LA FOI DE NOS PÈRES
Que faut-il croire ? L’opinion commune veut que si quelque chose me semble bon, plaisant, vraisemblable, profitable, cela prime sur toute autre considération et même sur l’avis de Dieu. Le tentateur recourut à cette philosophie lorsque’il mit Eve, puis Adam, en présence du fruit défendu. Aujourd’hui, la préférence personnelle est devenue l’aune du bien et du mal. Malheureusement, c’est aussi l’ingrédient que l’esprit d’apostasie peut introduire dans la lecture biblique des chrétiens. Une lecture sélective….
Savons-nous bien pourquoi nous croyons ce que nous croyons ?
Qu’est-ce qui nous pousse à adopter des convictions comme fondées et à en rejeter d’autres ?
Nos sentiments du moment ?
Une certaine tradition familiale ?
Les valeurs de notre culture d’origine ?
L’avis d’autres croyant ?
L’opportunisme ?
Soyons conscients qu’il y a une opposition radicale entre :
croire ce que dit la Révélation biblique parce c’est Dieu qui l’affirme,
Et croire une déclaration biblique parce qu’elle me convient
Soyons aussi conscients que croire comme la bible le demande implique de notre part, au delà d’une simple compréhension intellectuelle, un acte de volonté et une adhésion du coeur. Cette foi nous engage tout entiers et change notre vision de Dieu, de la vie, des autres, du monde et de la réalité même.
Croire ne peut se satisfaire de réduire l’Écriture à quelques passages favoris. Notre aliment, c’est l’Écriture tout entière (2 Tim 3:16-17). Comme celle-ci demeure immuable, actuelle, toujours pertinente et puissante, il est inévitable que le croyant authentique se heurte périodiquement à la « science » fluctuante du monde et à son hostilité (Jn 15:18-27).
Des dénominations chrétiennes espèrent contourner la nécessité de confesser l’ensemble de la Révélation par un repli sur un credo réduit à quelques articles consensuels et à quelques principes bibliques compris de manière symbolique (non littérale). Le reste de la Bible est jugé inadapté à la culture contemporaine. Cette tentative d’accommodation à la culture ambiante est sans lendemain : elle mène à des redéfinitions de la Création, de la différenciation des sexes masculin et féminin, du mariage, des rôles respectifs du mari et de l’épouse, des rôles des hommes et des femmes dans l’Église, de l’homosexualité, etc… redéfinitions qui n’ont plus rien à voir avec la « foi de nos pères », c’est à dire avec les doctrines que deux millénaires de christianisme tenaient en général pour acquises.
Immergés dans cette soupe relativiste, nous peinons parfois à démêler vérité, demi-vérités et grossiers mensonges. Il est d’autant plus vital que nous soyons enracinés dans l’intégralité de la Parole et que nous croissions dans la connaissance de Christ (2 Pi 3:14-18). La saine doctrine nous permet de détecter les ruses du diable, elle nourrit notre foi, nous attache à Dieu, encourage les croyants face à la contradiction et leur permet d’y répondre.
En évoquant l’entretien de Jésus avec la Samaritaine (Jn 4), les auteurs soulignent que pour conduire cette femme à la foi, Jésus a dû dévoiler le péché de celle-ci et lui expliquer que l’adoration authentique implique une relation « en esprit et en vérité » avec le Père. Paul complète cette leçon en parlant de son ministère comme d’un combat contre des spéculations et des raisonnements qui s’opposent à la connaissance de Dieu. Il mène ce combat dans le but de conduire toute pensée « captive à l’obéissance de Christ » (2 Cor 10:3-5).
Cependant, s’il y a controverse, il est vital de ne pas argumenter comme s’il s’agissait d’une joute intellectuelle ou d’une bataille en faveur de notre promotion personnelle. L’érudition ou l’art oratoire exhibés dans cet état d’esprit ne peuvent que contribuer à nous enfler d’orgueil (1 Cor 8:1). Le témoignage à la Vérité doit se faire avec humilité, dans la dépendance de Christ et à la gloire de Dieu (Phil 1:9-11; Col 1:9-10). C’est ainsi que théorie et pratique formeront un attelage efficace pour recommander l’Évangile.
L’histoire de l’Église nous rapporte qu’à certaines époques, le message biblique était gravement lacunaire ou déformé. Il fallut des hommes de courage, de foi et de grand attachement à la Parole pour réclamer un retour à une doctrine et à une conduite conformes à la volonté de Dieu. C’est de ce combat que parle l’apôtre Jude. En développant ce thème, Jude traque clairement l’ennemi dans la bergerie : les faux docteurs ne se gênent pas pour imposer leurs manières, leur fausse sagesse et leurs moeurs dépravés comme s’il s’agissait d’une nouvelle forme de super spiritualité. En réalité, ils poursuivent leurs intérêts égoïstes et son esclaves de leurs instincts charnel. Nous comprenons donc que pour les contrer, une connaissance sérieuse de la saine doctrine ne soit pas superflue.
Au reste, il ne faut jamais dénigrer la doctrine. Les articles les plus élémentaires de la foi sont « doctrine » et « théologie ». Ces fondements ne sont pas la chasse-gardée de spécialistes, mais l’affaire de tout croyant. En effet, la bonne doctrine nous permet de voir les choses comme Dieu les voit, elle nous révèle la vraie nature du Dieu trinitaire. Par l’action de l’Esprit, elle nous introduit dans l’intimité de la Vérité faite chair et nous éclaire le sens de son oeuvre. Elle nous convainc de péché, de justice et de jugement. Elle nous permet de saisir les conditions et la fin glorieuse du salut en Jésus-Christ, elle engendre la foi. Tout au long de notre marche chrétienne, elle forge progressivement notre entendement et nous apprend à déjouer les pièges de l’ennemi (Heb 5:12-14).
Et soyons prudents : les « faux prophètes » ne présentent pas tous le même profil humain. Certains croient sincèrement prêcher la vérité, quoiqu’y mêlant l’erreur. D’autres trompent sciemment leur monde par soif de pouvoir et de profit. Mais tous représentent une menace (Mat 7:15-19). Leurs « fruits », sous forme d’enseignements divers, de programmes d’action, de manières de gouverner les foules ou de moralité sont à passer au crible de la Parole, et non à évaluer au degré de sympathie dont ils jouissent.
Claude-Alain Pfenniger
Condensé du livre de Mark Hitchcock et Jeff Kinley
La Bonne Nouvelle 2/2020
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