top of page

LE DÉCLIN DES MINISTÈRES


La cause majeure du déclin des églises réside dans le fait que les ministères se sont laissés distraire des responsabilités qu'ils auraient dû exercer. Le remède ne sera pas loin d'être trouvé quand ces ministères auront compris que leur priorité absolue est d'être eux-mêmes profondément spirituels, complètement réveillés et d'aplomb sur la parole de Dieu. Les apôtres l'avaient bien compris : « Il n'est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. . . .Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la Parole » (Lc 2.41-46). Les causes du déclin spirituel sont multiples. Toutefois, chaque serviteur de Dieu devrait d'abord reconsidérer son propre état spirituel. Un dicton japonais dit que : « Le poisson commence toujours par sentir mauvais par la tête. » Pourquoi ne pas faire un parallèle en disant que si l'église ne va pas bien, la raison première est à chercher chez les pasteurs et les responsables de l'église. Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous admettrons notre manque de sanctification personnelle et d'onction fraîche. Nous n'avons pas assez de sainteté dans notre vie, ni de renoncement à nous-mêmes. Nous ne recherchons pas Jésus pour lui-même, ni sa parole pour nous-mêmes, ni le revêtement de puissance pour servir l'église. Nous ne passons pas assez de temps aux pieds du Maître. En réalité, les ministères sont beaucoup trop occupés par toutes sortes de choses qui les ont distraits de l'oeuvre fondamentale de la conversion des pécheurs et de la sanctification des chrétiens. Nul ne peut nier le souci des ministères, dans certains pays émergents, de pourvoir aux besoins existentiels de leur famille, et donc de leur obligation d'une activité rémunérée. Toutefois, il faut aussi admettre que, dans une large mesure, beaucoup se sont égarés dans de vaines disputes, consacrant leur énergie au gouvernement de l'église, à toutes sortes de procédures ecclésiastiques, à la gestion de conflits doctrinaux et combien d'autres encore. Souvent, ils recherchent l'harmonie à tout prix, le consensus ou une fausse paix, entraînant ainsi compromis et compromissions, afin de ne pas perdre la face ni de la faire perdre à celui dont ils auront peut-être besoin un jour. Enfin, hélas, certains perdent leur temps à courir après les biens terrestres, et à satisfaire leurs ambitions personnelles.


En fait, il semble évident que les ministères n'accomplissent pas la mission pour laquelle ils ont été appelés, s'ils l'ont jamais été, car beaucoup ont recherché le titre, les honneurs, et, il faut bien l'avouer, les gains que pourraient rapporter la « vocation ». Rappelons combien la responsabilité que le Grand Berger des brebis nous a confiée est grande, de conduire le troupeau du Seigneur dans les verts pâturages, auprès des eaux tranquilles. Hélas, au lieu de cela, si les serviteurs ne sont pas totalement consacrés à Jésus, s'ils ne sont pas oints du Saint-Esprit, s'ils ne sont pas remplis de foi ni de puissance, ils ne pourront pas conduire le troupeau vers la liberté et la maturité en Christ, mais ils le ramèneront sous un esprit de contrôle, dans le légalisme, dans le sectarisme, dans le mysticisme ; ils le laisseront nu et orphelin, exposé à tout vent de doctrine, et vulnérable dans ce temps d'apostasie que nous vivons actuellement.


L'avènement de l'Internet et l'expansion foudroyante des médias ont permis de dévoiler au grand jour l'immoralité grandissante dans le milieu ecclésial et pastoral, semant le trouble parmi les croyants et les non-croyants. Dans la Revue "Christianisme Aujourd'hui," Joël Reymond précise : Eric D. Rust, "Le leadership de soi : Apprendre à diriger sa propre vie pour mieux diriger les autres."


Alertés par ce qu'ils diagnostiquaient comme une augmentation générale des scandales et de l'immoralité générale, quoique particulière à leur milieu, cinquante grands responsables charismatiques se sont réunis en Floride en janvier 2004 et ont signé une déclaration sur le ministère, dite déclaration d'Orlando. L'accent était porté sur l'usage des « titres » (pasteur, apôtre, prophète, etc.) et les abus de pouvoir, l'intégrité personnelle, la notion de redevabilité et l'activisme spirituel.


Au lieu d'être le modèle saint voulu et donné par Jésus à son Église, de nombreux serviteurs ont une vie qui ne glorifie pas Dieu. Eric D. Rust écrit : Il se passe rarement une semaine sans que nous apprenions qu'un leader s'est disqualifié au ministère. Nous attribuons cet échec à un compromis sexuel, à une magouille financière, à la soif de pouvoir ou à un piètre leadership. Mais ces échecs pourraient bien n'être que les symptômes visibles d'une faillite personnelle plus profonde. En étudiant le problème de plus près, nous découvrirons le plus souvent que le leader a négligé sa propre vie.


L'Orgueil Pastoral

Il est à noter aussi une certaine « mondanité évangélique », une forme d'orgueil pastoral, la course aux diplômes et aux titres, la dimension de l'église locale, une ambition dirigée vers le « paraître » au lieu de l'« être ». Là aussi, ces déviances commencent à affecter toute l'Église. Peut-être s'agit-il là d'un réel besoin de connaissances afin de parfaire son ministère ? Dans ce cas, nous ne pouvons que remercier notre Seigneur. Mais il peut aussi s'agir d'un besoin de reconnaissance ? D'une part, les connaissances reconnues et attestées par un diplôme peuvent être un marchepied ou un tremplin pour de hautes fonctions. D'autre part, les diplômes sont monnayables. Là encore, à chacun le soin de juger pour soi-même ses réelles motivations. Est-ce une question d'argent, d'orgueil, un besoin de reconnaissance, un moyen de combattre un complexe d'infériorité, ou tout simplement un profond désir d'être mieux formé pour mieux servir Dieu ? Je rappellerai que le très réputé Jules-Marcel Nicole avait seulement une licence en lettres et une licence en théologie. Alfred Kuen avait un doctorat en droit mais, sans aucun diplôme en théologie, il a écrit plus de soixante livres de théologie qui remplissent les bibliothèques des universités de théologie les plus reconnues. André Thomas-Brès n'avait aucun diplôme mais nous a laissé une fameuse « Histoire d'Israël » ainsi que d'autres livres très intéressants. Déjà au dix-neuvième siècle, le philosophe et théologien, homme religieux et passionné, Kierkegaard partit en guerre contre l'Église danoise de son temps, reprochant à ses ministres de courir après les titres et les distinctions honorifiques et de pervertir le message de Christ.


William Luj



59 vues
bottom of page