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LES FAUX ENSEIGNEMENTS DE LA PROSPÉRITÉ



Après avoir vu comment discerner les faux enseignements, nous allons voir dans ce second article le problème de « l’évangile » de la prospérité. J’ai d’ailleurs du mal à l’appeler « évangile », tellement cette fausse-bonne nouvelle est éloignée de celle qu’annonce la Bible ! Seul l’Évangile biblique est une bonne nouvelle. Paul, dans Galates 1.8, insistait sur ce point : « Non pas qu’il y ait un autre évangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent altérer l’Évangile de Christ. » On peut dire la même chose de la doctrine de la prospérité.

Après une brève définition de cet enseignement, nous l’analyserons suivant le schéma définit dans notre premier article.


Qu’est-ce que la théologie de la prospérité ?


À la fin de la seconde guerre mondiale, plusieurs télé-évangélistes aux États-Unis ont mis l’accent sur le miraculeux[1] : miracles, bénédictions financières, etc. Leur succès apparent était un gage de vérité de leur doctrine, et leurs auditeurs nécessiteux étaient attirés par leurs enseignements. Peu à peu, de nombreuses églises et œuvres « évangéliques » ont, volontairement ou non, adopté cette doctrine avec tous les degrés d’hérésie imaginables.

Cette doctrine enseigne, qu’avec le salut Jésus va promettre aux bons croyants, les richesses matérielles et financières, la santé, le succès. Du coup, plus tu seras proche de Dieu, plus tu seras prospère.

Les enseignants ont souvent une gestion douteuse des finances, et ils sont extérieurement riches… Ils paraissent donc proches de Dieu ! Naturellement, les simples croyants, qui ne prospèrent pas en déduisent qu’ils sont spirituellement déficients… Mais vont venir aux réunions, et donner, pour grandir dans la foi…et surtout dans la prospérité ! Le système est bien huilé… et fait des ravages sur plusieurs continents.


1 - Sur qui l’enseignement est-il centré ?


Il y a différents types d’évangile de la prospérité. Les punchlines vont de « Donne 10 € à Dieu et il t’en rendra 1000€ ! », jusqu’au plus évasif « Dieu veut te bénir », en passant par « découvre le champion qui est en toi »[2]. L’année dernière, je suis entré dans une église de la région parisienne (qui prêche l’évangile de la prospérité), et l’argument choc pour convaincre tous les fidèles de participer au culte, aux réunions de prières, aux sorties d’évangélisation, aux conférences, c’était : « Vous serez bénis ! » La motivation ultime était alors ce que Dieu allait t’apporter immédiatement. Nulle trace de l’obéissance aux commandements de Christ, ou de l’amour et de la passion pour Dieu…

Dans ce genre d’enseignements, la vision de l’homme est erronée. Certains pensent que nous sommes des petits dieux, ou des hommes-dieux, et/ou que nous avons une autorité particulière sur les anges et sur Dieu grâce à la puissance de la foi, exercée par la prière. Les enseignements nous incitent à mettre en œuvre notre foi en exerçant notre autorité sur la maladie, les esprits, les anges, et même Dieu lui-même ! Le résultat ? L’homme se croit (tout-)puissant, avec une puissance particulière qu’il n’a pas en réalité.

La vision de Dieu est également fausse. On découvre un dieu au service des hommes, qui n’attend que ses ordres pour agir. Jésus aurait souffert en enfer, il aurait cessé d’être le Fils de Dieu, c’est tout juste s’il a pu ressusciter !

Les prédications des enseignants de la prospérité sont centrées sur les problèmes humains : physiques, matériels, émotionnels… On comprend très vite que les prédicateurs veulent plaire à leurs auditeurs en répondant à leurs préoccupations primaires, et, de fait, en négligeant leurs besoins spirituels. L’homme est exalté, et l’enseignement n’est pas centré sur le Dieu de la Bible.



2 - Les enseignements sont-ils conformes à la Bible ?


Le problème de l’évangile de la prospérité est aussi théologique. Thierry Huser, membre du comité théologique du CNEF, assure : « L’une des tendances lourdes de cette théologie est précisément de dire que tout nous est déjà acquis, que nous possédons tout en Jésus. La théologie de la prospérité veut nous faire des « déjà-riches-de-tout », et pour certains, des « déjà-en-droit-de-tout-posséder ».» Ainsi, certaines des bénédictions que Dieu nous promet pour le monde à venir sont déjà promises sur la terre.

Les bénédictions terrestres de l’ancienne alliance sont sorties de leur contexte et utilisées à tort et à travers. Aujourd’hui, Dieu veut toujours notre bien (!), mais la norme chrétienne est au contentement, comme Jésus, Pierre, ou Paul qui n’ont pas eu la vie prospère que promettent les enseignants de la prospérité. Paul disait en Philippiens 4.12 : « Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette. » [3] D’autres part, nombreux sont les avertissements aux riches[4]…

La Bible présente toute une théologie de la souffrance, que Dieu utilise pour nous former. Comme Paul, « nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance » Romains 5.3-4.

Dieu fait pleuvoir sur les méchants comme sur les justes, et accorde chaque jour de grandes bénédictions à son peuple, comme aux gens du dehors. Il s’occupe aussi particulièrement de ses enfants en leur donnant ce qui est nécessaire pour vivre. Mais, il ne leur a jamais promis une quelconque prospérité matérielle, émotionnelle, physique ou financière !



3 - Les enseignements sont-ils influencés par les philosophies du monde ?


Comme le montre ce dessin du webdessinateur américain Adam4d, les premiers chrétiens n’auraient jamais pu croire en un tel évangile… Décimés, ils avaient le choix entre la fuite, ou la croix. Pourquoi, aujourd’hui, un tel engouement pour ces enseignements ?

Les recettes de la publicité augmentent constamment, et l’être humain n’a jamais été autant matérialiste, à la poursuite du succès et du développement personnel… D’autre part, l’inquiétude généralisée est courante avec les informations que transmettent les médias[5]. Les hommes sont donc à la poursuite des biens et du succès et, en même temps, tentent d’échapper aux souffrances qui nous entourent. Qui ne voudrait pas d’un dieu à notre service qui comble nos besoins et désirs terrestres ?

De la même manière, la foi et la prière deviennent des prétextes pour exprimer des rêves, des aspirations… Jusque-là, rien de grave, mais en y regardant de plus près, en écoutant les enseignements, on retrouve des grandes similitudes avec le courant de la pensée positive[6] et de la visualisation qu’on retrouve sur des sites d’hypno-praticiens…[8] Bref, un enseignement bien imprégné des philosophies du monde.


Si notre piété amène Dieu à nous donner une Ferrari, les gens ne s’intéresseront pas à Dieu… Mais à la Ferrari ! Voilà le gros problème des bénédictions terrestres, qu’elles soient financières, matérielles, émotionnelles ou familiales… Au contraire, comme déclare le théologien John Piper : « Nous devons pouvoir dire, au milieu des épreuves et des privations : « Dieu me suffit. » »[8].


La France n’est malheureusement pas épargnée, et on retrouve beaucoup de ces charlatans dans certaines églises… Si tu veux aller plus loin, je te conseille de lire ce très bon document du CNEF[9] sur la théologie de la prospérité.


Alors, sois attentif à ce que tu écoutes, et si ça ressemble de près ou de loin à l’évangile de la prospérité… Bouche-toi les oreilles !


Nicolas B.

La Rebullition



[2] « Discover the champion in you », est le slogan de Joël Osteen, un Pasteur états-unien qui prêche la théologie de la prospérité

[3] Voir aussi 1 Timothée 6.6

[5] C’est aussi pour ça que dans les pays en voie de développement, ces enseignements se répandent tant.

[8] « God is enough »

[9] Conseil évangélique rassemblant plus de 2 100 Églises évangéliques françaises

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