Un vrai chrétien peut-il être désobéissant ou laxiste ?
La réponse est nuancée : oui, un vrai chrétien peut traverser des périodes de désobéissance ou de laxisme, mais cela ne définit pas sa vie. Voici pourquoi, avec des arguments tirés de l’Écriture :
L’imperfection humaine persiste : Même après la conversion, les chrétiens luttent contre leur nature pécheresse. Paul lui-même confesse : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux pas » (Romains 7:19). Un croyant peut céder à la tentation, négliger sa vie spirituelle par manque de discipline, ou traverser une saison de doute. Ces moments ne signifient pas qu’il a perdu sa foi.
L’Esprit Saint agit en nous : Un vrai chrétien est scellé par l’Esprit Saint (Éphésiens 1:13-14), qui le convainc de péché et le pousse à la repentance (Jean 16:8). Une désobéissance persistante ou un laxisme prolongé sera normalement suivi d’un réveil spirituel, car « celui qui a commencé en vous une bonne œuvre la rendra parfaite » (Philippiens 1:6).
La discipline de Dieu : Comme un Père aimant, Dieu discipline ses enfants lorsqu’ils s’égarent (Hébreux 12:5-11). Cette discipline – une conviction intérieure, des conséquences naturelles, ou une exhortation par d’autres croyants – vise à restaurer le croyant, pas à le rejeter. Par exemple, dans 1 Corinthiens 11:30-32, Paul explique que certains croyants souffraient à cause de leur conduite, mais cette discipline était pour leur salut, non leur condamnation.
La foi vivante produit des fruits : Jésus enseigne que ses disciples portent du fruit (Jean 15:5), et Jacques affirme que « la foi sans les œuvres est morte » (Jacques 2:17). Un vrai chrétien, même imparfait, montrera des signes de transformation au fil du temps : repentance, amour, persévérance. Une absence totale de fruit sur le long terme soulève une question sérieuse : la foi était-elle authentique ? Comme le dit 1 Jean 2:19, ceux qui abandonnent complètement la foi « n’étaient pas des nôtres ».
Ainsi, un vrai chrétien peut faillir, mais il ne restera pas indéfiniment dans la désobéissance ou le laxisme. L’Esprit en lui produit « le vouloir et le faire », même si ce processus est graduel et imparfait.
Peut-on perdre son salut en ne « travaillant pas » ?
La question de la perte du salut divise les chrétiens, et deux perspectives principales émergent :
La persévérance des saints (perspective réformée) : Selon cette vue, un vrai croyant ne peut pas perdre son salut, car il est gardé par la grâce de Dieu. Jésus déclare : « Personne ne les arrachera de ma main » (Jean 10:28-29), et Paul assure que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu (Romains 8:38-39). Si quelqu’un semble chrétien mais vit dans une désobéissance persistante sans repentance, il est probable qu’il n’a jamais été véritablement régénéré. Les moments de laxisme chez un vrai croyant sont temporaires, et Dieu le ramène par sa grâce.
Le salut conditionnel (perspective arminienne) : Certains croient que le salut peut être perdu si un croyant rejette délibérément la foi ou persiste dans le péché sans repentance (Hébreux 6:4-6 ; 10:26-29). Dans cette optique, « mettre en œuvre son salut » impliquerait une responsabilité active pour rester dans la grâce. Cependant, même ici, Philippiens 2:12-13 ne dit pas explicitement que le salut peut être perdu ; il exhorte à manifester une foi vivante.
Une lecture attentive de Philippiens 2:12-13 favorise l’idée que le salut est assuré par Dieu. Paul ne menace pas les Philippiens de perdre leur rédemption, mais les encourage à vivre en cohérence avec elle. Le verset 13 garantit que Dieu soutient leur foi par son Esprit. Si un croyant est laxiste, l’Esprit le convaincra de péché et le ramènera à la repentance. Une absence totale de repentance pourrait indiquer que la personne n’a jamais été véritablement convertie, plutôt qu’elle ait « perdu » son salut.
Les conséquences de la désobéissance ou du laxisme
Même si un vrai chrétien ne perd pas son salut, un manque de mise en œuvre a des conséquences sérieuses :
Perte de communion avec Dieu : La désobéissance rompt la joie de l’intimité avec Dieu. Comme David après son péché, un croyant peut ressentir un vide spirituel et implorer : « Rends-moi la joie de ton salut » (Psaume 51:12).
Discipline divine : Dieu peut permettre des épreuves pour réveiller le croyant. Par exemple, les Corinthiens qui abusaient de la Cène ont subi des maladies ou même la mort, mais Paul précise que cette discipline était pour leur salut (1 Corinthiens 11:30-32).
Perte de récompenses éternelles : La Bible distingue le salut (un don gratuit) des récompenses célestes, qui dépendent de la fidélité. Un croyant laxiste pourrait être « sauvé, mais comme au travers du feu », sans recevoir de couronnes (1 Corinthiens 3:12-15).
Impact sur le témoignage : Une vie sans fruit nuit à l’Évangile. Jésus appelle ses disciples à « porter du fruit » pour que le Père soit glorifié (Jean 15:8). Un laxisme spirituel peut éloigner d’autres de la foi.
Manquer la vie abondante : Jésus promet une « vie abondante » (Jean 10:10), mais un croyant désobéissant ou laxiste se prive de la plénitude de cette vie – paix, joie, et intimité avec Dieu.
Une invitation à examiner et à répondre
Si vous vous reconnaissez dans une saison de laxisme ou de désobéissance, ne cédez pas à la peur. Votre salut repose sur la grâce de Christ, pas sur votre perfection. Mais la Bible vous invite à examiner votre cœur : « Examinez-vous vous-mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi » (2 Corinthiens 13:5). Une foi authentique produit des fruits, même modestes. Si vous ne voyez aucun signe de transformation, demandez à Dieu de renouveler votre cœur.
Voici comment répondre à l’appel de Philippiens 2:12-13 :
Repentez-vous avec confiance : Confessez vos faiblesses à Dieu, sachant qu’Il pardonne et restaure (1 Jean 1:9).
Dépendez de l’Esprit : Priez pour que l’Esprit ravive en vous « le vouloir et le faire ». Il est votre force.
Engagez-vous dans la communauté : Rejoignez une Église où vous serez encouragé et exhorté (Hébreux 10:24-25).
Avancez pas à pas : Choisissez une discipline spirituelle (prière, lecture biblique, service) et pratiquez-la avec intention.
Une assurance qui transforme
Philippiens 2:12-13 n’est pas une menace, mais une promesse. Dieu est à l’œuvre en vous, même dans vos moments de faiblesse. Un vrai chrétien peut faillir, mais il ne restera pas indéfiniment dans la désobéissance, car l’Esprit le ramène à la repentance. Votre salut est scellé par la grâce, mais ne manquez pas la joie de le mettre en œuvre. Vivez pour refléter la gloire de Celui qui vous a sauvé, sachant qu’Il vous soutient à chaque pas.
Que cette vérité vous libère de la peur et vous inspire à marcher avec audace, dans la révérence et la confiance !
L. Gilman
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