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JÉSUS DÉMONTRE SON AMOUR PAR DU RETARD




Si souvent, Dieu nous surprend. C’est ce que pensait Moïse. Jeune homme, il pensait qu’il allait provoquer une révolution. Mais il a fini par se retrouver au fond d’un désert pendant un demi-siècle environ. Et finalement, quand Dieu l’a appelé, Moïse avait déjà 80 ans, un âge approprié pour prendre sa retraite et ralentir. De plus, Moïse n’avait pas le don de la parole, il n’était pas à l’aise pour parler en public. C’était un peu surprenant que Dieu appelle un octogénaire. Je dois dire que j’ai de plus en plus de sympathie pour les octogénaires.


Habakkuk a également trouvé cela un peu surprenant. Dieu est surprenant. Il pouvait comprendre comment Dieu pouvait utiliser une superpuissance régionale pour châtier le peuple de son alliance à cause de son idolâtrie. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était comment Dieu pouvait utiliser une superpuissance régionale qui, sur tous les graphiques, était socialement plus corrompue, plus violente et plus démunie de grâce et de piété que le peuple israélite auquel elle était envoyée pour le châtier. Comment Dieu pouvait-il faire cela ?


Paul pensait que Dieu était un peu surprenant. Lui pouvait prier pour les gens et ils étaient guéris. Il voyait la main de la puissance de Dieu dans le soulagement de la maladie. Maintenant, il a cette épine dans la chair, un messager de Satan pour le tourmenter, et il prie à ce sujet. Et Dieu dit : « Je ne le ferai pas. Je te donnerai la grâce à la place. » Cette réponse ne satisfit pas du tout Paul au début. Il pria avec diligence, mettant de côté des temps d’intercession répétés dans chaque prière jusqu’à ce qu’il apprenne : « Ma grâce te suffit ». Si souvent, Dieu nous surprend.


Et puis, bien sûr, il y a Abraham. Il lui est promis ce fils qui se montre enfin, et puis Dieu dit à Abraham d’immoler le garçon.


Mais l’une des choses les plus frappantes dans l’évangile est qu’au fond, c’est un évangile de surprises. Qui, parmi les apôtres, avait anticipé que Dieu rachèterait son peuple en envoyant son Fils mourir pour lui en prenant sa place ? Qui s’attendait à ce que Jésus ressuscite d’entre les morts ? Pas les femmes qui sont allées au tombeau ; elles ont apporté du baume à verser sur son corps. Pas les apôtres ; eux étaient occupés à se cacher dans une chambre à l’étage. Ils ne disaient pas : « Oui, j’ai hâte d’être à dimanche ». Ils avaient peur d’être arrêtés et crucifiés eux-mêmes. L’Évangile est l’Évangile de la surprise.


Malgré tous les passages des Écritures de l’Ancien Testament qui anticipent la venue d’un Messie, qui allait être un serviteur, un agneau mis à mort, un roi glorieux, un conquérant triomphant et un sacrifice sanglant, et malgré toutes les Écritures qui parlent dans ce sens – beaucoup d’entre elles utilisant la typologie plutôt qu’une simple prédiction verbale pour indiquer cette direction – la vérité est que, dans l’ensemble, une attente précise ne fut pas saisie. C’est pourquoi, lorsque Jésus marche avec deux disciples sur la route d’Emmaüs, après la résurrection, il peut les réprimander et dire : « Ô hommes insensés et lents à croire, tout ce que les prophètes ont écrit. Le Christ ne devait-il pas souffrir ? » (Luc 24:25). Le fait demeure, c’était une surprise.


Aussi quand nous en venons à ce passage, où Jésus démontre qu’il est, lui-même, la résurrection et la vie, ce texte est caractérisé par la succession de surprise après surprise, après surprise, jusqu’à ce que nous arrivions à la plus grande surprise de toutes dans les évangiles.


Surprise n°1 : Jésus démontre Son amour par du retard


Numéro un, Jésus entend une supplication désespérée de demande de secours et il démontre Son amour en tardant. En Jean 11:1–16, nous sont présentés Lazare, Marie et Marthe. J’aime cette description : « Seigneur, celui que tu aimes est malade ». Avez-vous remarqué cela même dans une église avec un bon pasteur ? Presque tout le monde dans l’église pense qu’il est l’ami spécial du pasteur. Ils se sentent aimés. Et c’est vrai aussi dans les grandes relations familiales. L’une des choses remarquables de l’Évangile de Jean est que l’évangéliste s’appelle simplement « celui que Jésus aimait ». Cela ne signifie pas « Il m’aime plus que toi ». C’est juste qu’il se sent tellement aimé que cela devient la façon dont il aime se désigner : « celui que Jésus aimait ». Nous voyons aussi comment les sœurs se réfèrent à leur frère Lazare qui est malade : « Seigneur, celui que tu aimes est malade ».


N’est-ce pas merveilleux qu’en interagissant avec nos relations, notre famille et ceux dont nous sommes responsables, nous puissions nous considérer comme « celui que Jésus aime » ? N’est-ce pas ce pour quoi Paul prie dans Éphésiens 3 ?

Afin que vous … puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. (Éph. 3:18–19)


En d’autres termes, Paul prie pour que ces chrétiens soient mûrs. L’implication est que vous ne pouvez pas être mûr, à moins que vous ne fassiez l’expérience, de plus en plus pleinement, que vous êtes aimé de Dieu. Cette expérience de maturité spirituelle se retrouve déjà dans les relations terrestres personnelles de Jésus, « celui que tu aimes est malade ».


Quand Il entendit cela, Jésus déclara, en Jean 11:4 : « Cette maladie n’ira point à la mort ». Eh bien, ça ne se terminera pas par la mort, ça passera par la mort en cours de route. « Non, c’est pour la gloire de Dieu ». Non pas pour que Dieu reçoive la gloire – ce n’est pas l’idée ici – mais pour que la gloire de Dieu soit manifestée. La maladie de Lazare s’est produite pour la mise en valeur de la gloire de Dieu, simultanément exposée dans la gloire du Christ, alors que Jésus ressuscite Lazare d’entre les morts. C’est pourquoi cet homme est si malade.

Jean utilise le terme de transition « Aussi » (Jean 11:6), et c’est un mot fort. « Par conséquent, lorsqu’il apprit que Lazare était malade, il resta là où il était deux jours de plus ». Que pensez-vous de cette démonstration d’amour ? « Oh, j’aime vraiment mon disciple, Lazare. Donc, quand j’apprends qu’il est assurément malade, je reste deux jours de plus avant de partir l’aider ». C’est ce que dit le texte ! Et en fait, le rôle du temps est souligné encore et encore et encore dans le récit. On nous dit qu’il attend deux jours. Et puis, au bout de deux jours, il dit : « Retournons en Judée ». Et il s’avère, dans la conversation suivante, que Jésus a appris de façon surnaturelle que Lazare, entre-temps, est mort. Il entend donc que Lazare est malade, attend deux jours, sait que Lazare est mort, puis veut retourner dans le sud, à environ trois jours ou trois jours et demi de marche.

Après que Jésus fut arrivé (Jean 11:17), il découvrit que Lazare avait été mis au tombeau depuis quatre jours. Ainsi, s’il s’était mis en route immédiatement, Lazare serait quand même déjà mort. Il serait mort depuis deux jours. Pourquoi attendre deux jours de plus ? La mort est toujours la mort. Mais la signification de ces quatre jours est soulignée à maintes reprises dans le livre. Par exemple, plus loin en Jean 11:35. « Seigneur, à cette heure, il y a une mauvaise odeur car il est là depuis quatre jours ». Nous ne savons peut-être pas comment se déroulaient les enterrements dans les pays chauds, où la coutume était d’enterrer le défunt dans les premières 24 heures. Il n’y avait pas d’embaumement, sauf si vous veniez de maisons excessivement riches, et même dans ce cas, le processus pouvait prendre des mois. Lazare était mort et enterré et se décomposait suffisamment pour que, comme le dit de façon mémorable la version du roi Jacques : « à ce moment, il pue ».


Parce qu’il n’y avait pas d’embaumement et pas de praticiens médicaux du type contemporain qui sont nécessaires pour déclarer une personne morte aujourd’hui. Parfois, le cœur se mettait à fibriller. La respiration était si superficielle qu’on ne pouvait même pas la détecter. On a rapporté que des personnes ont été transportées dans leur cercueil jusqu’à la tombe lorsque soudain, alors qu’elles étaient transportées, on a entendu un tic-tac, un tic-tac, le corps à l’intérieur s’était réanimé. Cela a donné lieu à un certain nombre de théories juives. Par exemple, dans un document du premier siècle, on peut lire : « Lorsqu’une personne meurt en apparence, l’âme plane au-dessus du corps du défunt pendant les trois premiers jours, dans l’intention de s’y réintroduire, mais dès qu’elle voit que son apparence change [c’est-à-dire lorsque la décomposition est irréversible], elle s’en va ».


Je ne veux pas dire que Jésus y croit. Mais il savait très bien que s’il avait guéri Lazare ou s’il l’avait apparemment ressuscité d’entre les morts après seulement deux jours, certaines personnes dans la foule auraient dit : « Deux jours seulement, l’esprit est toujours là. Impressionnant, mais pas tant que ça ». Mais après quatre jours, à ce moment-là, « il pue ». Jésus aimait Lazare, et Marie et Marthe, donc il a attendu deux jours de plus. Et en attendant ces deux jours, il a établi une certitude si spectaculaire de la mort de Lazare que, lorsqu’il l’a ressuscité des morts, personne ne pouvait rien dire de calomnieux, de cynique ou de sceptique.


« Je suis heureux de ce que je n’étais pas là », dit Jésus, « à cause de vous afin que vous croyiez ». Il voulait qu’ils croient qu’il avait réellement la puissance de ressusciter authentiquement les gens d’entre les morts sans histoires effrayantes de départs tardifs des esprits et ce genre de choses. Jésus démontre son amour dans ce cas, par un retard.


Et c’est souvent le cas. C’est l’enfant qui vit dans l’immédiat. Notre fils, quand il avait trois ans, ou trois ans et demi, avait l’appétit vorace d’un adolescent. Or ma femme a des horaires bien réglés. À l’approche du prochain repas, elle ne commençait pas à distribuer des friandises pour lui éviter la faim. Elle lui disait : « Elles vont te couper l’appétit ». Personnellement, je n’aurais jamais pensé que vous puissiez couper l’appétit à Nicolas, mais c’est une autre histoire. Il devenait alors sa petite ombre. Et finalement, elle se retournait et disait : « Nicolas, tu n’as que 10 minutes à attendre. Va-t’en, et le dîner sera prêt dans 10 minutes ». Mais son attitude disait : « J’ai faim maintenant ».


De même, c’est ainsi que nous voulons recevoir les bénédictions de Dieu. « Maintenant, j’en ai besoin maintenant ». Et parfois, Dieu exprime plutôt son amour par du retard. Il nous enseigne des choses telles que la persévérance et la fidélité ; des choses qui sont transcendentalement importantes. Ne lisons-nous pas, par exemple, en Romains 5 : Nous nous glorifions aussi dans nos souffrances, parce que nous savons que la souffrance produit la persévérance ; la persévérance, le caractère et le caractère, l’espérance. Et l’espérance ne trompe point parce que l’amour de Dieu a été déversé dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. (Rom. 5:3–5) Jacques 1 fait valoir à peu près le même argument. Dieu manifeste parfois son amour envers nous par le retard.

Vous les saints tremblants prenez un nouveau courage, les nuées que vous craignez tant, sont lourdes de miséricorde et éclateront en bénédictions sur votre tête.


Ne jugez pas le Seigneur par votre faible sens, mais confiez-vous-en lui pour sa grâce ; derrière une providence renfrognée, il cache un visage souriant.

Ses projets vont mûrir rapidement, se déployant toutes les heures ;

le bouton peut avoir un goût amer, mais combien douce sera la fleur.

Une incrédulité aveugle est certaine d’errer et elle examine ses œuvres en vain ;

Dieu est son propre interprète, et il le fera clairement.


Voici la première surprise. Jésus entend un appel au secours désespéré et démontre Son amour par le retard.


Don Carson



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