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LA PRIÈRE ABOMINABLE



On raconte qu'un voyageur vit un jour, à une intersection, une vieille femme qui lançait sa canne en l'air une fois, deux fois, dix fois. Devant la surprise de l'étranger, la femme lui expliqua qu'elle faisait toujours ainsi, à tous les croisements, la canne lui indiquant la direction à prendre.

" Seulement voilà, cette fois ma canne s'entête à me désigner le chemin de droite alors que j'ai tellement envie de prendre celui de gauche ! "


Imaginons maintenant, un chrétien hésitant devant un sens interdit. Comme il est très intelligent, il sait que ses sens peuvent l'abuser ; comme il est très spirituel, il ne lui suffit pas de toucher le panneau ni de vérifier dans le code (qu'il a toujours avec lui) quelle est sa signification ; il lui faut prier :


" Seigneur, est-il impossible d'emprunter cette voie ? "

Alors il s'aperçoit que le chemin est large et permet apparemment la circulation dans les deux sens.

Et il oublie que c'est justement contre ce chemin-là que Jésus l'a mis en garde.


" Seigneur ne puis-je pas, moi, prendre ce chemin ? "

Et là un sentiment étrange s'insinue dans son coeur, subtil comme un nectar et violent comme un poison : "Dieu est si bon qu'il ne peut être aussi strict, certainement, il comprend mon combat. Moi, c'est pas pareil."

Et il ne se souvient plus que Dieu, qui ne fait pas d'acception de personne, ne fait d'exception pour personne.


" Seigneur, serait-ce mal si... ? "

Après tout, le panneau est ancien (deux mille ans, pensez donc).

Et il méconnaît que c'est précisément l'immuabilité du commandement qui en fait la force.


" Seigneur, tout le monde le fait ! "

Ce n'est pas vrai, mais le mensonge n'était-il pas déjà dans son coeur dés la première question ?

Et Dieu a dit que le grand nombre court au mal.


" Seigneur, rien qu'une fois ! "

On ne se suicide aussi qu'une fois.


" Seigneur as-tu vraiment placé ce panneau ? "

Çà y est ! La vieille question du diable à Eve, en Eden a ressurgi : "Dieu a-t-il réellement dit ?"


" Seigneur, tu es un Maître dur, c'est beaucoup trop dur pour moi ! "

Mais ses commandements ne sont pas pénibles pour qui est né de lui.


Il vient de reconnaître implicitement qu'il n'est qu'un paiën assujetti aux penchants de son mauvais coeur, entraîné par l'égarement des impies, mais qui aime à se proclamer chrétien.


Voilà, mon "chrétien" a fini sa prière, il s'apprête maintenant à pécher "chrétiennement" et il pourra dire à tous ceux qui le reprendront qu'il a tout remis à Dieu qui avait tout préparé d'avance. Il croit avoir la conscience en paix : elle est en panne.


Ne me dites plus jamais que les chrétiens ne prient pas assez, je vous dis qu'ils prient trop à tort et à travers, alors même que Dieu a parlé et qu'il n'y a qu'à obéir ! Est-il étonnant que la Bible appelle une telle prière une abomination ?


La vraie prière est l'attitude par laquelle on capitule devant Dieu, répudiant notre pensée pour croire la sienne, abdiquant notre volonté pour obéir à la sienne, une conversion permanente en quelque sorte.


On peut prendre les sens interdits sans rencontrer ni gendarme ni accident et même sans ressentir de crainte ou de honte, là est la preuve de la perdition.

On peut, comme Balaam, importuner Dieu jusqu'à arracher son "oui", mais ce oui n'est pas celui de la bénédiction, c'est celui du rejet : "puisque ton caprice a plus d'importance que ma communion, vas-y, mais je ne m'occupe plus de toi."


Pharaon, endurcit son coeur jusqu'au jour où Dieu endurcit le coeur de Pharaon et une puissance d'égarement saisit quiconque n'a pas reçu l'amour de la Vérité, (c'est-à-dire la recherche passionnée de ce qui plaît à Dieu en cultivant tous les moyens qui peuvent aider à le connaître) indispensable au salut.


Beaucoup croient discerner, toujours selon leur propre jugement influencé par l'esprit ambiant, une hiérarchie dans les cas de désobéissance, oubliant que celui qui n'est pas fidèle dans les petites choses ne l'est pas non plus dans les grandes.

Il finissent par ne plus voir des feux rouges aussi puissants que le soleil.


Le "qu'est-ce que çà peut faire," le "il faut bien" et le "tout le monde le fait" ont remplacé le "le Maître a dit (magister dixit)" .

Alors même qu'on lit "sens interdit", une force impérieuse, irrépressible et insurmontable impose "sens obligatoire".

Quand Jean-Baptiste a dit "il ne t'est pas permis", Hérode lui a coupé la tête ; ceux à qui je l'ai dit ont simplement coupé les ponts et ils ont été parfois très nombreux !


Parce que l'iniquité se sera accrue.... si quelqu'un le dit à celui de qui il dépend, il est certain que celui-ci lui coupera les vivres et rompra tout lien.... et après ?

C'est la Croix seule qui change l'illusion en réalité, l'impossible en possible, l'inaccessible en délectable, le coeur désobéissant en coeur obéissant.


Si tu voulais, nous pourrions y retourner ensemble.

Jésus a été fait pour nous sagesse, justice, justification et rédemption.


Samuel GIRARDOT

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