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LES RICHESSES DE LA GLOIRE DE DIEU




Je ne cesse de rendre grâces pour vous, faisant mention de vous dans mes prières,

afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus–Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation, dans sa connaissance, et qu’il illumine les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle est l’espérance qui s’attache à son appel, quelle est la richesse de la gloire de son héritage qu’il réserve aux saints,

et quelle est envers nous qui croyons l’infinie grandeur de sa puissance, se manifestant avec efficacité par la vertu de sa force. Eph 1:16-19


Mais que désire le Saint Apôtre aux Éphésiens ? L’Esprit de sagesse et que les yeux de l’entendement soient illuminés. Ne l’avaient-ils pas déjà ? Oui, bien sur, mais ils avaient aussi besoin d’accroissement, afin qu’ayant reçu l’Esprit plus amplement et étant de plus en plus illuminés, ils puissent entendre plus certainement et vivement ce qu’ils entendaient déjà, car la connaissance des fidèles n’est jamais aussi claire, que lorsque leurs yeux ne sont aucunement aveuglés et empêchés de quelque obscurité.


Mais considérons un peu les mots l’un après l’autre. « Le Dieu » dit-il « de notre Seigneur Jésus-christ », car pour cette cause le Fils de Dieu a été fait homme, afin qu’il eut un Dieu commun avec nous, comme il le témoigne lui-même, « Je monte à mon Dieu et le votre » Jn 20:7 Et aussi qu’il est notre Dieu, parce qu’il est le Dieu de Christ, de qui nous sommes les membres. Toutefois souvenons-nous que ceci se rapporte à la nature humaine, afin que telle sujétion ne diminue rien de sa divinité éternelle.


Il appelle aussi « Père de gloire », lequel titre précède du premier. Car la paternité glorieuse de Dieu reluit en ce qu’il a assujetti son Fils à notre condition, afin que par lui, il fut fait notre Dieu. Quand il dit « Père de gloire », c’est à dire « Père glorieux » selon la façon de parler des hébreux, et pourtant, il n’y aurait point d’inconvénient de conjoindre ensemble ces deux mots, à savoir que c’est le Père glorieux de Christ, tellement que le nom de Dieu soit lu à part, ce que je ne trouve point mauvais.


L’Esprit de sagesse et de révélation est pris pour la grâce même, laquelle le Seigneur nous confère par son Esprit. Car c’est une façon de parler suivant la figure nommée métonymie. Cependant notons ceci, que les choses qui sont dons de l’Esprit, ne sont pas facultés ou grâces naturelles. Ainsi les yeux de notre entendement sont aveugles jusqu’à ce que le Seigneur nous les ouvre. Toute notre sagesse et connaissance n’est que folie et ignorance jusqu’à ce que nous soyons instruits par la maitrise du Saint-Esprit. Bref, la connaissance de la vocation de Dieu surmonte la capacité de notre entendement, jusqu’à ce que l’Esprit de Dieu nous l’ait manifestée par révélation secrète. Là où nous avons traduit « pour avoir sa connaissance », on pourrait aussi lire « pour avoir sa connaissance, à savoir celle du Père ». Car quiconque connait le Fils, connait aussi le Père. Mais toutefois, j’ai mieux aimé traduire selon que porte la vraie et droite signification du mot. Au lieu de ce mot « les yeux de votre entendement », l’ancien traducteur latin a mis « les yeux de votre coeur », ce qui se trouve en aucuns exemplaires grecs. Et cela n’est pas de grande importance, car les hébreux prennent souvent le coeur pour la partie raisonnable qui est en l’âme, combien qu’autrement il signifie proprement la volonté ou la partie qu’on appelle apétitive en l’âme, parce que c’est le siège des affections. Toutefois j’ai mieux aimé suivre ce qui était le plus usuel.


Quelles sont les richesses de sa gloire ?


Il montre par des termes magnifiques la grande excellence de la chose, afin que par la comparaison de celle-ci à nous, nous soyons avertis au combien il faut que puissions parvenir à une connaissance si haute. Car ce n’est pas une petite chose que la puissance de Dieu. Or il dit que la grandeur de celle-ci a été déployée envers les Éphésiens et non point simplement, mais en abondance. Au reste, il considère toujours là, qu’ils ont peine à poursuivre leur vocation. Et pourtant, il magnifie la grâce de Dieu envers eux, afin qu’ils ne reculent en arrière par mépris ou ennui de leur vocation. Mais cependant, ces titres tant excellents et honorables nous admonestent que tant s’en faut, que la foi soit une oeuvre ou un don de Dieu vulgaire qu’on ne le saurait suffisamment magnifier selon qu’elle le mérite. Car Saint Paul ne jette point ici à tors et à travers des hyperboles, c’est à dire des termes excessifs, mais quand il est question de parler de la foi, parce que c’est une chose qui surpasse ce monde, il nous élève en admiration la puissance céleste.


Par l’opération de la puissance de sa force.


Certains rapportent ceci seulement au mot « croire » précédent, mais j’aime mieux le rapporter à la grandeur de la puissance en sorte que ce soit une nouvelle amplification. Comme s’il disait, qu’il a été manifesté en cette grande puissance, qu’elle est l’efficace de la puissance de sa force, ou, si on aime mieux, que cette grandeur de puissance est une preuve et un témoignage de l’efficace de la force.

Nous voyons comment Saint Paul ne peut, à son gré, assez louer notre vocation. Et de fait, ici se déploie une vertu de Dieu singulière et admirable, quand de mort nous sommes transférés à la vie et d’enfants de la géhenne, nous sommes faits enfants de Dieu et héritiers de la vie éternelle. Les fous de ce monde pensent que ce sont ici une hyperbole frivole et froide, mais ceux qui sont exercés en divers combats de conscience, contre lesquels les fidèles ont à batailler tous les jours, connaissent bien qu’il n’a rien été dit ici qui soit superflu. Car outre ce qu’on ne peut en cet endroit rien dire de trop, eu égard à l’excellence d la choses, Saint Paul a parlé ainsi magnifiquement et hautement en partie à cause de notre défiance, en partie à cause de notre ingratitude.


Car ou nous n’estimons jamais assez suffisamment combien est excellent le trésor qui nous est proposé en l’Évangile, ou bien si nous le connaissons au vrai, nous ne pouvons pas nous persuader que nous soyons capables d’un tel bien, parce que nous ne voyons rien en nous qui soit correspondant, mais plutôt toutes choses contraires. Saint Paul donc a autant taché d’exalter la gloire du règne de Christ entre les Éphésiens que de toucher leurs coeurs du sentiment vif de la grâce de Dieu. Or afin que le regard de leur propre indignité ne leur fait perdre courage, il les ramène à la considération de la puissance de Dieu. Comme s’il disait que leur régénération est une oeuvre de Dieu et non point vulgaire, mais telle que Dieu y a déclaré d’une façon admirable sa vertu infinie. Au reste, il y a cela de différence entre les trois noms qu’il a mis ici, que la force est comme la racine, la puissance est l’arbre et l’efficace ou opération est le fruit. Car c’est une étendue du bras de Dieu, laquelle vient jusqu’à l’effet.


Jean Calvin


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