Suivre le vrai enseignement du Seigneur Jésus-Christ est au cœur de ce que signifie être chrétien. Cette idée est centrale à la Grande Mission (Matthieu 28.18-20), peut-être le passage le plus connu sur le but de l’église : « Allez, faites des gens de toutes les nations des disciples… enseignez leur à garder tout ce que je vous ai commandé. » En conséquence, l’église a toujours fait de grands efforts pour enseigner la Bible. Mais les efforts n’amènent pas toujours des résultats. L’interaction avec la culture, les passages difficiles de la Bible, et le pouvoir du péché qui affecte l’esprit ont contribué à la formulation et la dissémination d’enseignement faux ou incorrects. Les églises et les croyants individuels font une erreur grave s’ils pensent eux-mêmes « ça ne peut pas arriver ». Penser que nous sommes immunisés à l’erreur nous place dans une position très dangereuse. C’est exactement ce que l’ennemi veut: que nous soyons endormis et non avertis de ses efforts d’attaquer les croyants par des faux enseignements.
Le témoignage de la Bible sur le faux enseignement nous montre clairement que nous ne sommes pas invulnérables à cette menace.
La réalité des faux enseignements
Les faux enseignements sont une menace réelle pour l’église. Le faux enseignement n’est pas une menace seulement dans certaines circonstances, ou seulement dans les églises qui ont une certaine structure organisationnelle, ou seulement dans certains endroits et cultures du monde. Nous devons le reconnaître comme une menace parce que la Bible nous avertit continuellement que c’est une menace. Jésus nous avertit que les faux enseignants viendront d’en dehors de la communauté des croyants, essayant de masquer leurs vraies intentions. (Matthieu 7.15-20) Pierre nous dit que les faux enseignants peuvent aussi émerger de la communauté des croyants, amenant une doctrine qui est destructrice et venimeuse (2 Pierre 2.1). L’apôtre Paul avertit continuellement les églises qu’il servait : si des faux enseignants au milieu d’eux étaient laissés sans opposition, les résultats seraient désastreux (Galates 1.6-9 ; 2 Corinthiens 11.1-21 ; 1 Timothée 6.3-5). En résumé, le faux enseignement n’est pas qu’un problème pour les autres personnes ou les autres églises. C’est un problème au sujet duquel tous les croyants doivent être vigilants et contre lequel ils doivent être sur leurs gardes.
Le témoignage de la Bible sur le faux enseignement nous montre clairement que nous ne sommes pas invulnérables à cette menace. Si nous sommes tentés de croire que nous sommes au-dessus de ces avertissements parce que tout va bien, nous ferions bien de nous rappeler l’avertissement de l’apôtre Paul. Dans l’église de Corinthe, on se pensait au-dessus des erreurs qui ont surgi au temps de l’Israël de l’Ancien Testament : « que celui qui pense être debout prenne garde de tomber ! » (1 Corinthiens 10.12) Si les aberrations doctrinales peuvent surgir dans des églises nourries par les enseignements des apôtres, qu’est ce qui nous fait croire que nous sommes immunisés ? Paul a dû avertir les galates à propos d’un faux enseignement sur une doctrine centrale de la foi (comment un homme est justifié devant Dieu) alors que les apôtres étaient encore vivants. Comment dans ces conditions, peut-on se permettre d’être complaisant ?
Comment s’infiltrent les faux enseignements
Puisque nous sommes appelés à être vigilants à la menace des faux enseignements parmi nous, que devons-nous surveiller ? Devons-nous attendre que quelqu’un se lève au milieu d’un culte et déclare : « L’église a tout fait de travers depuis bien des années. Laissez-moi vous montrer ce que la Bible enseigne vraiment. » Attendons-nous des déclarations audacieuses qui frappent au coeur des enseignements bibliques comme « Dieu n’est pas réel » ou « Jésus n’est pas Dieu » ? Si nous attendons qu’un mensonge soudain et spectaculaire entre dans l’église, nous ne regardons pas au bon endroit. Il est vrai que de grands mensonges ont été trouvés dans l’église, mais généralement pas de façon soudaine. L’ennemi de nos âmes préfère une approche plus subtile, semant le doute et tordant la vérité pour rendre le mensonge acceptable. Après tout, la première tentation de l’homme ne fut pas : « Comment peux tu croire ça ? » mais « Dieu a-t-il vraiment dit ? »
Une autre chose que nous avons besoin de nous rappeler est que les faux enseignements ne surgissent pas toujours dans l’église à la suite d’une démarche délibérée de tromper les chrétiens et de les amener à nier la foi. Ces tactiques sont bien sûr possibles, car le Nouveau Testament mentionne la présence de « des faux frères, des intrus qui [s’introduisent] parmi nous pour épier la liberté que nous avons en Jésus-Christ, avec l’intention de nous asservir » (Galates 2.4) et de ceux qui « qui changent en débauche la grâce de notre Dieu et qui renient Jésus-Christ, notre seul Maître et Seigneur. » (Jude 4). Nous ne devons pas être naïfs et ignorer les signes de telles attaques. Mais le plus souvent, le danger du faux enseignement vient par d’autres voies. Nous devons être particulièrement vigilants quant à trois voies particulières :
1) le désir de trouver des enseignements ou des doctrines nouvelles et intéressantes ;
2) une surréaction à d’autres enseignements erronés dans l’église ;
3) un désir d’éviter la critique, et en particulier la critique du monde autour de nous.
Dans cette étude, nous analyserons les trois façons dont les faux enseignements peuvent s’infiltrer dans l’Église : le désir de trouver de nouveaux enseignements ou des doctrines intéressantes, une réaction exagérée à d’autres enseignements erronés dans l’Église, et un désir d’éviter la critique, particulièrement la critique du monde qui nous entoure.
La tentation des nouveaux enseignements
La première manière dont les faux enseignements peuvent s’infiltrer dans l’Église est peut-être la plus « innocente ». C’est lorsque quelqu’un essaye de trouver une façon innovante de comprendre la Bible. La Bible est un ancien livre que des pasteurs, des anciens, des savants ont étudié pendant des millénaires. Il est difficile de trouver un sujet biblique sur lequel des centaines de livres n’ont pas déjà été écrits. Sur les sujets les plus controversés, comme le baptême et l’eschatologie, pratiquement toutes les positions théologiques ont été défendues. Tous les enseignants ne se satisfont pas forcément de décrire diverses interprétations historiques, ou de présenter une vérité biblique et historique de façon claire et convaincante. Certains éprouvent le besoin de tracer un chemin là où personne n’est allé auparavant, ou bien encore, d’enseigner la Bible d’une façon qui ne dépend d’aucun prédécesseur.
Un exemple de cela était John Nelson Darby, dont le désir d’organiser la Bible et ses prophéties en un système unique et définitif a produit ce que nous connaissons sous le nom de dispensationalisme. Ses enseignements ont amené des déviations par rapport aux compréhensions historiques de l’Église, des sacrements et, d’une certaine manière, du péché originel.
Pour d’autres, il y a le désir de résoudre définitivement une question biblique difficile sur laquelle les théologiens se sont querellés pendant des siècles. Cela les amène dans des territoires inexplorés, à exprimer des idées et des interprétations de la Bible qui n’ont pas encore fait leurs preuves. Le savant jésuite Luis de Molina pensait avoir découvert une façon de résoudre le conflit ancien à propos du libre arbitre et de la prédestination grâce au nouveau concept de « science moyenne ». Au final, tout ce qu’il réalisa fut de rendre les gens confus au sujet de la volonté de Dieu et de la manière dont il prend soin de nous dans sa providence. Un exemple plus moderne est le « théisme ouvert » qui a été inventé pour protéger Dieu d’être accusé de la responsabilité du mal dans le monde. Le résultat est qu’il présente Dieu comme un être faible et incapable de pourvoir à son peuple, et au final, à la merci des actions des hommes. Nous devons être vigilants et surveiller les faux enseignements qui peuvent réussir à s’infiltrer de cette manière. Il faut l’être à la fois quand d’autres viennent pour nous convaincre d’une toute nouvelle idée qui n’a jamais été entendue auparavant, et lorsque nous essayons de devenir célèbres par un nouvel enseignement. Il est préférable d’être considéré comme ennuyeux, alors que nous tenons ferme et « combattons pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3).
La réaction excessive à l’erreur
Une deuxième manière dont les faux enseignements s’infiltrent dans l’Église, c’est lorsque les enseignants essaient avec un zèle disproportionné de protéger l’Église de l’erreur. Quand je dis « disproportionné », je ne fais pas référence au pur effort de protéger l’Église de l’erreur, mais plutôt aux limites jusqu’où certains vont pour protéger l’Église. Les vérités les plus grandes et les plus précieuses de la Bible ont été expliquées et comprises avec un grand soin à travers les siècles. Des doctrines comme la Trinité, la personne du Christ et la relation entre la foi et les œuvres ont été développées à partir d’une compréhension de toutes les Écritures, en sachant qu’il y avait toujours un risque de tomber dans l’erreur. Dans Le voyage du pèlerin, John Bunyan décrit le voyage de Chrétien à travers la Vallée de l’Ombre de la Mort comme une marche entre deux dangers: un profond abîme à droite, et un dangereux bourbier à gauche. Si l’on se dirige trop dans une direction pour éviter un danger, on peut tomber dans le danger opposé.
Le meilleur exemple historique est peut-être la façon dont les faux enseignements sur la personne de Christ sont apparus dans l’Église. En essayant de comprendre comment le Christ peut être à la fois humain et divin, Nestorius et ses disciples ont enseigné une division radicale en Christ qui a fait de lui deux personnes : une humaine et une divine. L’Église a contesté cet enseignement, elle l’a condamné lors du Premier Concile d’Éphèse. Mais dans une tentative zélée de corriger l’erreur nestorienne, Eutychès et ses disciples enseignèrent qu’il n’y avait pas de séparation des personnes parce qu’il n’y avait pas de nature humaine en Christ. Ils avaient réussi à éviter un faux enseignement, pour ensuite tomber tête baissée dans un autre. Un autre exemple est lorsque divers faux enseignants à travers l’histoire ont cherché à traiter le supposé problème du trithéisme dans la doctrine de la Trinité (que la doctrine semble enseigner qu’il y a trois dieux). De Sabellius au troisième siècle, à Michel Servet pendant la Réforme, aux pentecôtistes unitariens d’aujourd’hui, les tentatives pour « s’assurer » que l’Église enseigne le monothéisme ont souvent abouti à un faux enseignement sur la Trinité.
Être chrétien signifie croire que la Parole de Dieu est vraie même si tout le monde autour de vous est en désaccord.
Le désir d’éviter les critiques
Une troisième manière dont les faux enseignement s’infiltrent dans l’Église est lorsque les enseignants sont trop désireux d’éviter la critique, surtout quand cette critique vient de la culture environnante. C’est là qu’intervient la nature humaine, en particulier notre fierté pécheresse. Les gens n’aiment pas qu’on les considère comme ignorants, sans culture ou sans instruction. Ils n’aiment pas être méprisés par les autres pour ce qu’ils croient ou disent. Et pourtant, c’est un aspect fondamental de la vie chrétienne.
Être chrétien signifie croire que la Parole de Dieu est vraie même si tout le monde autour de vous est en désaccord. « Que Dieu soit vrai, même si chacun était un menteur », nous dit la Bible (Romains 3:4). Martin Luther l’a exprimé avec une habileté qui lui est propre : « Une personne avec Dieu est une majorité. » Mais c’est souvent plus facile à dire qu’à faire. Les enseignants au sein de l’Église peuvent craindre qu’ils n’aient aucun impact sur le monde qui les entoure, à moins d’enseigner d’une manière qui soit acceptable pour la culture.
Cette façon de penser a conduit à s’écarter de la vérité biblique sur l’expiation et le sacrifice du Christ. Les critiques qui présentent la croix comme de la « maltraitance cosmique sur un enfant » et qui s’indignent contre un « Père dur et vengeur » ont conduit certains à enseigner contre l’expiation substitutive du Christ. Cela a conduit à la redéfinition du péché, de la repentance et de la sainteté. Une fois que le fil commence à se défaire, tout le tissu commence à se déchirer.
Un autre exemple de cette tendance est la manière dont les enseignants au sein de l’Église ont évité la doctrine biblique de la création, telle qu’elle est énoncée dans Genèse 1-2, Ésaïe 40, et Colossiens 1, et d’autres endroits dans la Bible. Plutôt que de sembler aller à l’encontre d’un « consensus » scientifique, ces enseignants nieront que Dieu est le Créateur de toutes choses.
Il est particulièrement dangereux lorsque les faux enseignements dans l’Église proviennent de la culture, parce que les gens ont de bonnes intentions. Ils veulent atteindre les perdus, alors ils essaient d’enlever tout ce qui leur semble être un obstacle. Nous ne devons pas attaquer nos voisins, mais nous ne devons jamais avoir peur de défendre la Parole de Dieu, même si cette position est impopulaire. Cela signifie également que nous devons nous méfier des personnes qui essaient constamment de s’adapter à la pensée culturelle la plus récente.
Comment les faux enseignements prennent racine
Nous avons vu certaines façons dont les faux enseignements apparaissent dans l’Église. Maintenant, comment s’enracinent-ils et se maintiennent-ils, alors qu’ils sont contraires à la vérité de la Parole de Dieu et à la mission de l’Église ? Si nous discernons comment les faux enseignements se répandent et sont acceptés, nous serons mieux préparés pour y faire face. Divers facteurs entrent en jeu ici, mais par souci de concision, examinons trois facteurs : un facteur éducatif, un facteur institutionnel et un facteur lié au leadership.
L’un des facteurs qui contribue le plus souvent à la diffusion des faux enseignements dans l’Église est le manque général de connaissance et de discernement de la Bible parmi la communauté. Il peut sembler contre-intuitif de dire que les étudiants devraient être capables de corriger les enseignants lorsqu’ils apportent le mensonge dans l’Église, mais c’est exactement ce que la Bible nous enseigne. Quand Paul était à Bérée, son enseignement n’était pas simplement accepté en vertu de son autorité propre, mais ses auditeurs l’examinaient quotidiennement par les Écritures pour voir s’il était vrai (Actes 17:11). C’est pour cela qu’ils ont été félicités par Luc comme étant « plus nobles ». Tous les croyants doivent lire les Écritures pour eux-mêmes et comparer ce qui est enseigné aux Écritures. Cela n’exige pas un scepticisme radical, mais cela signifie que les croyants ne doivent pas se fier sans hésitation à toutes les paroles prononcées par de simples hommes. Ils ne doivent faire confiance qu’aux Écritures. Le problème commence lorsque les croyants n’ont pas la volonté ou la capacité de scruter les Écritures par eux-mêmes. Cela conduit à une dépendance à l’autorité humaine et permet aux faux enseignements de s’enraciner et de se répandre. Le but éducatif de l’Église ne devrait pas seulement être de transmettre la connaissance de la Bible, mais aussi de transmettre un amour pour la Bible et un désir ardent de l’étudier.
Les faux enseignements sont un danger pour l’Église de Jésus-Christ.
Ils peuvent provenir de différents milieux et prospérer
si on ne s’y oppose pas.
Un deuxième facteur qui contribue à la propagation des faux enseignements est d’ordre institutionnel. C’est le fait de ne pas tenir les gens responsables de leurs faux enseignements. Il y a trois signes qui caractérisent la véritable Église : la juste prédication de la Parole, la juste administration des sacrements et l’exercice de la discipline. Le troisième signe existe pour s’assurer que les deux premiers signes sont maintenus. Lorsque l’Église ferme les yeux sur les faux enseignements parce que ses partisans sont populaires, ou ont des « ministères prospères », ou simplement pour éviter les conflits dans l’Église, cela permet aux faux enseignements de se répandre et d’être la source d’autres divisions et conflits. La discipline d’Église existe pour soutenir la gloire du Christ et sa vérité, mais aussi pour protéger le peuple de Dieu de l’erreur et de ses conséquences.
Le troisième facteur qui contribue à la propagation des faux enseignements est lié au leadership. Les faux enseignements peuvent prospérer lorsque les dirigeants de l’Église sont mal préparés et mal formés. Moins nous sommes exigeants sur la formation des pasteurs et des anciens pour le ministère, moins ces derniers seront préparés à reconnaître les faux enseignements. Les pasteurs et les anciens qui n’ont pas reçu de formation en théologie historique ne remarqueront pas les faux enseignements d’autrefois qui tendent à réapparaître sous des apparences modernes. Ceux qui n’ont pas été bien formés au sujet de la Bible, de ses langues et des principes de sa saine interprétation peuvent devenir la proie d’enseignements nouveaux qui semblent expliquer les problèmes ou les contradictions. Pour combattre les faux enseignements, l’Église a besoin de pasteurs, d’anciens et d’enseignants qui sont à la fois disposés et capables de confronter le mensonge (Tite 2:8 ; 1 Pierre 2:15).
Ce que nous pouvons faire pour combattre les faux enseignements
Les faux enseignements sont un danger pour l’Église de Jésus-Christ. Ils peuvent provenir de différents milieux et prospérer si on ne s’y oppose pas. En quoi le fait de connaître l’origine et la présence des faux enseignements nous aide-t-il à les combattre ? En résumé, ces connaissances nous empêchent de nous reposer sur nos lauriers face aux faux enseignements et au danger qu’ils représentent. Être conscient d’où viennent les faux enseignements nous garde en alerte. Plus important encore, si nous sommes conscients des faux enseignements, nous serons poussés à étudier de plus en plus nos Bibles, à nous préparer à défendre la vérité que le Seigneur nous a donnée et que l’œuvre du Saint-Esprit a imprimée dans notre cœur.
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