En préliminaire, rappelons que, lors de ses adieux aux anciens d'Éphèse, Paul les a prévenus : « Je sais qu'il s'introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n'épargneront pas le troupeau, et qu'il s'élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux » (Ac 20.29-30). Paul cite ici deux sources provenant l'une de l'extérieur, l'autre de l'intérieur même de l'Église. Or que constatons-nous aujourd'hui ? Nos églises propagent des doctrines syncrétiques et douteuses. Contrairement à l'ordre divin (Dt 4.2, 12.32 ; Pr 30.6 ; Ap 22.18- 19), on retire et on ajoute à la parole de Dieu. On croit et on accepte toutes sortes d'hérésies. On invente de nouveaux ministères. On porte foi, les yeux brillants de convoitise, à toutes sortes de rumeurs propagées pour troubler le peuple de Dieu.
C'est ainsi que l'on parle de ministères de délivrance que la Bible ne mentionne pas. Que dit Jésus à ce propos ? « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons » (Mc 16.17). Il s'agit donc d'une puissance donnée non pas à des ministères bien particulier, mais à tous les croyants, remplis du Saint-Esprit. Comment se fait-il que des hommes ou des femmes sont recherchés et encensés, parfois grassement payés, pour une grâce que notre Seigneur accorde à tout croyant ? Les pasteurs et les chrétiens ont-ils capitulé ?
Il en est de même des ministères prophétiques. La Bible mentionne deux types de prophètes. Le premier est le ministère de prophète réservé à certains hommes qui sont des dons que notre Seigneur, glorifié, a fait à son Église (Ep 4.11). Malheureusement, de nombreux charlatans troublent nos « chrétiens » et les reçoivent dans leur cour avec des arrière-pensées malsaines et un esprit de lucre très prononcé. Le deuxième est le don de prophétie, qui fait partie des neuf dons de l'Esprit cités par Paul, et distribués à chacun pour l'utilité commune dans l'église (1 Co 12.7). Ce don de prophétie sert avant tout à parler aux hommes, à édifier, à exhorter et à consoler (1 Co 14.3). Or, aujourd'hui, nous assistons à une gabegie de faussetés vers lesquelles les membres de nos églises courent, croyant pouvoir ainsi entendre ou recevoir ce qu'ils désirent. Un pasteur m'expliquait récemment qu'en fait, il s'agit, en milieu fétichiste, d'une suite logique de choses : Avant de se convertir, l'animiste avait coutume d'aller voir le féticheur quand il rencontrait un problème, quand il avait une décision à prendre, ou quand il avait fait un rêve ou un cauchemar, afin d'obtenir une réponse de la divinité par la parole du féticheur. S'étant converti, il escompte recevoir la même chose du pasteur et il va le voir pour obtenir l'explication, le conseil, la prophétie, ou recevoir une parole de Dieu. Comme le pasteur, rarement aujourd'hui rempli du Saint-Esprit, ne peut pas le satisfaire, il se tourne alors vers des prieurs, qui soit des hommes ayant vraiment reçu un don de Dieu et qui devrait l'exercer gratuitement dans l'église selon ce que dit le Seigneur : « vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10.8), soit des fieffés charlatans qui vont se faire rémunérer pour leur bon ou mauvais service. Enfin, si le « chrétien » n'est pas satisfait, il retourne vers ses anciennes pratiques traditionnelles, et il syncrétise, tout en continuant à fréquenter l'église.
Je continue en citant les faux apôtres, les faux pasteurs et les faux docteurs, tous autoproclamés mais pas seulement, car de nombreux loups déguisés en brebis se sont infiltrés dans nos institutions et propagent de faux enseignements qui polluent l'église. Jésus a dit : « vous les reconnaîtrez à leurs fruits » (Mt 7.16). Jésus voulait attirer notre attention sur la sainteté et le mode de vie de ceux qui se disent facilement « hommes de Dieu ».
Dans son avidité de séduire les « chrétiens » ou « membres » de nos églises (il est vrai que l'on a souvent du mal à distinguer le véritable chrétien de celui qui ne l'est pas au sein de nos communautés), le diable utilise toutes sortes d'artifices plus ou moins grossiers. Je citerai les (fausses) paillettes d'or de Claudio Freidzon et de César Castellanos, les soi-disant plombages en or à Toronto, et aussi avec Anacondia, etc. Paul dit que « les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse, nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Co 1.22-23) car la seule source de salut n'a pas besoin de faire miroiter des richesses humaines pour convaincre de sa divine et sainte présence.
Vient ensuite l'adoration des anges avec Todd Bentley à Lakeland, laquelle, il faut le souligner, a été depuis longtemps précédée par la mariolâtrie catholique et le culte des saints. Paul dit : « Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2 Co 11.14). Les prétendues apparitions de Marie n'ont jamais glorifié Jésus, bien au contraire. C'est un détournement d'adoration dirigé par Satan. Les sanctuaires catholiques, à Lourdes ou ailleurs, sont tous bâtis pour glorifier Marie et détourner les croyants du culte qu'ils doivent rendre à Dieu seul. Toute cette mascarade est contraire à l'enseignement biblique que Jean rappelle dans sa mésaventure : « Je tombai à ses pieds (de l'ange) ; mais il me dit : Garde-toi de le faire ! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu. Car le témoignage de Jésus est celui de la prophétie. » (Ap 19.11).
Je pourrais encore citer la fausse démonologie qui propage la doctrine erronée qu'un chrétien peut être possédé, ou encore que le malade a forcément un démon. Combien d'hérésies et de dégâts irréversibles n'ont pas été accomplis au nom de la démonologie ! Ajoutons la crédulité de bon nombre de chrétiens qui pensent qu'ils peuvent hériter de malédictions prononcées contre leurs ancêtres, car on ne leur a jamais appris à faire la différence entre les promesses divines réservées à Israël et celles destinées à l'Église de Jésus-Christ. Ils sont donc maintenus sous la Loi par nos pasteurs mal enseignés qui y croient de bonne foi.
Je ne peux éviter de mentionner l'évangile de prospérité qui enrichit surtout les pasteurs aux dépens de leurs dupes, et qui a envahi quasiment toutes les églises africaines. À noter aussi la vente de fioles sensées contenir de l'huile sainte dont il faut asperger les murs et les fenêtres pour empêcher les démons d'entrer dans les maisons, ou asperger son véhicule pour éviter tout accident. Enfin, je ne peux manquer d'évoquer les prières, ou encore les bénédictions accordées à un chrétien pour lui-même, sa famille, ou ses affaires, moyennant une enveloppe bien rebondie. Un pasteur me témoignait récemment qu'un groupe de pasteurs étaient partis bénir la nouvelle maison d'un riche chrétien qui avait répudié sa femme, laquelle vivait désormais dans la pauvreté, et qui en avait pris une deuxième plus jeune. C'est de la simonie. C'est le retour aux indulgences, et cela existe chez nous, parce que certains pasteurs charnels sont emprisonnés dans leur vénalité.
André Thomas-Brès avait dénoncé dans son livre « le voile recousu » tous les abus de l'église catholique, mais force est de constater que nos églises ont remis les chrétiens sous la loi. Le légalisme règne en maître dans nos églises.
A l'inverse, notamment parmi les jeunes, se développent diverses doctrines, telles que le relativisme, selon lequel les textes bibliques sont certes vrais, mais ils doivent être relativisés. Tout ne serait pas à prendre à la lettre. Il serait normal, selon ce courant, de mentir pour se tirer d'affaire, ou encore d'avoir des relations sexuelles avant le mariage, etc. En résumé, il faudrait vivre avec son temps.
L'universalisme, quant à lui, prône qu'en fin de compte tout le monde sera sauvé. Le président Obama, qui se dit chrétien, avait lui-même déclaré qu'il croyait sincèrement que sa mère, musulmane, était sauvée, car ce qui compte avant tout, c'est de mener une vie remplie de charité et de bonnes actions. À quoi sert donc le sacrifice de Jésus, son sang coulé à la croix, qui nous sauve et nous rachète de nos péchés ? Il est vrai que le christianisme d'Obama peut laisser à douter puisqu'il vient de déclarer que, à son avis personnel, les homosexuels ont le droit naturel de se marier et d'adopter des enfants. Malheureusement, ses origines kényanes en ont fait pratiquement un dieu pour les Africains qui s'attendent toujours à des miracles sonnants et trébuchants de sa part. Ce faisant, il devient un modèle que beaucoup vont hélas suivre, dans tous ses dérèglements.
William Luj