La Bible ne traite pas du sujet de l’incinération de la même manière qu’elle le fait de la vie éternelle ou de la certitude de la résurrection qui sont clairement enseignés par la Bible. Nous n’avons que quelques indices.
La Bible enseigne que le corps est le Temple du Saint-Esprit, invitant à considérer le nôtre d’une autre manière qu’une simple enveloppe charnelle. Il est vrai que le nouveau corps de l’enfant de Dieu ne sera pas fait de chair et de sang, mais plusieurs textes bibliques montrent que le corps des défunts est traité avec respect (Gn 50,7 ; 2 S 2,4-5 ; 21,12-14 ; Ac 8,2). Moïse lui-même est enterré par l’Éternel Dieu (Dt 34,6).
Plusieurs exemples de la Bible montrent que les funérailles d’un proche ont été prises au sérieux et faites dans une grande dignité (Sara, Abraham, Jacob, Joseph, Saül, Jonathan, Jean-Baptiste et Étienne, par exemple). Pour autant, il n’y a aucune directive claire à ce sujet, les exemples tirés des textes narratifs de l’Écriture ne pouvant être considérés a priori comme des normes à suivre absolument
On entend parfois les objections suivantes :
1) La mention de « sépulcres » et de « tombeaux » dans le Nouveau Testament (Jn 5,28-29 ; Mt 24,28). Ces textes n’évoquent pas des cendres mais bien des tombes avec des corps enterrés. Pourtant, Jésus savait bien qu’au cours des siècles, les cadavres ne restent pas tous dans les sépulcres et les tombeaux. De plus, certains chrétiens périssent brûlés. Jésus, en mentionnant les tombeaux et les sépulcres, utilisait une image pour évoquer ceux qui sont morts sans mentionner seulement ceux qui sont physiquement et réellement dans des tombeaux. Il ne donnait pas d’indication quant au style de sépulture.
2) La destruction du corps par le feu est mentionnée dans l’Ancien Testament en lien avec un jugement (Lv 20,14 ; 21,9 ; Jos 7,25 ; 1 S 31,12-13). On peut nuancer en remarquant que l’incinération n’est pas proscrite. De la même manière, il n’est pas commandé de placer les corps dans des grottes, comme Abraham par exemple (Gn 25,9).
3) Les pratiques bibliques évoquent largement l’inhumation, mais il n’y a pas de directive qui exige de faire la même chose. Dans le Nouveau Testament, nous trouvons aussi la pratique d’embaumer les corps, ce que nous ne faisons pas, et qui n’est d’ailleurs pas commandée.
4) Jusqu’au début du XXe siècle, de nombreuses incinérations concernaient des personnes opposées à Dieu, qui lançaient ainsi un défi à ceux qui enseignaient un jugement après la mort. L’Église catholique a longtemps condamné cette pratique. En réalité, l’incinération ne peut empêcher le Souverain Juge d’exercer son jugement. De même, certaines personnes pensent que l’incinération permet une certaine purification par le feu, ce que n’enseigne pas la Bible ; au contraire, la purification n’est possible que par le sang de Christ (1 Jn 1,7).
Que penser ? Nous ne trouvons aucune interdiction claire de l’incinération, aucun ordre demandant d’enterrer les morts. S’il est important de s’occuper dignement des corps, le choix d’enterrer ou d’incinérer n’a pas de conséquence sur le devenir éternel des personnes.
Il faut aussi rappeler que le corps ressuscité étant un corps spirituel (1 Co 15,35-54), la continuité entre le corps physique actuel et le corps de résurrection n’est pas physique ; la destruction des molécules du corps par le feu n’a aucune incidence sur la résurrection. De même, le corps ne reste pas intact sous la terre et il ne reste généralement pas dans le tombeau. Après un certain nombre d’années, les ossements sont mis dans un ossuaire commun et parfois traités avec de la chaux vive ou brûlés (en France en tout cas).
Il existe diverses sensibilités concernant l’incinération (ou crémation). Il convient de respecter les différentes manières de penser tant qu’elles ne s’opposent pas à l’enseignement explicite de l’Écriture. Affirmer que l’incinération ne permet pas la résurrection ou aura des conséquences néfastes sur le nouveau corps est un enseignement dangereux qui nie l’œuvre de Christ à la croix et ses conséquences. Les conseils de l’apôtre Paul en Romains 14 nous aident aussi pour les aspects pratiques de cette question :
1) Puisqu’il n’y a pas de directive claire dans l’Écriture, il n’est ni juste ni bon de critiquer un frère ou une sœur qui choisit de se faire incinérer ou qui refuse absolument la crémation. Il convient aussi de ne choquer ni ses proches, ni son Église.
2) Certaines personnes, membres de la famille ou proches, pourraient être choquées par une incinération ou mal vivre leur deuil faute de tombe. Dans ce cas, un enterrement traditionnel peut être préféré, par respect pour les vivants, tout en précisant que la personne n’est pas dans la tombe et que son avenir éternel ne dépend pas du traitement de son corps après son décès.
3) On peut préférer l’incinération, parfois moins coûteuse et qui peut éviter l’entretien d’une tombe, notamment lorsque les proches sont éloignés du lieu de l’enterrement. D’autres mettent en garde contre la pollution qui découle de l’incinération de personnes qui ont des amalgames dentaires contenant du mercure. C’est un fait scientifiquement documenté : l’incinération produit une certaine pollution au mercure. Il serait alors légitime de renoncer, pour autant que la méthode employée ne conduise pas finalement, plus tard, aux mêmes effets.
Pour conclure : il est important que chacun soit convaincu de ses choix (Rm 14,5), mais il est clair que le choix entre incinération et enterrement est théologiquement libre pour le chrétien. Il n’y a pas d’argument clair et décisif qui conduise nécessairement à l’un ou à l’autre. Les motivations sont importantes et le choix d’une méthode ne doit pas être dirigé par des considérations faisant intervenir de fausses doctrines (comme la purification par le feu, ou la croyance que le corps physique doit être préservé). Enfin, il convient de veiller à ne pas choquer inutilement nos proches, ce qui encourage certains à préférer culturellement l’inhumation.
Olivier Charvin
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