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UNE EXPLICATION APPROFONDIE DU MOT "TOUS" DANS LA BIBLE

Dernière mise à jour : 2 août

TOUS

Dans l'étude de la Bible, l'un des défis les plus courants est de comprendre le langage utilisé par les auteurs inspirés. Les mots comme "tous" (en grec "pantes" ou "pas", souvent traduit par "tous" ou "tout") ne portent pas toujours un sens littéral et universel, signifiant "chaque individu sans exception sur la terre". Au contraire, dans de nombreux contextes bibliques, "tous" désigne une étendue large mais limitée, comme "tous sans distinction" – c'est-à-dire toutes les catégories de personnes, toutes les nations, races ou groupes sociaux, sans exclure quiconque sur la base de son origine ou de son statut. Cela est particulièrement pertinent dans les discussions théologiques sur l'élection divine, la souveraineté de Dieu et le salut.


L'article vise à explorer en profondeur cette nuance, en commençant par des analogies tirées de la vie quotidienne pour rendre le concept accessible. Nous examinerons ensuite des versets spécifiques, en les reliant à l'idée que "tous" fait souvent référence à l'universalité des offres de grâce sans distinction ethnique, sociale ou nationale, plutôt qu'à une universalité absolue qui impliquerait le salut de chaque être humain (ce qui mènerait à l'universalisme, une doctrine contredite par d'autres Écritures). Nous aborderons également comment cela s'harmonise avec la doctrine de l'élection et la souveraineté de Dieu, sans contradiction apparente.


Analogies de la Vie Courante : "Tous" Ne Signifie Pas Toujours "Chaque Personne Sans Exception"


Pour bien saisir comment "tous" peut être employé de manière non exhaustive dans la Bible, commençons par des exemples tirés de notre langage quotidien. Dans la vie de tous les jours, nous utilisons souvent "tous" ou "tout" pour exprimer une généralité large, mais pas une totalité absolue. Ces analogies aident à illustrer que le contexte détermine le sens, et que forcer un sens littéral universel peut mener à des absurdités.


  1. L'exemple scolaire : "Tous les élèves ont réussi l'examen."

Imaginez un professeur qui dit cela à la fin d'un cours. Cela ne signifie pas que "tous les élèves du monde entier" ont réussi, ni même tous les élèves de l'école. Cela veut dire que tous les élèves "de cette classe particulière" ont réussi, sans distinction entre les bons et les moins bons. Si on insistait sur "tous sans exception dans l'univers", cela serait ridicule. De même, dans la Bible, "tous" est souvent limité au groupe en question – par exemple, tous ceux qui croient, ou toutes les nations représentées.


  1. L'exemple familial : "Toute la famille est venue au dîner."

Quand une mère dit cela, elle ne parle pas de "toute la famille humaine sur terre", mais de tous les membres de "sa famille immédiate ou élargie", sans distinction entre enfants, parents ou cousins. Si un oncle lointain n'était pas invité, il n'est pas inclus. Cela montre que "tous" implique une complétude au sein d'un ensemble défini, pas une universalité infinie. Une analogie similaire : "Tout le monde sait que la Terre est ronde." Cela ne veut pas dire que chaque être humain sans exception le sait (certains l'ignorent ou le nient), mais que c'est une connaissance générale, accessible à tous sans distinction d'âge ou de culture.


  1. L'exemple commercial : "Tous les clients ont reçu un coupon de réduction."

Imaginez un magasin annonçant cela après une promotion. Cela ne signifie pas que tous les clients potentiels du monde entier ont reçu le coupon, mais tous les clients qui ont fait un achat ce jour-là ou inscrits à la newsletter, sans distinction entre habitués et nouveaux venus. Si quelqu'un n'a pas visité le magasin ou n'est pas inscrit, il n'est pas inclus. Cela illustre comment "tous" peut signifier "tous sans distinction au sein d'un groupe spécifique", plutôt que "chaque individu existant sur terre". Cela évite les malentendus en soulignant que le contexte limite l'étendue de "tous".


  1. L'exemple médiatique : "Tout le pays est en deuil après la catastrophe."

Les médias disent souvent cela, mais cela ne signifie pas que "chaque citoyen individuellement" est en deuil ; certains pourraient être indifférents ou non informés. Plutôt, cela exprime que le deuil touche toutes les couches de la société, sans distinction de région, classe sociale ou âge. C'est une universalité qualitative (toutes les catégories), pas quantitative (chaque personne).


Ces analogies montrent que dans le langage humain, "tous" est flexible et dépend du contexte. Ignorer cela mène à des malentendus. De même, dans la Bible, qui utilise un langage humain pour communiquer des vérités divines, "tous" doit être interprété en fonction du contexte théologique, historique et linguistique. Par exemple, dans Marc 1:5, il est dit : "Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui [Jean-Baptiste]". Cela ne signifie pas littéralement "chaque habitant sans exception" (car les pharisiens et sadducéens critiquaient Jean), mais une foule représentative de toutes les régions et classes, soulignant l'ampleur du mouvement.


Le Sens Biblique de "Tous" : Tous Sans Distinction, Pas Sans Exception


Dans les Écritures, "tous" apparaît fréquemment pour souligner l'étendue de la grâce de Dieu au-delà des barrières juives traditionnelles. À l'époque du Nouveau Testament, le judaïsme était souvent exclusif : le salut était perçu comme réservé aux Juifs. Les auteurs bibliques utilisent "tous" pour affirmer que le salut est offert à "toutes les nations, races, classes sociales", sans distinction – juif ou grec, esclave ou libre, homme ou femme (comme dans Galates 3:28 : "Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ". Cela contredit l'idée d'un salut limité à un peuple élu ethniquement, mais ne soutient pas l'universalisme (le salut automatique de tous les humains), car d'autres versets avertissent du jugement pour les incrédules (Romains 8:13 : "Si vous vivez selon la chair, vous mourrez" ; 1 Corinthiens 6:9 : "Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu ?" ; Apocalypse 21:8 et 22:15, qui listent ceux exclus du ciel).


Ce sens de "tous" comme "tous les types" ou "toutes les catégories" est courant en théologie réformée, où il s'harmonise avec l'élection divine (Dieu choisit souverainement qui sauver). Contrairement à l'arminianisme, qui voit souvent "tous" comme "chaque individu", les réformés argumentent que le contexte pointe vers une diversité, pas une totalité absolue.


Examen des Versets Spécifiques


Examinons maintenant les passages cités, en appliquant cette compréhension, avec l'ajout de 2 Pierre 3:9 pour une couverture plus complète.


1. Jean 1:16 : "Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce."

Ici, Jean parle de la grâce reçue de Christ. Le "nous tous" ne désigne pas tous les humains de la terre, mais "tous ceux qui ont cru en Lui" (comme indiqué au verset 12 : "Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu"). C'est "tous sans distinction parmi les croyants" – juifs, gentils, etc. – qui reçoivent la plénitude de Christ. Si c'était tous les humains, cela impliquerait un universalisme, contredit ailleurs.


2. 1 Timothée 2:4 : "qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité."

Ce verset est souvent invoqué pour arguer que Dieu désire le salut de "chaque humain sans exception", contredisant l'élection (où Dieu choisit souverainement). Cependant, le contexte (versets 1-3) exhorte à prier pour "tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité". "Tous les hommes" signifie ici "toutes les catégories d'hommes" – rois, sujets, juifs, gentils – sans distinction sociale ou nationale. Paul souligne que le salut n'est pas réservé à une élite, mais offert largement. Dieu "veut" (en grec "thelei", une volonté de désir moral) que tous les types d'hommes soient sauvés, mais Sa volonté souveraine (décret) n'impose pas le salut à tous, car Il respecte la responsabilité humaine et Sa justice. Cela ne contredit pas l'élection : Dieu accomplit toujours Sa volonté décrétale (Éphésiens 1:11), mais Son désir moral peut être frustré par le péché humain. De plus, si "tous" signifiait chaque individu, cela mènerait à l'universalisme, réfuté par les avertissements de jugement.


3. Romains 11:31-32 et la Relation avec Romains 9:18

Romains 9:18 affirme : "Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut." Cela souligne la souveraineté absolue de Dieu dans l'élection et l'endurcissement (comme Pharaon). Romains 11:31-32 dit : "de même ils [les Juifs] ont maintenant désobéi, pour que, par la miséricorde qui vous [les Gentils] a été faite, ils obtiennent aussi miséricorde. Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire miséricorde à tous."

Y a-t-il contradiction ? Non. Le "tous" de Romains 11:32 désigne "tous sans distinction" – Juifs et Gentils comme groupes. Paul argue que Dieu a permis la désobéissance des Juifs pour étendre la miséricorde aux Gentils, et vice versa, aboutissant à une miséricorde pour "tous" les peuples (pas chaque individu). Cela harmonise avec Romains 9:18 : Dieu choisit souverainement qui reçoit miséricorde, mais Son plan englobe toutes les nations. Le chapitre 11 traite de la restauration future d'Israël, soulignant l'universalité ethnique de la grâce, sans nier l'élection individuelle. Ce point est utile car il illustre directement comment "tous" réconcilie la souveraineté divine avec une miséricorde étendue, évitant une lecture qui verrait une incohérence dans les Écritures.


4. 2 Pierre 3:9 : "Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous parviennent à la repentance."

Ce verset est fréquemment cité pour soutenir que Dieu désire le salut de "chaque personne sans exception", impliquant une volonté divine frustrée si tous ne sont pas sauvés. Cependant, le contexte est une exhortation aux croyants face aux moqueurs qui doutent du retour du Christ (versets 3-4). Pierre explique que le "retard" apparent est dû à la patience de Dieu "envers vous" – les destinataires de la lettre, qui sont des chrétiens (2 Pierre 1:1). Le "tous" ici désigne "tous sans distinction parmi les élus" ou "toutes les catégories de personnes que Dieu a choisies", soulignant que Dieu patiente pour que tous ceux qu'Il appelle parviennent à la repentance. En grec, "tous" (pantas) est qualifié par le contexte de la patience divine envers les Siens, pas envers l'humanité entière. Si c'était une universalité absolue, cela contredirait des passages comme Matthieu 25:46 sur le jugement éternel. Au lieu de cela, cela harmonise avec l'élection : Dieu ne veut pas que quiconque de Ses élus périsse (Jean 6:39), et Sa patience permet à "tous" les types de personnes (de toutes nations) d'atteindre la repentance avant le jugement final. Cela renforce l'appel à l'évangélisation, car la patience divine invite tous sans distinction, mais le salut reste souverain.


Lien avec l'Élection et la Souveraineté de Dieu


La doctrine de l'élection (Éphésiens 1:4-5 ; Romains 8:29-30) affirme que Dieu choisit souverainement les Siens avant la fondation du monde, non basé sur des mérites humains. Si "tous" signifiait chaque humain, cela contredirait cela et mènerait à l'universalisme, où tous seraient sauvés indépendamment de la foi – mais la Bible enseigne que la foi est nécessaire (Jean 3:16), et que beaucoup périssent (Matthieu 7:13-14). Au lieu de cela, "tous" souligne que l'élection n'est pas limitée à un peuple : Dieu élit des individus de "toutes les nations" (Apocalypse 5:9). Dieu accomplit toujours ce qu'Il veut souverainement (Job 42:2), mais Son désir moral pour le salut de tous les types d'hommes invite à l'évangélisation universelle, sans préjugés.


Conclusion


Le mot "tous" dans la Bible est riche et nuancé : il invite à une lecture contextuelle pour éviter les extrêmes comme l'universalisme ou un exclusivisme étroit. À travers des analogies quotidiennes, nous voyons que "tous" exprime souvent une diversité inclusive plutôt qu'une totalité exhaustive. Dans les versets examinés, cela révèle un Dieu qui étend Sa grâce à toutes les races et nations, harmonisant Sa souveraineté avec Son amour. Pour approfondir, étudiez le contexte grec et les commentaires théologiques, en priant pour l'illumination de l'Esprit. Cela renforce la foi en un salut accessible à quiconque croit, sans distinction, mais réservé à ceux élus par grâce.


L. Gilman

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