SCÉLLÉS POUR L'ÉTERNITÉ
- L. GILMAN
- 17 mars
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 mars

Avant que les cieux ne soient déployés comme un manteau, avant que les eaux ne s’agitent sous le souffle de l’Esprit, avant même que le premier battement de cœur humain ne résonne dans l’histoire, Dieu, dans sa majesté infinie, a conçu un dessein d’amour et de rédemption. Ce n’était pas une décision prise à la hâte ou influencée par les méandres du temps. Non, dans l’éternité de sa prescience, il a choisi ceux qui lui appartiendraient, ceux qu’il appellerait ses enfants. Paul le proclame avec une clarté saisissante : « Ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères » (1). Cette élection n’est pas une réponse à nos mérites, ni une anticipation de nos bonnes actions futures. Elle est inconditionnelle, gravée dans le cœur de Dieu avant la fondation du monde, avant que l’homme ne puisse prétendre à quoi que ce soit.
L’idée que l’homme, par sa propre initiative, puisse tendre la main vers Dieu est une illusion. Jésus l’affirme sans ambiguïté : « Nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père » (2). L’homme, dans sa nature déchue, est aveugle, sourd et impuissant face à la sainteté divine. Ce n’est pas lui qui choisit Dieu ; c’est Dieu qui, dans un acte souverain, choisit l’homme. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis » (3), déclare Jésus à ses disciples, ces pêcheurs ordinaires transformés en apôtres par un appel qu’ils n’avaient ni prévu ni mérité. Songez à Paul, cet ennemi acharné de l’Église, renversé par une lumière aveuglante sur la route de Damas. Le Seigneur lui-même dit de lui : « Cet homme est un instrument que j’ai choisi » (4). Aucun mérite, aucune œuvre future n’a dicté ce choix. Dieu l’a décidé, simplement parce qu’il l’a voulu, avant que Paul ne puisse imaginer sa propre rédemption.
Une élection sans condition, un décret éternel
Cette élection inconditionnelle est la pierre angulaire du dessein divin. Elle ne repose sur aucune qualité humaine, aucun acte passé, présent ou à venir. Paul, en plus d'en être un exemple frappant, l’explique avec une précision tranchante : « Car, quoique les enfants ne fussent pas encore nés et qu’ils n’eussent fait ni bien ni mal, — afin que le dessein d’élection de Dieu subsistât, sans dépendre des œuvres, et par la seule volonté de celui qui appelle » (5). Prenez l’exemple de Jacob et d’Ésaü : avant leur naissance, avant qu’ils ne puissent lever une main pour le bien ou le mal, Dieu a dit : « J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Ésaü » (6). Ce choix n’était pas une récompense pour Jacob ni une punition pour Ésaü ; c’était une démonstration éclatante de la liberté souveraine de Dieu. Il choisit selon son bon plaisir, et non selon nos calculs humains.
Imaginez un instant cette vérité : avant que les étoiles ne scintillent dans le firmament, avant que le sable ne borde les rivages, Dieu vous a vu. Il vous a nommé. Il vous a élu, non pas parce que vous seriez un jour digne de lui, mais parce que telle était sa volonté. « En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde » (7), écrit Paul aux Éphésiens. Aucun effort futur, aucune prière, aucune larme n’a influencé cette décision. Elle est antérieure à tout ce que nous sommes, un décret éternel qui proclame : « Tu es à moi, parce que je l’ai décidé ainsi. »
Une grâce imméritée, un don sans prix
Si Dieu choisit sans condition, il sauve aussi sans mérite. Cette grâce est imméritée, un trésor offert à des mains vides. « Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » (8), martèle Paul. Aucun homme ne peut se tenir devant Dieu et dire : « J’ai gagné ta faveur. » Nos œuvres, même les plus nobles, sont comme des chiffons souillés face à sa sainteté. « Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (9), ajoute-t-il. Cette miséricorde n’attend pas que nous soyons prêts ou que nous ayons prouvé notre valeur. Elle nous précède, nous enveloppe, nous transforme.
Considérez ceci : « Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde » (10), écrit Paul à Tite. Cette grâce est un don pur, scellé avant les temps éternels. « Selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels » (11), précise-t-il à Timothée. Dieu n’a pas scruté l’avenir pour voir qui prierait avec ferveur ou qui jeûnerait avec zèle. Il a choisi par amour, et cet amour s’exprime dans un acte gratuit : il nous marque de son sceau, le Saint-Esprit. « Vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage » (12), annonce l’Écriture. Ce sceau n’est pas une médaille gagnée ; c’est une promesse donnée, une marque d’appartenance qui ne dépend pas de nous, mais de lui.
Une persévérance garantie par sa fidélité
Mais l’élection et la grâce ne sont que le commencement. Dieu ne choisit pas pour abandonner ; il appelle pour garder. « Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés » (13), affirme Paul dans une chaîne d’or incassable. Cette persévérance des saints n’est pas un exploit humain. Si nous sommes incapables de venir à Dieu par nous-mêmes, comment pourrions-nous rester en lui par notre seule volonté ? Non, c’est Dieu qui nous tient. Jésus le promet : « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (14).
Il est le bon berger, et ses brebis ne s’égarent pas. « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent » (15), dit-il. Et encore : « Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main » (16). Cette assurance n’est pas fragile. Elle repose sur la puissance du Père : « Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père » (17). Songez à Pierre, qui a renié son Maître par trois fois. Sa faiblesse aurait pu le perdre, mais Jésus avait prié pour lui : « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point » (18). Et Pierre est revenu, tenu par la main invisible de celui qui l’avait choisi.
De plus, par la nouvelle naissance, Dieu les a ressuscités spirituellement en Jésus-Christ. Paul écrit aux Éphésiens : « Il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ » (27), et aux Colossiens : « Ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l'a ressuscité des morts » (28). Cette résurrection spirituelle signifie que les élus, unis au Christ, participent déjà à sa victoire sur la mort. Et nous savons que celui qui est ressuscité ne peut plus mourir : « Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt plus ; la mort n'a plus de pouvoir sur lui » (29). Si Christ, notre tête, ne peut plus mourir, nous non plus, qui sommes son corps, ne peut retomber sous le pouvoir de la mort spirituelle. Bien qu'ils puissent tomber dans le péché, voire s'égarer, Dieu a promis qu'il irait chercher sa brebis perdue, comme Jésus l'enseigne : « De même, ce n'est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu'il se perd un seul de ces petits » (30). Leur union avec le Christ est indissoluble, leur vie nouvelle est éternelle, et la mort n'a plus de prise sur eux.
Cette persévérance est scellée par l’Esprit. « Il nous a aussi marqués d’un sceau et a mis dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit » (19), écrit Paul aux Corinthiens. Ces arrhes ne sont pas un prêt temporaire ; elles sont un engagement éternel. Dieu ne reprend pas ce qu’il donne. « La volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné » (20), déclare Jésus. Ainsi, les élus, choisis avant la création, sont gardés jusqu’au dernier jour.
Une transformation divine pour une gloire certaine
Dieu ne se contente pas de choisir et de préserver ; il transforme. À ceux qu’il a élus, il donne un cœur nouveau. « J’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair » (21), promet-il par Ézéchiel. Cette foi qui les anime, cette obéissance qu’ils manifestent, tout cela est l’œuvre de sa grâce imméritée. « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (22), proclame Paul. L’homme ne s’élève pas vers Dieu ; Dieu le tire à lui, le façonne, le sanctifie.
Et cette œuvre ne s’arrête jamais. « Celui qui a commencé en vous une bonne œuvre l’achèvera jusqu’au jour de Jésus-Christ » (23), assure Paul aux Philippiens. Rien ne peut interrompre ce processus : « Ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les puissances, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ » (24), chante-t-il aux Romains. Scellés par l’Esprit, les élus portent en eux la promesse de la résurrection : « Je le ressusciterai au dernier jour » (25), répète Jésus, un refrain d’espérance qui résonne à travers les âges.
Une vérité qui surpasse tout
L’élection inconditionnelle, la grâce imméritée, la persévérance des saints : voilà le cœur battant du dessein de Dieu. L’homme n’a pas choisi Dieu ; il n’en avait ni la capacité ni le mérite. C’est Dieu qui, avant la fondation du monde, a choisi l’homme, sans attendre de lui la moindre œuvre, sans scruter ses jours à venir. Par une grâce souveraine, il l’a appelé, et par une puissance invincible, il le garde. Marqués de son sceau, les élus boivent à une source qui jaillit jusque dans la vie éternelle : « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif » (26), promet Jésus. Ainsi, ceux que Dieu a prédestinés avant le commencement reposent dans cette certitude : ils sont à lui, éternellement, et rien ne pourra jamais les arracher à son amour.
L. Gilman
Références bibliques
1. Romains 8:29
2. Jean 6:65
3. Jean 15:16
4. Actes 9:15
5. Romains 9:11
6. Romains 9:13 (citant Malachie 1:2-3)
7. Éphésiens 1:4
8. Éphésiens 2:9
9. Romains 9:16
10. Tite 3:5
11. 2 Timothée 1:9
12. Éphésiens 1:13-14
13. Romains 8:30
14. Jean 6:37
15. Jean 10:27
16. Jean 10:28
17. Jean 10:29
18. Luc 22:32
19. 2 Corinthiens 1:22
20. Jean 6:39
21. Ézéchiel 36:26
22. Éphésiens 2:8
23. Philippiens 1:6
24. Romains 8:38-39
25. Jean 6:40
26. Jean 4:14
27. Éphésiens 2:6
28. Colossiens 2:12
29. Romains 6:8-9
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