Au cours du vingtième siècle, un nombre de fidèles professeurs évangéliques tels que George Eldon Ladd ont ravivé notre compréhension au sujet du royaume.
Ils ont démontré que dans l’Écriture, le règne de Dieu doit être compris comme quelque chose qui est déjà là sur terre, mais pas entièrement présent. En d’autres mots, le royaume de Dieu a été inauguré mais pas encore consommé (accompli).
Comme Ladd et d’autres l’indiquent, le règne de Dieu est essentiellement la vision de la fin des temps, ou eschatologique, de l’Ancien Testament. Les auteurs de l’Ancien Testament imaginaient le jour où Dieu enverrait le Messie pour triompher sur les ennemis d’Israël, établir le trône de David et régner avec justice.
Le royaume arriva avec la venue du Christ, qui incitait ses auditeurs à se repentir parce que « le royaume des cieux est proche » (Matt 3.2, 10.7). Les Chrétiens font maintenant partie de ce royaume. Comme Paul le dit, « qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour » (Col 1:13).
Toutefois, la question reste, « Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? ». La réponse est trouvée dans la manière par laquelle la Bible parle du royaume de Dieu en terme de création, la chute, la rédemption, et la consommation (l’accomplissement).
Un certain théologien, Graeme Goldsworthy, a défini le royaume de Dieu comme ceci : « le peuple de Dieu, à l’endroit de Dieu, sous l’autorité et la bénédiction de Dieu ». Chacune de ses caractéristiques est présente dans la première manifestation du royaume de Dieu dans le jardin d’Eden. Le peuple de Dieu, ses créatures, Adam et Eve, vivent à l’endroit de Dieu, le jardin d’Eden, sous l’autorité et la bénédiction de Dieu. La chute vient complètement bouleverser le règne. Adam et Eve sont chassés du jardin, n’ayant plus le droit de jouir de la bénédiction de Dieu parce qu’ils se sont rebellés contre l’autorité de Dieu. En effet, excepté pour la rédemption, la rébellion est l’état de chaque homme naturel. Nous sommes tous nés à l’est d'Eden, en traîtres de la Couronne, et vivant dans ce que Paul appelle « la puissance des ténèbres » (Col 1.13).
Mais Dieu n’a pas laissé ce monde dans les ténèbres. Dans le travail de la rédemption, Dieu a continué son œuvre, celle de bâtir un royaume sur terre.
C’est pourquoi, Dieu a appelé Abraham et ses enfants (le peuple de Dieu), à être une lumière pour les nations (Es 42.6; 49.6). Il leur a promis le pays de Canaan (l’endroit de Dieu) où il demeurerait avec eux dans le tabernacle et dans le temple. Enfin, Dieu a donné aux Israélites sa loi et le système sacrificiel afin qu’ils puissent se rapprocher de lui (l’autorité et la bénédiction de Dieu).
Pourtant, comme nous le savons tous, Israël a échoué à faire et à être ce que Dieu désirait d’eux. Comme Adam, ils se sont rebellés contre Dieu. Même leur rois, ceux qui étaient sensés représenter la nation, étaient pour la grande majorité rebelles et mauvais, amenant souvent le peuple à adorer de faux dieux.
Ainsi, Dieu envoya Israël en exile à Babylone, tout comme il a renvoyé Adam du jardin. Pourtant même en plein dans ce jugement, les prophètes ont parlé d’un jour, lorsque Dieu allait pleinement et finalement amener son royaume des cieux sur la terre. Jérémie, par exemple, parla d’un jour où Dieu inaugurerait une nouvelle alliance, quand la loi ne serait plus écrite sur des tablettes de pierre mais sur les tablettes des cœurs des gens. En d’autres termes, la loi ne serait plus quelque chose d’externe à nous (nous demandant l’obéissance et condamnant nos échecs), mais serait plutôt quelque chose que Dieu graverait sur nos cœurs, nous donnant la puissance d’obéir à ses commandes.
Certainement que nulle part ailleurs que dans l'ancien testament, cet espoir pour l’inauguration du royaume de Dieu n’est mieux représenté, et plus précisemment dans l’alliance Davidique en 2 Samuel 7.8-17:
« Maintenant tu diras à mon serviteur David : Ainsi parle l'Éternel des armées : Je t'ai pris au pâturage, derrière les brebis, pour que tu fusses chef sur mon peuple, sur Israël; j'ai été avec toi partout où tu as marché, j'ai exterminé tous tes ennemis devant toi, et j'ai rendu ton nom grand comme le nom des grands qui sont sur la terre; j'ai donné une demeure à mon peuple, à Israël, et je l'ai planté pour qu'il y soit fixé et ne soit plus agité, pour que les méchants ne l'oppriment plus comme auparavant et comme à l'époque où j'avais établi des juges sur mon peuple d'Israël. Je t'ai accordé du repos en te délivrant de tous tes ennemis. Et l'Éternel t'annonce qu'il te créera une maison. Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j'élèverai ta postérité après toi, celui qui sera sorti de tes entrailles, et j'affermirai son règne. Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom, et j'affermirai pour toujours le trône de son royaume. Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils. S'il fait le mal, je le châtierai avec la verge des hommes et avec les coups des enfants des hommes; mais ma grâce ne se retirera point de lui, comme je l'ai retirée de Saül, que j'ai rejeté devant toi. Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours affermi. Nathan rapporta à David toutes ces paroles et toute cette vision. »
Ce passage indique le royaume à venir (« la maison ») que Dieu va bâtir. Dieu a promis qu’un descendant de David va avoir un royaume établi « pour toujours ». Alors que Salomon est le fils immédiat en vue dans ce passage (celui qui reçoit la punition s’il fait le mal), l’accomplissement ultime de ce texte n’est autre que Jésus Christ. Comme Actes 2 le montre clairement, Jésus est aussi sur le trône de David, et règne sur l’univers. Son royaume est incontesté et son règne est sans fin.
Comme nous l’avons dit plus haut, Jésus est venu prêcher l’inauguration de son royaume. Un aperçu de son règne de gloire a été permis à ses disciples pendant la transfiguration (Matt 17.2, Marc 9.2). L’œuvre de Jésus sur la croix est l’œuvre d’un roi qui est venu sauver son peuple. Et après sa résurrection, Jésus a déclaré qu’il a reçu « toute autorité au ciel et sur la terre » (Matt 28.18). La Grande Commission est enracinée dans la déclaration du Christ, qu’il est le roi sur le trône sur toute la création.
Dans notre état présent, dans l’histoire de la rédemption, par conséquent, le royaume de Dieu est fait de ceux qui croient en Christ (le peuple de Dieu), rassemblés dans les églises locales à travers le monde (l’endroit de Dieu), sous la loi de Christ et prenant part à la nouvelle alliance (l’autorité et la bénédiction de Dieu).
Bien sûr, nous attendons encore le jour où le royaume sera consommé. Mais pour l’instant, le peuple de Dieu est dans un combat avec les forces des ténèbres. Nous entreprenons une commission, celle de faire des disciples du roi et des citoyens du royaume. Et bien sûr, nous ne pouvons accomplir cela que dans de grandes souffrances et tribulations.
Ainsi, alors que nous sommes effectivement dans le royaume de Dieu, nous attendons le règne de Dieu dans sa plénitude. Nous attendons encore l’achèvement de la Grande Commission. Nous attendons encore la venue du roi et la destruction de toute méchanceté. Nous nous languissons du jour où nous ne serons plus l’Église militante mais l’Église triomphante. Apocalypse 11.15 décrit bien ce que ce jour de couronnement apportera : « Le septième ange sonna de la trompette. Et il y eut dans le ciel de fortes voix qui disaient : Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ; et il régnera aux siècles des siècles. »
À présent, nous avons quelques éclairages utiles quant à l’interprétation de cette pétition, « que ton règne vienne », dans la prière du Notre Père. Le royaume de Dieu est essentiellement son règne sur son peuple, pour leur bien et pour sa gloire. Le règne de Dieu n’est pas seulement sa souveraineté absolue ; c’est aussi un règne rédempteur qui transforme les cœurs et crée l’obéissance.
R.Albert Mohler
The Prayer that turns the world upside down :
the Lord’s prayer as a manifesto for revolution
Traduction : Audrey David
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