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L'ÉLECTION DIVINE ET LE SALUT UNIVERSEL

Dernière mise à jour : 2 août

ÉLECTION ET UNIVERSALITÉ

Le verset de 2 Pierre 3:9 est souvent cité pour illustrer l’amour universel de Dieu : « Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de sa promesse, comme quelques-uns le pensent ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous arrivent à la repentance. » Ce passage semble exprimer un désir divin que tous les hommes soient sauvés. Pourtant, la réalité est différente : tous ne se repentent pas, et la doctrine de l’élection divine, qui enseigne que Dieu choisit souverainement certains pour le salut, semble en contradiction avec cette volonté universelle. Comment comprendre cette tension théologique ? Cet article explore la relation entre le désir de salut universel de Dieu et la doctrine de l’élection, en s’appuyant sur les Écritures et en examinant les termes et concepts clés.


Le désir universel de Dieu pour le salut

2 Pierre 3:9 met en lumière la patience de Dieu et son désir que personne ne périsse. Ce verset reflète ce que les théologiens appellent la volonté de désir ou volonté morale de Dieu, c’est-à-dire son inclination à vouloir le bien pour toute l’humanité. Ce principe est cohérent avec d’autres passages bibliques :

  • 1 Timothée 2:4 : Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. »

  • Ézéchiel 33:11 : « Je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, dit le Seigneur, l’Éternel, mais plutôt à ce qu’il se détourne de sa voie et qu’il vive. »

  • Jean 3:16 : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. »

Ces versets soulignent l’amour universel de Dieu et son invitation à tous les hommes à se repentir. La patience divine, décrite dans 2 Pierre 3:9, montre qu’il retarde le jugement final pour donner à chacun l’opportunité de se tourner vers lui. Cependant, ce désir universel ne se traduit pas par un salut universel. La réalité montre que beaucoup rejettent l’Évangile, et certains meurent sans repentance, ce qui mène à leur condamnation, comme l’indique Jean 3:18 : « Celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. »


La doctrine de l’élection divine

La doctrine de l’élection, centrale dans plusieurs traditions chrétiennes, enseigne que Dieu, dans sa souveraineté, choisit certains individus ou groupes pour accomplir ses desseins, y compris pour le salut. Cette volonté décrétive – le plan souverain de Dieu qui détermine ce qui arrivera – est affirmée dans plusieurs passages :

  • Éphésiens 1:4-5 : « Il nous a choisis en lui avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ. »

  • Romains 8:29-30 : « Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés… ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. »

  • Jean 6:44 : « Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. »

L’élection divine implique que Dieu, dans sa prescience et sa souveraineté, choisit certains pour le salut, tandis que d’autres, par leur propre refus ou par le décret divin (selon les perspectives théologiques), ne reçoivent pas cette grâce. Cette doctrine semble en tension avec le désir universel exprimé dans 2 Pierre 3:9, car elle limite le salut à un groupe spécifique, les « élus ».


Les termes bibliques de l’élection

Pour comprendre l’ampleur du concept d’élection dans la Bible, examinons les termes utilisés dans les textes originaux :

  • Dans l’Ancien Testament (hébreu) : Le verbe bachar (בָּחַר), qui signifie « choisir » ou « élire », apparaît environ 170 fois. Il est utilisé pour décrire le choix d’Israël comme peuple élu (Deutéronome 7:6 : « L’Éternel, ton Dieu, t’a choisi pour que tu sois un peuple qui lui appartienne en propre »), mais aussi pour des individus comme David (1 Samuel 16:12) ou des prophètes comme Jérémie (Jérémie 1:5).

  • Dans le Nouveau Testament (grec) : Les termes clés sont :

    • Ekloge (ἐκλογή, « élection ») : environ 7 occurrences, comme dans Romains 9:11 (« afin que le dessein d’élection de Dieu subsistât ») ou 1 Thessaloniciens 1:4 (« nous savons, frères aimés de Dieu, qu’il vous a élus »).

    • Eklektos (ἐκλεκτός, « élu ») : environ 22 occurrences, comme dans Matthieu 24:22 (« à cause des élus, ces jours seront abrégés ») ou 1 Pierre 2:9 (« vous êtes une race élue »).

    • Eklegomai (ἐκλέγομαι, « choisir ») : environ 20 occurrences, comme dans Jean 15:16 (« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis »).

Au total, les mots directement liés à « choisir » ou « élu » apparaissent environ 200-250 fois dans la Bible. Cependant, toutes ces occurrences ne se rapportent pas à l’élection théologique pour le salut ; certaines concernent des choix pratiques ou humains.


Le concept d’élection au-delà des mots

L’élection ne se limite pas aux termes explicites. Le concept de choix divin est omniprésent dans les Écritures, même sans l’emploi des mots bachar ou eklektos. Voici quelques exemples :

  • L’élection nationale d’Israël : Dieu choisit Israël comme son peuple particulier (Exode 19:5-6, Deutéronome 14:2), non pour ses mérites, mais pour accomplir son plan rédempteur.

  • Individus choisis pour une mission : Abraham est appelé pour être une bénédiction pour toutes les nations (Genèse 12:1-3), Moïse pour guider Israël (Exode 3:10), et les prophètes pour transmettre la parole de Dieu (Ésaïe 42:1).

  • Les disciples de Jésus : Jésus choisit ses disciples, affirmant : « Je vous ai choisis du milieu du monde » (Jean 15:19).

  • L’Église comme peuple élu : Le Nouveau Testament décrit les chrétiens comme un peuple élu (1 Pierre 2:9-10, Colossiens 3:12), héritiers des promesses faites à Israël.

En tenant compte de ces récits, le thème de l’élection – qu’il s’agisse d’une mission, d’un peuple ou du salut – traverse toute la Bible, apparaissant dans des centaines de contextes, même sans les mots explicites. Environ 50 à 70 passages clés traitent directement de l’élection théologique, en particulier dans des sections comme Romains 9-11 ou Éphésiens 1.


Réconcilier 2 Pierre 3:9 et l’élection

La tension entre 2 Pierre 3:9 et l’élection divine peut être abordée en distinguant les deux aspects de la volonté de Dieu :

  • La volonté morale ou de désir : Dieu, dans son amour, souhaite que tous se repentent et soient sauvés. Cette volonté est exprimée dans l’offre universelle de l’Évangile, accessible à tous, comme dans Matthieu 11:28 (« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués… »).

  • La volonté décrétive ou souveraine : Dieu, dans sa souveraineté, choisit qui recevra la grâce salvatrice, comme l’indique Romains 9:15-16 (« Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde… Cela ne dépend donc ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde »).

Ces deux volontés ne sont pas contradictoires, mais complémentaires. La patience de Dieu, soulignée dans 2 Pierre 3:9, offre à chacun l’opportunité de répondre à l’Évangile, mais seul ceux que Dieu attire par sa grâce répondent effectivement (Jean 6:44). Les théologiens réformés, comme Jean Calvin, expliquent que l’élection ne nie pas la responsabilité humaine : les hommes rejettent l’Évangile par leur propre péché, tandis que les élus sont sauvés par la grâce imméritée de Dieu.

Une autre perspective, courante dans les traditions arminiennes, met l’accent sur le libre arbitre : Dieu désire le salut de tous, mais les hommes doivent choisir librement de répondre. Cependant, même dans cette vue, l’élection peut être vue comme le choix divin de ceux que Dieu sait d’avance répondre à son appel (Romains 8:29).


Implications pour la foi et la mission

Cette tension théologique a des implications pratiques pour la foi chrétienne :

  • Confiance en la souveraineté de Dieu : L’élection rappelle que le salut est l’œuvre de Dieu, non des efforts humains. Cela encourage l’humilité et la gratitude chez les croyants.

  • Urgence de l’évangélisation : Bien que Dieu ait un plan souverain, l’appel universel de l’Évangile, reflété dans 2 Pierre 3:9, motive les chrétiens à partager la bonne nouvelle, car Dieu utilise les moyens humains pour accomplir son dessein (Matthieu 28:19-20).

  • Espérance dans la patience de Dieu : La patience divine offre l’assurance que Dieu continue d’appeler les pécheurs à la repentance, même dans un monde marqué par le rejet de l’Évangile.


Conclusion

Le verset de 2 Pierre 3:9 et la doctrine de l’élection révèlent deux facettes du caractère de Dieu : son amour universel et sa souveraineté absolue. Les termes liés à l’élection (bachar, ekloge, eklektos) apparaissent environ 200 à 250 fois dans la Bible, mais le concept de choix divin est bien plus vaste, imprégnant les récits de l’Ancien et du Nouveau Testament. Environ 50 à 70 passages clés traitent directement de l’élection théologique, qu’il s’agisse du choix d’Israël, d’individus pour une mission, ou des élus pour le salut.

La tension entre le désir universel de Dieu et son élection spécifique n’est pas une contradiction, mais une invitation à contempler la profondeur de sa nature. Dieu invite tous à la repentance, mais son plan souverain garantit que ses élus recevront la grâce nécessaire pour répondre. Cette vérité, loin d’être un obstacle, inspire les chrétiens à proclamer l’Évangile avec assurance, confiants que Dieu accomplit son dessein parfait à travers leur témoignage.


L. Gilman

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