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LE DOMINIONISME OU "ROYAUME MAINTENANT"


«Le Royaume maintenant…»,une dangereuse illusion !


«Kingdom Now» («le Royaume Maintenant») est une doctrine qui nous vient d’Outre- Atlantique et qui est en train de se répandre comme une traînée de poudre dans les milieux évangéliques francophones.

L’épicentre de ce phénomène se trouve à l’église Bethel en Californie, une méga-église de plusieurs milliers de membres, dirigée par le pasteur Bill Johnson.


Selon cette doctrine, appelée aussi «dominationisme», avant le retour de Jésus, Dieu va susciter un réveil d’une puissance inégalée qui envahira le monde entier. Dans les années à venir, un milliard d’êtres humains vont se convertir et Dieu rétablira les ministères d’apôtres semblables aux douze qui auront, comme eux, le même pouvoir décisionnaire et ne pourront donc pas être contestés. À côté d’eux se lèvera un ensemble de «super chrétiens» revêtus de dons surnaturels extraordinaires qui auront été récupérés par eux sur les tenants du Nouvel Âge qui les ont volés à l’église… Il s’agira donc des mêmes techniques, mais utilisées cette fois pour la gloire de Dieu. En outre, Dieu va donner les leviers du pouvoir politique, économique, culturel, etc. à cette catégorie de «super chrétiens» qui vont ainsi dominer le monde et en faire un paradis terrestre; et quand cela sera réalisé, le Royaume de Dieu sera présent. Il suffira simplement d’inviter Jésus à venir prendre possession de ce royaume après qu’on lui en ai remis les clés.


Comme de grandes organisations qui l’ont précédée, l’église de Bethel prône le dominationisme : il faut que les chrétiens prennent le contrôle de «sept montagnes», c’est-à-dire sept sphères de la société, soit : la religion, La famille, l’enseignement, les gouvernements, les médias, l’art et les divertissements, l’économie.

Pour arriver à de pareilles conclusions, Bill Johnson n’hésite pas à rejeter l’étude de la Bible… D’ailleurs pour lui, le Saint-Esprit est supérieur à la Bible et va apporter dans ce temps de nouvelles révélations.


Des chrétiens ayant une onction particulière conduiront ce mouvement qui sera marqué par une profusion de signes et de prodiges plus grands que ce que Jésus a réalisé. Bill Johnson de Redding en Californie a exposé ses idées dans un livre intitulé : « Quand le ciel envahit la terre ». Selon lui, va surgir une nouvelle génération : « la génération Elie ».

Cette génération va apporter sécurité et prospérité au monde. Ces gens-là seront comme Jésus quand il était sur la terre et qu’il avait, selon Bill Johnson «perdu sa divinité» : il n’était qu’un homme ordinaire, mais doté de pouvoirs extraordinaires communiqués par le Saint-Esprit comme le sera la génération Elie.

Or, Jésus n’a jamais perdu sa divinité, même dans l’incarnation. Il est Dieu éternellement ou il ne l’est pas !


Bill Johnson cite à l’appui de sa thèse le verset des Philippiens : « Il s’est dépouillé lui-même en prenant la forme d’un serviteur ayant paru comme un simple homme et devenant semblable aux hommes ». Ce texte signifie seulement que Jésus s’est dépouillé de ses attributs divins et non pas de sa nature divine; celle-ci était simplement cachée sous sa nature humaine, mais même « semblable aux hommes », il continue d’être pleinement Dieu.

On le voit, il s’agit bien d’une variante du « post-millénarisme » selon laquelle, Jésus reviendra après le millénium.

Déjà les premières manifestations de ce réveil seraient visibles, notamment en Californie.

On peut néanmoins s’interroger : ce soi-disant réveil ne serait-il pas plutôt l’apostasie de la fin des temps?


Pour la première fois, la Bible est mise en question, soi-disant au profit du Saint Esprit. Or, cette Bible — qui est contestée parce que « la lettre tue, mais l’Esprit vivifie » — nous annonce pour la fin des temps des signes et des prodiges mensongers.

Ils le seront automatiquement s’ils ne sont pas conformes à la Bible. Or, tous les signes de Bethel Church pointent dans la même direction : vers un faux message, le dominationisme.


Il s’agit de reprendre à Satan le contrôle de la terre, lui reprendre le butin qu’il a ravi à l’Église. Ce qui existe dans le ciel doit être libéré sur la terre maintenant, d’où le titre du livre de Bill Johnson « Quand le ciel envahit la terre ».

Or, pour l’auteur, un obstacle se dresse contre la venue de ce réveil : c’est que de trop nombreux chrétiens attendent le retour de Jésus-Christ au lieu de se concentrer sur la « grande commission »[1]. Il faut donc une nouvelle réforme apostolique. Cet enseignement est antibiblique ; jamais Jésus n’a confié à ses disciples le soin de dominer la terre avant son retour, c’est lui qui le fera lors de la Parousie et le Royaume est encore à venir. Pour l’heure, tout ce que nous pouvons faire, c’est de donner des signes du Royaume qui vient !

Il est vrai que Bill Johnson fait peu de cas de l’autorité de la parole de Dieu. Pour lui, la Bible est incomplète et doit être complétée par les nouvelles révélations aux apôtres du mouvement. Ceci est typiquement la démarche de toutes les sectes qui font fi de l’avertissement donné par l’Apocalypse « à ceux qui ajoutent quelque chose au contenu de ce livre ».


D’autre part, sans le recommander formellement, le mouvement de Bethel tolère le « Grave suckling », c’est-à-dire le fait d’aller s’allonger sur les tombes des grands hommes de Dieu décédés pour en récupérer l’onction.

Or, ceci rejoint le spiritisme. Dieu, en effet, condamne sans appel toute tentative d’entrer en contact avec le monde des défunts.


Opposer l’Écriture et l’Esprit est une hérésie majeure. Le texte que cite Bill Johnson « la lettre tue, mais l’Esprit vivifie » ne signifie nullement que l’étude de la Bible est néfaste, mais que pour être utile, elle doit être vivifiée par le Saint-Esprit qui ne peut apporter la moindre révélation qui contredise ce qu’Il a lui-même révélé dans l’Écriture. Tout au plus, le Saint-Esprit apportera-t-il de nouvelles lumières sur le texte biblique. Le dominationisme, c’est-à-dire la prise de contrôle des leviers du pouvoir par l’Église, est éminemment dangereux.

Trois exemples peuvent être invoqués à cet égard :

– le constantinisme, quand l’empereur romain[2] s’est « converti » au christianisme et qu’il a « christianisé » l’empire. En fait de christianisation, c’est le christianisme qui a été paganisé. Cela aboutit au « césaro-papisme »[3], l’alliance du sabre et du goupillon où, pour pouvoir gagner, l’Église a été obligée de se soumettre à toutes sortes de compromis qui ont fini par la déconsidérer. Contrairement aux catholiques et aux protestants, les églises évangéliques n’ont jamais été « églises d’État »; cela leur manque et elles en rêvent.

– L’épisode du moine Florentin Savonarole[4], qui, après avoir dénoncé les crimes des Médicis, obtint des responsables de la ville de Florence d’organiser la cité selon les principes bibliques. Petit à petit, il en vint à créer une véritable police des mœurs et de la pensée, imposant la sainteté par décret. Cette théocratie devint tellement insupportable qu’elle éclipsa l’oppression des Médicis qui finira par être rappelée après que le gouvernement théocratique de Savonarole ait été renversé.

– La théocratie genevoise de Calvin[5], qui elle aussi, était adossée à une sorte de police des mœurs et de la pensée et qui, sans atteindre les excès de Savonarole à Florence, ne fut cependant pas une réussite.


D’ailleurs, parlant de l’église de Bethel, David Wilkerson avait déclaré : « de toute manière, l’Église ne peut pas avoir l’approbation du monde ».


En fait de réveil, on trouve dans certaines églises charismatiques un mélange qui est un synonyme de tiédeur, contrairement aux affirmations de Bill Johnson. Tout réveil amène toujours une attente renouvelée de la parousie[6], selon 2 Timothée 4 v 8 : «Désormais la couronne de justice m’est réservée; le Seigneur, le juste juge, me la donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui auront aimé son avènement».

En fait, dans le soi-disant réveil de Bill Johnson, la voix du Saint-Esprit a été réduite au silence et ces hommes sont habités par leurs illusions.

La véritable conception du Royaume est celle des apôtres. Pour l’heure, l’autorité visible de Jésus ne s’exerce ici-bas que dans son Église et il en sera ainsi jusqu’à son retour.

De même qu’il a été Lui-même rejeté, elle sera aussi rejetée, elle ne régnera que quand Lui-même le fera.


L’Ecclésia (l'église) n'est pas mandatée pour administrer les nations en son absence, les dominer et les amener à l’obéissance de la foi.

Telle est bien la doctrine des apôtres !

Le royaume de Dieu est radicalement différent de l’enseignement de ce que Bill Johnson appelle « la nouvelle réforme apostolique ».

L’Église romaine a autrefois professé cette doctrine dans un livre intitulé « la cité de Dieu »[7].

La doctrine du « Royaume Maintenant» ne reconnaît pas que Satan est, pour l’heure,« le prince de ce monde » (Jean 12:31 et 16:11) et nie sa puissance (2 Corinthiens 4 v 4; 1 Jean 5 v19; Apoc. 12 v 3). Mais pour la Nouvelle Réforme Apostolique, Satan est déjà lié et par conséquent, la vigilance n’est plus nécessaire.


Selon la Bible, C’est Jésus seul qui établira le Royaume de Dieu quand Il viendra dans sa gloire. Il s’étendra d’Israël vers les nations et nous ne pouvons pas l’établir par nos propres forces, même transcendés par le Saint-Esprit. Mais nous pouvons être des signes du royaume qui vient, ce que sont également les signes surnaturels. Nous ne sommes pas les maîtres d’œuvre du royaume et le Saint-Esprit n’en est pas l’agent exécutant.

Dieu ne changera pas son programme pour nous faire plaisir. Par conséquent, il n’enverra pas le Saint-Esprit pour le réaliser et on peut se demander quel est l’esprit qui souffle à Bethel Church… ne s’agirait-il pas plutôt de substitut de la présence de Dieu, puisqu’il faut aller chercher le surnaturel sur les tombes ou dans les pratiques du Nouvel Âge ?


Certes, la Nouvelle Réforme Apostolique propose aux jeunes qui se rendent à l’école biblique de Bethel, une aventure exaltante, basée sur le goût du pouvoir, mais le pouvoir n’est pas ce que Dieu a voulu pour son Église pour le temps présent.

Notons également que dans ce système, Israël est « hors-programme ».

Les seules allusions qui sont faites à Israël dans le livre de Johnson, sont une nouvelle forme de la théologie de la substitution ; c’est le christianisme du Nouvel Âge qui nie le rôle d’Israël et qui se trouve paganisé comme l’église Constantinienne l’a été.


En résumé, la Nouvelle Réforme Apostolique est une DANGEREUSE HÉRÉSIE et une DEVIATION GRAVE de l’enseignement biblique. Il est alarmant de constater qu’elle se répand dans les églises évangéliques françaises sous différentes formes. Certes, elle ne prend pas encore les formes extrêmes qu’il connaît Outre-Atlantique — bien qu’en Suisse romande, ces formes commencent à être présentes — mais l’on peut craindre que ce courant ne s’intensifie en France dans les temps à venir. Il s’agit d’une doctrine séduisante, ce qui la rend d’autant plus dangereuse. C’est pourquoi il faut lui résister et la DENONCER avec d'autant plus de vigueur !


Jean-Marc Thobois/Keren


NDLR : voir les tentatives d’explications de Bill Johnson dans cet article du site www.soyonsvigilants.org.

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[1] Note du Sarment : c’est dans Matthieu 28.19-20 qu’on trouve un des définitions de ce qu’on appelle Grande Commission : « Allez, faites de toutes les nations des disciples (littéralement : «faites des disciples dans toutes les nations», sous-entendu : pas seulement en Israël), baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et enseignez-leur à mettre en pratique tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Jésus a donné ce commandement aux Apôtres peu avant de remonter au ciel et il souligne ce qu’il attend d’eux et de leurs successeurs en son absence. Il est intéressant de voir que dans le texte grec original, le seul commandement en Matthieu 28.19-20 est de « faire des disciples ». Pour certains, il s’agit de convertir toute la terre, pour d’autres, il s’agit de témoigner sur notre chemin, en apportant à des perdus le Salut qui est en Jésus-Christ. Car on ne peut pas sauver quelqu’un qui n’est pas perdu.


[2] Note du Sarment : Constantin le Grand (280 – 337) – Le premier empereur chrétien.


[3] Note du Sarment : désigne un système de gouvernement temporel (césar) qui, dans une volonté de domination universelle, cherche à exercer son pouvoir sur les affaires religieuses (pouvoir spirituel du pape). L’Empereur empiète donc sur les affaires de l’Église. Il occupe ainsi une place privilégiée dans la sphère législative et théologique de l’Église. Pour le cas des monarchies, on peut aussi parler de théocratie royale.


[4] Note du Sarment : Jérôme Savonarole 1452-1498, mort pendu et brûlé à Florence, est un frère dominicain, prédicateur et réformateur italien, qui institua et dirigea la dictature théocratique de Florence de 1494 à 1498. Il est connu pour ses réformes religieuses, ses prêches anti-humanistes, son bûcher des vanités où disparurent de nombreux livres et de nombreuses œuvres d’art. Il prêcha de façon véhémente contre la corruption morale du clergé catholique, sans toutefois remettre en cause le dogme.


[5] Jean Calvin 1509-1564. Théologien, réformateur, et un pasteur de la Réforme protestante.


[6] Parousie : vient du grec ancien παρουσία / parousía qui signifie « présence » (ou encore « arrivée », « venue »). Terme biblique utilisé par les chrétiens pour désigner la seconde venue du Christ sur la Terre, la première étant sa naissance.


[7] Note du Sarment : «La Cité de Dieu» (en latin De Civitate Dei contra paganos : La Cité de Dieu contre les païens) est une œuvre en vingt-deux livres d’Augustin d’Hippone (saint Augustin). Celui-ci rédigea le premier livre en 413 et termina le vingt-deuxième treize ans plus tard.


source : lesarment.com





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