Fondé par Kenneth Hagin, ce mouvement exerce une grande influence dans le milieu chrétien. Des prédicateurs connus, tels que Kenneth Copeland, Fred Price, Charles Capps, Benny Hinn, Jerry Savelle, etc. disent que Hagin leur a ouvert les yeux sur l'efficacité de la « confession positive » pour recevoir santé et prospérité. D'abord implanté aux États-Unis, ce mouvement, très attirant par ses promesses alléchantes, s'est rapidement répandu dans le monde entier, notamment dans les pays pauvres ou émergents, où leur littérature est abondante. Son enseignement pénètre surtout les milieux charismatiques, mais pas seulement. Le message enseigne que le chrétien peut posséder une santé parfaite et jouir d'une prospérité constante. Ils s'appuient pour cela sur une parole de Jésus, tirée hors du contexte global de l'Écriture : « Je vous le dis en vérité, si quelqu'un dit à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et s'il ne doute point en son coeur, mais croit que ce qu'il dit arrive, il le verra s'accomplir. C'est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez s'accomplir » (Mc11.23-24).
Selon Samuel et Dorothée Hatzakortzian, c'est en s'appuyant sur ces deux versets, ainsi que sur des expériences personnelles de Hagin, qu'ils encouragent leurs disciples à confesser qu'ils possèdent toutes choses « par la foi » et qu'ils n'ont pas besoin de se soucier de la situation dans laquelle ils se trouvent. C'est ainsi qu'une personne se doit d'affirmer que son cancer a disparu, même si celui-ci est encore visible et constaté par le médecin. Il en est de même du port de lunettes, d'une jambe amputée, du Sida, ou d'un énorme découvert à la banque.
L'essence même de cette doctrine consiste à avoir la conviction de posséder ce que l'on a confessé. Il s'agit d'une fausse et dangereuse conception de la foi, car elle est basée sur des textes pris hors de leur contexte comme le célèbre passage biblique de 3 Jean 2.
Les adhérents à cette doctrine rejettent les passages de l'Ecriture différents de celui qu'ils veulent démontrer. Leur foi ne considère pas l'ensemble des Écritures. Ils ne laissent pas la Bible s'interpréter elle-même. Ils refusent la souffrance et ils ignorent la souveraineté de Dieu. Selon eux, un chrétien ne devrait jamais être malade et s'il l'est, il doit toujours être guéri. Si l'on suit ce raisonnement anti-scripturaire, lorsque Paul a laissé Trophime malade à Milet (2 Tm 4.20), il devait certainement manquer de foi !
S'appuyant sur Hébreux 11.3, « C'est par la foi que nous reconnaissons que l'univers a été formé par la parole de Dieu, en sorte que ce qu'on voit n'a pas été fait de choses visibles », Kenneth Hagin écrit : "Comment Dieu fit-il ? Il a cru que ce qu'il disait se réaliserait. Il a prononcé une parole et la terre exista. Il a parlé pour créer le règne végétal. Il a parlé pour créer le règne animal ... Il dit et cela fut. Voilà la foi de Dieu. Dieu a cru que ce qu'il disait arriverait et il en fut ainsi. Jésus a manifesté cette foi de Dieu devant ses disciples, et leur a appris qu'ils avaient en eux cette sorte de Foi, selon laquelle l'homme croit en son coeur, dit ce qu'il croit et obtient ce qu'il dit. Si vous ajoutez : "Je désire avoir une telle foi ; je vais prier Dieu de me la donner", vous perdez votre temps."
Pour propager sa doctrine sur la confession positive de la foi, Hagin a développé des cassettes d'enseignement. Dans son ouvrage cité en référence, il enseigne comment entraîner l'esprit humain, et donne le témoignage d'un « chrétien » qui, après avoir écouté et réécouté sa cassette enregistrée, matin, midi et soir, des centaines de fois, est devenu millionnaire. Cet homme disait qu'il se laissait conduire selon ce que son esprit lui conseillait d'investir ici ou là, ou encore quel terrain acheter. Le tout est d'obéir immédiatement à ce que son esprit lui dit de faire et d'y mettre toute sa foi.
Plusieurs choses sont à relever. D'abord, il ne s'agit pas de se laisser conduire par le Saint-Esprit mais par son propre esprit d'homme. Ensuite, « des centaines de fois », cela relève de la méthode Coué ; il s'agit ici d'autosuggestion, de lavage de cerveau. Enfin, rejeter le Saint-Esprit, si tant est qu'on l'ait jamais eu, est le meilleur moyen de se laisser envahir et diriger par un démon. Sur ce sujet encore, Hatzakortzian cite Kenneth Hagin :
"Avez-vous jamais pensé, dit-il, à la possibilité d'avoir foi en votre propre foi ? Manifestement, Dieu a foi dans sa propre foi, puisqu'il prononce des paroles de foi et qu'elles s'accomplissent ... En d'autres termes, avoir foi dans vos paroles, c'est avoir foi en votre foi. C'est ce que vous devez apprendre pour obtenir ce que vous demandez à Dieu. Ayez donc foi en votre propre foi."
Quelle confusion ! Mais nous devons aller plus loin pour découvrir d'où Kenneth Hagin lui-même a reçu cet enseignement, car beaucoup de chrétiens ignorent l'origine occulte de ce mouvement. L'historien chrétien Dan McConnell nous informe que c'est E.W. Kenyon, un pasteur américain du début du vingtième siècle, qui est à l'origine des principales hérésies de ce mouvement. Voici ce qu'il dit :
"Kenneth Hagin (le père actuel du mouvement de la « parole de foi ») a plagié une bonne partie de la théologie de E. W. Kenyon. Tous les leaders de ce mouvement de la foi, y compris Kenneth Hagin, Kenneth Copeland, qu'ils l'admettent ou pas, sont les fils et petits-fils spirituels de E.W. Kenyon. C'est donc Kenyon et non Hagin (quoiqu'il dise) qui a formulé les principales doctrines de cet actuel "mouvement de la foi". Les racines de la théologie de Kenyon remontent à ses contacts avec deux sectes telles que le "New Thought" (Nouvelle Pensée de Charles Wesley Emerson) et la "science chrétienne". La théologie de Kenyon reflète l'étrange amalgame d'un christianisme biblique avec une philosophie occulte et hérétique."
L'historien des religions, Dan McConnell rapporte encore ceci :
"John Kennington connaissait Kenyon d'une manière très intime et le considérait comme son conseiller spirituel. Cependant, petit à petit, il se rendit compte que son enseignement était imprégné des idées de la « science chrétienne ». Et un jour, dans une conversation avec lui, il lui fit remarquer que ce qu'il enseignait ressemblait beaucoup à la "science chrétienne". Kenyon l'admit et je me rappelle encore ce qu'il dit : "Tout ce qui manque à la science chrétienne, c'est le sang de Jésus-Christ". Il connaissait très bien cette doctrine et ses origines. Puis il reconnut qu'il puisait abondamment à cette source ... Ern Baxter, un prédicateur charismatique, croit aussi qu'il était sans aucun doute influencé par la fondatrice de la science chrétienne. Un jour, Kenyon lui aurait aussi déclaré qu'il y avait beaucoup de bonnes choses dans les écrits de Marie Eddy Baker. Ceci m'a profondément alarmé dit-il, et je me suis rendu compte que la foi de Kenyon n'était pas fondée sur les Écritures seulement, mais qu'il était aussi influencé par des concepts métaphysiques, c'est-à-dire un système philosophique et religieux qui croit que l'homme, par ses pensées et ses paroles, peut contrôler et créer ce qu'il désire."
L'influence de Kenyon sur "le mouvement de la foi" ne provient donc pas de son interprétation biblique, mais plutôt d'un amalgame de pensées provenant des sectes métaphysiques qu'il a fréquentées de son temps (New Thought, Unity, la pensée positive, la confession positive, etc.).
La triste réalité est que, dans ce mouvement de la foi, ce sont les influences occultes et non bibliques qui occupent la première place.
Là se trouve la raison de son succès dans beaucoup d'églises aujourd'hui. "Comme un peu de levain fait lever toute la pâte" (Ga 5.9), cet enseignement pernicieux s'est répandu subtilement par le moyen de différents serviteurs de Dieu (Hagin, Copeland, Price et Capps) qui l'ont même radicalisé en lui donnant une importance toujours croissante.163
Cette théologie de la foi est centrée sur l'homme. Elle est basée sur une mauvaise traduction du passage des Saintes Écritures en Marc 11.22 : « Ayez foi en Dieu ». Ils en tordent le sens en traduisant : « Ayez la foi de Dieu ». Jésus ne conférait pas une sorte de divinité aux hommes qui avaient la foi, il exhortait les hommes à mettre leur foi, c'est-à-dire leur confiance, en Dieu, en sa personne, en son caractère et en son oeuvre rédemptrice. Par contre, par leur attitude, les leaders de ce mouvement réduisent la foi en une dangereuse formule abstraite hérétique. La foi biblique est toujours centrée sur Dieu et non sur l'homme. Par ailleurs, les adhérents de cette confession positive présentent souvent l'homme comme le souverain, et Dieu comme le serviteur. Une telle attitude place Dieu au service de l'homme et non l'homme au service de Dieu comme la Bible l'enseigne. Dans leur relation avec Dieu, ils donnent la priorité à leurs désirs et ils considèrent cela comme un signe d'autorité. Ils oublient que l'autorité du chrétien n'existe que lorsque ses désirs sont en harmonie avec la volonté souveraine de Dieu. Paul dit : « C'est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur » (Ep 5.17). Quand le croyant reconnaît la souveraineté de Christ dans sa vie, il ne cherche pas à lui donner des ordres, mais plutôt à obéir, plaire à son Maître, et le servir.
Les dirigeants de la confession positive ont également une conception hérétique du sacrifice expiatoire de Jésus. En résumé, Jésus n'aurait pas seulement porté nos péchés sur la croix, mais il serait devenu pécheur, prenant, en passant par la mort, la même nature que Satan. Il en découlerait, toujours selon eux, que Jésus, devenant un avec ce dernier, soit devenu aussi, mort spirituellement. À partir de ce moment-là Jésus aurait cessé d'être Dieu. Le Père l'aurait alors laissé souffrir en enfer pendant trois jours, avant de le faire naître de nouveau. Nous sommes ici en présence de véritables élucubrations.
Une autre hérésie de ce mouvement est que l'homme, une fois « né de nouveau », devient « un petit dieu ».
Tous les prédicateurs du mouvement de la foi, Hagin, Copeland, Benny Hinn, etc. propagent cette fausse doctrine de la « déification de l'homme ». Nous sommes en plein Nouvel Âge. Hélas, cette doctrine a envahi les églises dans le monde et notamment en Afrique. Elle prend racine dans nos assemblées, malgré nos invocations superstitieuses sans cesse répétées : « Au nom de Jésus ». De plus, le vrai croyant devra admettre que, si le nom de Jésus est souvent cité dans les prières, nos pasteurs et leurs chrétiens recherchent avant tout le (Saint) Esprit, oubliant Jésus et tout ce qu'il nous a enseigné sur la mission du Saint-Esprit.
Hagin a aussi des problèmes au niveau de la démonologie. Il écrit : « Vous pouvez avoir un démon dans votre corps sans pour cela être possédé par un démon. » Et d'ajouter à plusieurs reprises que l'on ne peut pas chasser un démon d'une personne si le possédé n'est pas d'accord. Cette déclaration n'est pas conforme à l'enseignement des Saintes Écritures, ni d'ailleurs à mes nombreuses expériences vécues au cours de mon ministère. Dans son épître à Tite, l'apôtre Paul dénonçait déjà « les religieux rebelles, les vains discoureurs et les séducteurs, qui bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux ce que l'on ne doit pas enseigner » (Tt 1.10).
En guise de synthèse, le mouvement de la « Parole de foi » répand une doctrine centrée sur la réussite, la prospérité, l'avancement, le gain, la santé et la force. Selon eux, cela exige des connaissances révélées ; elle réduit Dieu à un produit de notre foi, elle fait de Jésus un simple homme « né de nouveau » ; elle exalte l'homme et fait de lui l'égal de Jésus ; elle fait de l'homme un dieu ; elle transforme la rédemption de l'homme en une restauration de la capacité de dominer ; son but est de transformer la terre par la domination spirituelle ; la « confession positive de la foi » remplace la prière, et la manipulation des « forces puissantes qui résident dans l'esprit humain » remplace la soumission à la volonté de Dieu ; elle nie la réalité du péché et de la maladie ; elle met l'accent sur le moi et sur le monde, au lieu de le mettre sur Dieu et sur le Ciel. C'est le nouvel âge qui a infiltré et agit déjà dans la troisième vague, qui constitue la plus grande partie du « mouvement de Pentecôte » aujourd'hui.
Hatzakortzian nous interpelle à ce sujet :
Ne pensons jamais que les fausses doctrines enseignées dans certaines églises ne peuvent pas empoisonner le reste du Corps de Christ. Comme un peu de levain (fausse doctrine) fait lever toute la pâte (Ga 5.9), l'hérésie qu'un seul pasteur (ou un seul chrétien) a acceptée et répandue autour de lui, se propagera ensuite dans des directions imprévisibles et surprenantes (Ga 5.9-12).168
William Luj