Les paroles de Jude marquent l’urgence pressante et l’absolue nécessité de combattre pour la vérité : « Je me suis senti obligé de vous envoyer cette lettre pour vous exhorter à combattre pour la foi » (Jd 3). Le mot « combattre » vient du verbe grec epagonizomai, qui signifie littéralement « agoniser contre ». Le mot décrit une lutte intense, difficile et prolongée, qui n’est aucunement passive, paisible ou facile. Jude « exhorte » ses lecteurs, ce qui veut dire qu’il les presse et leur commande de livrer un âpre combat pour la foi véritable.
Jude lui-même dit qu’il a ressenti le besoin d’écrire ce commandement. Il emploie un verbe qui parle de pression. En d’autres mots, il a fortement ressenti que Dieu le poussait à écrire ces paroles. Il ne les a pas écrites parce qu’il éprouvait une joie belliqueuse à être militant. Il ne réagit pas à un caprice momentané ou à une colère personnelle. La situation est critique et puisque les auteurs de l’Écriture n’écrivaient jamais selon leur volonté, mais seulement sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu (2 Pi 1:21), l’insistance extrême de Jude est l’expression de l’influence souveraine du Saint-Esprit, et par conséquent, de la pensée de Christ.
C’est donc Dieu lui-même qui nous a confié le mandat de participer à la guerre pour la vérité. L’Esprit Saint se sert donc de la plume de Jude pour exhorter les chrétiens à faire preuve de prudence, de discernement, de courage et d’un désir de combattre avec ardeur pour la vérité.
Remarquez ce pour quoi nous sommes censés lutter. Cette guerre n’a rien d’insignifiant, de personnel, de mondain ou d’égocentrique. Elle a un but très restreint. Ce que nous sommes appelés à défendre n’est rien de moins que « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » Jd 3)
Jude parle de doctrine apostolique (Ac 2:42) - de vérité chrétienne objective - de la foi, telle que Jésus l’a offerte à l’Église par le Saint-Esprit par l’entremise des apôtres. Comme il le dit plus loin : « Souvenez-vous des choses annoncées d’avance par les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ » (v17).
Notez que personne n’a découvert ou inventé la foi chrétienne. Elle nous a été livrée. Personne n’est monté d’une façon mystique dans le monde transcendantal pour en redescendre avec une compréhension de la vérité. Nous n’avons pas besoin qu’un gourou éclairé nous explique les mystères de la foi (voir 1 Jn 2:27). Dieu a donné la vérité, intacte et « une fois pour toutes », à l’Église tout entière. Elle a été révélée par le moyen de l’enseignement des apôtres et préservée pour nous dans l’Écriture. Jude décrit « la foi » comme étant un ensemble de vérité qui a déjà été présenté - il n’est donc pas nécessaire de rechercher d’autres révélations ou d’embellir la substance de « la foi » d’aucune manière. Notre devoir consiste uniquement à interpréter, comprendre, publier et défendre la vérité que Dieu a transmise à l’Église une fois pour toutes.
C’est ce en quoi consiste la guerre pour la vérité. Elle n’est pas une dispute d’idéologies terrestres qui se font concurrence. Elle n’est pas non plus une campagne destinée à raffiner le credo religieux de quiconque ou à gagner un match confessionnel. Elle ne consiste pas à jouer au plus fin pour essayer de régler quelques points théologiques secondaires et obscurs. Elle n’a rien d’une discussion amicale et ne ressemble aucunement à un débat scolaire, organisé pour voir lequel des participants est le plus compétent ou le plus doué dans l’art de l’argumentation. La guerre pour la vérité n’a rien de l’ivresse et n’est certainement pas un jeu. Elle est en fait un combat très sérieux pour protéger le coeur et l’âme de la vérité même et pour lancer cette vérité contre les puissances des ténèbres, dans l’espoir de sauver les âmes éternelles des hommes et des femmes qui ont été involontairement piégés par des supercheries diaboliques.
On ne peut pas mener à bonne fin cette bataille si l’on tient à ce que le monde nous voit comme des gens aimables, nonchalants, dociles, agréables et aimant le plaisir. On ne doit pas suivre les traces de ceux qui se contentent de compromettre la vérité à la moindre occasion dans le but de « maintenir la paix ». Un dialogue amical pourrait nous sembler tout indiqué et agréable, mais ni Christ ni les apôtres n’ont jamais affronté les erreurs sérieuses ayant le potentiel de détruire l’âme en nouant des relations cordiales avec les faux docteurs. En fait, on nous interdit formellement de le faire (Rom 16:17; 2 Cor 6:14-15; 2 Th 3:6; 2 Tim 3:5; 2 Jn 10:11). L’Écriture est explicite en ce qui a trait à la façon dont on doit réagir lorsque les fondements mêmes de la foi chrétienne sont attaqués, et Jude le spécifie en seulement quelques mots : nous devons considérer comme impérieux notre devoir de combattre pour la foi.
Remarquez bien que Jude ne suggère pas (et moi non plus) que les chrétiens doivent se disputer entre eux sur des points de désaccord sans importance ni se diviser en factions pour des rayons de conflits de personnalités. En fait, c’est justement la chose que Paul condamne dans 1 Cor 3:3-7. Les dissensions et le sectarisme sont de terribles péchés qui causent du tort à l’Église lorsque les différences d’opinions sur des sujets ambigus, de moindre importance, ou même sans importance sont à la source de division majeures (Rom 14:1).
Ce point étant acquis, vous pensez peut-être que la différence entre une mésentente insignifiante et une menace sérieuse guettant une vérité essentielle du christianisme sera toujours évidente et claire. C’est généralement le cas. La plupart du temps, il est assez facile de différencier un sujet accessoire d’une question vitale et de la première importance. Mais il n’en est pas toujours ainsi. Ainsi, il est crucial que chaque chrétien fasse preuve de maturité, qu’il ait la sagesse et le discernement nécessaire, puisqu’il peut arriver que de sérieuses menaces à notre foi soient subtilement déguisées de manière à être tout juste perceptibles. De plus, les faux docteurs aiment à envelopper leurs mensonges de quelques vérités. C’est d’ailleurs ce qui rend ces mensonges séduisants. On ne doit jamais présumer que des facteurs comme la réputation du prédicateur, sa personnalité chaleureuse ou l’opinion de la majorité à son sujet peuvent servir de baromètre pour déceler si son enseignement est dangereux ou non. On ne doit pas non plus s’imaginer que le bon sens, l’intuition et la première impression sont des moyens fiables pour déterminer si telle ou telle erreur représente ou non une menace grave. L’Écriture, et l’Écriture seule est l’unique guide digne de confiance dans ce domaine.
C’est là une importante leçon que l’histoire de l’Église a à nous enseigner.
John MacArthur
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