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LA GRÂCE ET LA JUSTICE DE DIEU


Ceux qui sont sceptiques sur la doctrine de l’élection (ou qui s’y opposent) lui reprochent principalement de donner à Dieu l’apparence d’être injuste. Effectivement, cela semble être le cas, si l’on évalue ce qui est « juste » selon des critères d’humaines déchus. On se dit : "Pourquoi Dieu ne traite-t-il pas tout le monde de la même façon ? Moi, c’est ce que je ferais". Cependant, Dieu ne pense pas comme nous, ni ne fait les choses comme nous les faisons. « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel » (Es 55:8). Il est plus sage et plus juste que nous. On ne peut l’évaluer selon aucun standard humain. Rappelons-nous les paroles de l’apôtre Paul qui dit : « ö profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » Et il ajoute : « Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! » (Rom 11:33)


De plus, lorsque nous nous interrogeons sur la doctrine de l’élection, nous ne devons pas nous demander : « Pourquoi Dieu ne sauve-t-il pas tout le monde ? », mais bien : « Pourquoi Dieu sauve-t-il qui que ce soit ? » Il n’est certainement pas obligé de nous faire miséricorde. C’est ce qui caractérise la grâce.


En matière d’élection, lorsque nous considérons ce qui est juste, nous devons mettre de côté toute présomption et toute norme humaines. Il faut plutôt mettre l’accent sur la nature de Dieu. Cela suscite une nouvelle question : Qu’est-ce que la justice de Dieu ? En peu de mots, c’est un des principaux attributs de Dieu selon lequel il fait ce qu’il veut de façon infiniment parfaite. Comme William Perkins l’a déjà souligné : « Nous ne devons pas penser que Dieu fait une chose parce qu’elle est bonne et correcte parce que Dieu l’a voulue ainsi et l’a réalisée. » Dieu définit la justice. Il est par nature juste et droit, et tout ce qu’il fait reflète sa nature. Par conséquent, tout ce qu’il fait est juste. Sa propre volonté, et rien d’autre, détermine ce qui est juste, parce que tout ce qu’il veut est juste ; et cela est juste parce qu’il le veut ainsi, et non le contraire. Il n’y a aucune norme de justice plus élevée que Dieu lui-même.


Luc 4 rapporte un bref incident qui a eu d’énormes répercussions. Jésus enseignait dans la synagogue de Nazareth. On lui remit le rouleau des Écritures, et il déroula jusqu’au prochain passage à lire, dans Ésaïe. Luc 4:18-19 rapporte ce qu’il a lu : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur. »


« Ensuite, il roula le livre, le remit au serviteur et s’assit. Tous ceux qui se trouvent dans la synagogue avaient les regards fixés sur lui. Alors il commença à leur dire : Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, qe vous venez d’entendre, est accomplie » (v21). En d’autres mots, celui que le prophète avait annoncé était là devant eux.


Et Luc ajoute : « Et tous lui rendaient témoignage ; ils étaient étonnés des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, et ils disaient : « N’est-ce pas le fils de Joseph ? » (v22). Ils connaissaient Joseph, mais rien à son sujet n’aurait pu expliquer que son fils soit l’homme tout à fait extraordinaire qui se tenait devant eux.

« Jésus leur dit : Sans doute vous m’appliquerez ce proverbe : Médecin, guéris-toi-même ; et vous me direz ; Fais ici, dans ta patrie, tout ce que nous avons appris que tu as fait à Carpernaüm » (v23). Jésus-Christ savait qu’ils voudraient des preuves démontrant qu’il était celui qu’il disait être, une manifestation miraculeuse de son pouvoir.


« Mais, ajouta-t-il, je vous le dis en vérité, aucune prophète n’est bien reçu dans sa patrie. Je vous le dit en vérité : il y a fait plusieurs veuves en Israël du temps d’Élie, lorsque le ciel fut fermé trois ans et six mois et qu’il y eut une grande famine sur toute la terre ; et cependant Élie ne fut envoyé vers aucune d’elles, si ce n’est vers une femme veuve, à Sarepta, dans le pays de Sidon. Il y avait aussi plusieurs lépreux en Israël du temps d’Élisée, le prophète; et cependant aucun d’eux ne fut purifié, si ce n’est Naaman le Syrien » (v 24-27)


Cette réponse est pour le moins inusitée. Que leur disait-il au juste ? Tout simplement que Dieu n’avait pas ordonné que tous soient guéris. De plus, Dieu lui-même a déterminé quelle veuve serait sauvée de la famine et quel lépreux serait guéri. Cela ne dépendait pas du libre arbitre de l’homme. Même les miracles du Christ seraient réalisés selon la volonté souveraine de Dieu et non pas en réponse aux requêtes des gens de la ville où Jésus était né. En réalité, il leur disait ceci : « Vous pensez peut-être que je vais faire dans ma ville ce que j’ai fait à Capernaüm, mais Dieu n’agit pas ainsi, puisque Dieu agit souverainement selon son bon vouloir. »


Et voilà qu’au verset 28 nous lisons la première réaction relatée dans le Nouveau Testament quant à la doctrine de l’élection : « ils furent tous remplis de colère dans la synagogue, lorsqu’ils entendirent ces choses. »


La vraie question consistait à savoir s’ils pouvaient tolérer que la grâce de Dieu ne repose que sur le conseil de sa propre volonté. Pouvaient-ils accepter l’élection souveraine de Dieu ? Dans la synagogue même de la ville natale de Jésus, des adorateurs respectables détestaient cette vérité.


Dans Apocalypse 19:6, nous lisons : « Alléluia ! Car le Seigneur, notre Dieu tout-puissant, est entré dans son règne. » Tant dans les cieux que sur la terre, il est le régisseur et le dispensateur de toutes ses créatures. Il est le Très-Haut et « tous les habitants de la terre ne sont à ses yeux que néant ; il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise : Que fais-tu ? » (Da 4:35). Il est le Tout-Puissant qui fait toutes choses selon le conseil de sa propre volonté. Il est le divin potier qui prend des pécheurs bons à rien et les transforme en récipients nobles et utiles. Les Écritures décrivent la nature humaine déchue comme une masse d’argile - sale et informe qui, laissée à elle-même, finirait par durcir et devenir sans valeur et dégoûtante. De ce tas de boue, le divin potier forme des objets uniques pour différentes utilités. Comme le potier humain fabrique tant des cendriers que de beaux plats de service, le divin potier façonne aussi bien des vases d’honneur que d’un usage vil (Rom 9:21), certains démontrent sa grâce et sa gloire, et d’autres servent de vases à sa colère. ainsi, toute manifestation de son caractère saint, incluant sa haine absolue du péché, est mise en évidence selon sa volonté souveraine. De plus, les Écritures affirment qu’il accomplit toujours son parfait dessein avec patience et bonté, jamais avec malice ou intention malveillante : « Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère prêts pour la perdition, et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ? » (v22-23).


En dernière analyse, Dieu décide de la destinée de tout homme et la détermine. Notre créateur et notre souverain légitime gouverne minutieusement chaque détail de son univers - ce qui revient à dire qu’il est Dieu, le Souverain et le Seigneur tout-puissant.


À vrai dire, la seule raison de croire en la doctrine de l’élection, c’est qu'on la retrouve dans la Parole de Dieu. Une telle doctrine ne peut venir ni d’un homme ni d’un comité d’hommes. Il en est de même pour la doctrine de la perdition éternelle : elle se heure à toutes les inclinations naturelles et à toutes les préférences de la pensée humaine et charnelle. Dans un coeur non régénéré, elle provoque des sentiments de grande aversion. Comme la doctrine de la Sainte Trinité et celle de la naissance miraculeuse de notre Sauveur, la doctrine de l’élection doit être adoptée avec une foi simple, solennelle et ferme, parce que Dieu nous l’a révélée. Ceux qui possèdent une bible et croient ce qu’elle dit n’ont pas d’autre choix.


Même la prédestination, mentionnée dans 1 Pierre 1:20, ne doit pas être confondue avec la prescience. Si Dieu n’usait que de prescience, l’homme serait souverain et digne d’éloges puisqu’il aurait le mérite d’avoir fait le bon choix en cherchant Dieu et en croyant en lui. Ce genre d’enseignement est une atteinte à la souveraineté de Dieu ; il le présente comme un Être qui, du ciel, espère et attend que l’homme se repente lui-met en usant de son libre choix. D’après ce point de vue, la prédestination n’est rien d’autre que l’aptitude de Dieu à scruter l’avenir et à observer ce que feront ses créatures.


Dans 1 Pierre 1:20, il est dit du Christ qu’il était « prédestiné avant la fondation du monde » à être l’Agneau de Dieu sans défaut et sans tâche, qui verserait son sang pour racheter son peuple; Ce verset ne parle pas d’une chose que Dieu a prévue en observateur passif ; c’est une description du plan de salut qu’il a souverainement ordonné avant la fondation du monde.


Quand nous percevons que la justice deDieu représente son caractère et qu’elle n’est pas sujette à des hypothèses déchues, nous commençons à comprendre que Dieu, selon sa souveraineté, indique que tout ce qu’il fait est non seulement juste, mais aussi parfait. Le Créateur ne doit rien à ses créature, même dans ce qu’il lui plaît de donner par grâce. Dieu fait exactement ce qu’il a décidé de faire, et rien ne peut le contraindre ni le dominer. C’est cette essence même que nous confessons lorsque nous le reconnaissons comme le Dieu tout-puissant.



John MacArthur




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