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LES DANGERS ET LES FRUITS DOUTEUX DU PENTECÔTISME



Le mouvement charismatique résulte bien souvent de l'indifférence à l'égard de l'enseignement doctrinal de la Bible et favorise cette indifférence. On exalte les "expériences spirituelles" au détriment des vérités révélées par la Parole de Dieu.


L'Ecriture affirme que nous devons tout examiner à sa lumière pour déterminer si on peut attribuer ou non telle ou telle manifestation au Saint-Esprit (1 Jean 4:1-6 ; cf Jean 8:32). Mais au lieu de procéder ainsi, on fait le contraire : on croit constater qu'une expérience spirituelle ressemble à un épisode raconté par la Bible et on en conclut qu'elle est conforme à la volonté de Dieu et qu'elle provient de lui. L'expérience charismatique détourne de l'enseignement clair de l'Evangile au profit d'un autre évangile qui est un produit humain déclarant que tout vrai chrétien doit aspirer à la glossolalie et parvenir à la pratiquer, qu'une telle expérience est le signe d'une spiritualité supérieure.

Le résultat est qu'on ne trouve plus consolation, paix et espérance dans les promesses de l'Evangile du Christ, parce qu'on a le sentiment de ne pas produire assez de fruits ou de ne pas bénéficier d'assez de signes.

Ou bien c'est l'orgueil qui s'installe, car on voit dans la présence de ces signes la preuve qu'on est un enfant de Dieu "baptisé du Saint-Esprit". Quelle importance peut-on encore attacher aux bénédictions du baptême, si ce baptême n'est qu'une étape intermédiaire vers un autre "baptême", une expérience de plénitude ? Quel peut encore être le rôle des moyens de grâce institués par le Seigneur pour susciter et fortifier la foi, si on place au-dessus d'eux des signes visibles sur lesquels on bâtit sa certitude d'être un enfant de Dieu ? La foi est-elle encore foi chrétienne si elle demande à voir, à constater qu'on est un temple du Saint-Esprit ?

Quand on a foi en Dieu et qu'on fait confiance à sa révélation, on n'a pas besoin de signes.

Jésus s'en prend à la génération perverse et adultère qui exige des signes pour croire (Matthieu 12:39). Et Paul écrit aux Corinthiens immatures qui placent le plus petit des dons, la glossolalie, au-dessus de tous les autres : "Les Juifs demandent des miracles (littéralement: "des signes") et les Grecs cherchent la sagesse. Nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui croient" (1 Corinthiens 1:22-24). Demander des signes, c'est faire preuve d'un manque de foi et d'immaturité spirituelle. Il est inconvenant et contraire à l'Ecriture d'enseigner une chose pareille.


L'indifférence à l'égard des moyens de grâce engendre l'indifférence. L'immaturité spirituelle devient un phénomène qui s'installe. L'ignorance et la confusion doctrinales se perpétuent elles- mêmes. C'est ainsi que des catholiques et des luthériens qui adhèrent au mouvement charismatique demandent à être rebaptisés par immersion, récusant le baptême qu'ils ont reçu dans leur enfance. On ne sait plus ce qu'est le baptême, ce que le Christ offre dans la Sainte Cène, comment le pécheur est justifié et préservé dans la foi.


La recherche et l'utilisation des charismes sont le dénominateur commun de tous ceux qui adhèrent au renouveau charismatique. Il suffit de posséder les mêmes dons spirituels, qu'on soit d'accord dans la doctrine ou non. Qu'on soit millénariste ou non, calviniste ou arminien ou même catholique, peu importe. C'est un nouvel oecuménisme qui recouvre toutes sortes de fausses doctrines, y compris la terrible confusion catholique de la foi et des oeuvres, de la justification et de la sanctification. Ainsi, la participation à une même expérience spirituelle comme la glossolalie remplace l'unité doctrinale fondée sur l'Ecriture seule. Un vieux cliché déclare : "Peu importe ce que vous croyez, du moment que vous êtes sincère". Les charismatiques laissent entendre : "Peu importe ce que vous croyez, du moment que vous faites l'expérience de la plénitude de l'Esprit Saint".


Les pentecôtistes et néo-pentecôtistes sont convaincus qu'ils rendent le Saint-Esprit à une Eglise qui fait preuve de laisser-aller dans la doctrine et la vie chrétienne. Ce sentiment reflète une fausse dichotomie et montre en quoi leur théologie n'est pas biblique.

L'oeuvre du Saint-Esprit ne consiste pas à se rendre témoignage à lui-même, mais à rendre témoignage à Jésus-Christ, et cela non par des manifestations extraordinaires, mais par la Parole de Dieu.

Jésus le dit très clairement : "Quand le Consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi et il vous l'annoncera" (Jean 16: 13.14). Notre foi est centrée sur le Christ, car l'Ecriture l'est. Les charismatiques, au contraire, dissocient le Saint-Esprit et le moyen de grâce par lequel il agit. Luther appelait cela de l'illuminisme et accusait celui-ci d'être la mère de toutes les hérésies. "Nous devons maintenir constamment, dit-il dans les Articles de Smalcalde, que Dieu n'agit pas avec nous en dehors de la Parole externe et du sacrement".


Le croyant est poussé par le Saint-Esprit à rendre témoignage au Christ, et non à dire à qui veut l'entendr e: "Je suis rempli du Saint-Esprit". Peut-on imaginer l'apôtre Pierre disant, le jour de la Pentecôte : « Sachez, vous qui m'écoutez, que j'ai reçu la plénitude du Saint-Esprit et le don des langues. Je veux le partager avec vous, pour que vous sachiez combien il est merveilleux » . Au lieu de cela, il annonça l'Evangile du Christ crucifié et ressuscité conformément aux Ecritures (Actes 2). Aucun des apôtres n'a dévoilé les sentiments qu'il éprouvait, mais ils "rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus" (Actes 4:33). Ce fut la proclamation de cet Evangile et non l'appel à des expériences extraordinaires qui bouleversa le monde de l'époque. Le mouvement charismatique encourage les chrétiens à chercher le réconfort non dans la croix du Christ, ni dans la grâce offerte dans le baptême, ni dans le corps et le sang du Christ distribués dans la Sainte Cène pour le pardon des péchés, ni dans l'absolution, mais en eux-mêmes, dans leurs prières, leurs combats personnels et les expériences qu'ils vivent. Un tel doutera de l'amour de Dieu, parce qu'il n'a pas exaucé les prières dans lesquelles il lui demandait une expérience spirituelle particulière. Tel autre doute du pardon du Christ, constatant qu'il pèche encore après avoir reçu le "baptême dans l'Esprit". On remet son christianisme en cause, parce qu'on constate qu'on se fâche encore avec ses enfants, qu'on manque encore d'honneur à l'égard de ses parents, qu'on ressent encore le fardeau du péché. On se culpabilise au lieu de se repentir et de chercher le pardon auprès du Christ avec la force de lutter contre le mal. Cela est dû à la théologie pentecôtiste qui attend du "baptême dans l'Esprit" la solution à tous les problèmes spirituels.

Ce dont les chrétiens d'aujourd'hui ont besoin, ce n'est pas de révélations nouvelles et d'expériences extraordinaires, mais de bien comprendre ce que Dieu a révélé dans la Bible pour leur salut, de s'y attacher et d'en vivre par la foi.

Paul écrivit son admirable chapitre sur l'amour chrétien (1 Corinthiens 13) pour réagir contre la façon dont on utilisait le parler en langues. Ce don exaltait le propre moi. L'apôtre recommande donc aux Corinthiens, comme la voie par excellence, la pratique de la charité. S'ils aspirent à un don spirituel, que ce soit par exemple le don de prophétie, l'aptitude à bien commenter et appliquer la Parole de Dieu à l'auditoire. C'est ainsi que l'Eglise sera édifiée, tandis que la glossolalie procure un plaisir qui reste axé sur soi-même.

S'ils aspirent à des dons, que ce soient des dons qui profitent aux autres et non un charisme par lequel on se fait plaisir à soi-même.

Qu'on renonce à la glossolalie, s'il n'y a personne pour traduire. Aucun don de l'Esprit ne doit faire fi de l'amour chrétien. La leçon est importante, car trop souvent celui qui parle en langues et qui en conclut qu'il est baptisé dans l'Esprit s'enorgueillit et se considère comme un chrétien de première classe et les autres comme des croyants déficients et de second rang. D'autre part, on a souvent constaté pour s'en plaindre amèrement que le mouvement charismatique divisait les Eglises. Telle communauté, édifiée au prix d'un ministère fervent, de beaucoup de travail et de nombreux sacrifices est détruite par ce déluge. Or le Saint-Esprit ne divise et ne déchire pas l'Eglise, mais l'unit.


Parmi les dangers du mouvement charismatique signalons encore le recours à des slogans qu'on répète inlassablement. Ainsi la phrase : "Aspirez à parler en langues, car aussi longtemps que vous ne possédez pas ce don vous n'avez pas la plénitude du Saint-Esprit". Paul, au contraire, affirme que tous les croyants ont été "baptisés dans un seul Esprit... et abreuvés d'un seul Esprit" (1 Corinthiens 12:13) et précise que tous n'ont pas le don des langues (1 Corinthiens 12:29.30), sans enjoindre à ceux qui ne l'ont pas de tout faire pour le recevoir. Citons aussi l'affirmation selon laquelle le Christ ayant porté toutes nos maladies sur la croix, nous pouvons en guérir si nous avons assez de foi. Il s'ensuit que celui qui ne guérit pas a trop peu de foi,-où bien a dressé un obstacle entre le Seigneur et lui qui rend l'exaucement impossible. Une telle théologie est dévastatrice et accule nécessairement les croyants au désespoir.


On soutient aussi que le baptême est une première bénédiction qui doit être suivie d'une seconde, le "baptême dans l'Esprit" que l'on sait avoir reçu quand on peut parler en langues. Il faut en conclure que tant qu'on n'a pas reçu ce "baptême dans l'Esprit", on ne possède qu'une petite mesure de l'Esprit Saint qui ne permet pas d'être un chrétien accompli...


Une des particularités du renouveau charismatique est de mettre l'accent sur la personne et l'oeuvre du Saint-Esprit à un point tel qu'on néglige et dédaigne d'autres enseignements au moins aussi importants de la Bible. C'est ainsi que le Saint-Esprit en vient à supplanter Jésus-Christ. Toute la terminologie utilisée (plein Evangile, deuxième bénédiction, baptême ou plénitude de l'Esprit, dons de l'Esprit, pluie de l'arrière-saison) montre que ce qui compte, ce sont les sentiments personnels plus que les promesses miséricordieuses de Dieu, l'extraordinaire et le spectaculaire plus que l'humble repentance et la foi simple en l'Evangile, ce qu'on voit plus que ce qu'on croit. Et parmi les dons de l'Esprit, ceux qui frappent l'oeil par ce qu'ils ont d'insolite prennent le pas sur les autres beaucoup moins voyants, mais qui font nécessairement partie de la vie chrétienne, tels que la foi, l'humilité, la confiance, la patience, l'amour, la sobriété, etc.


Peut-on affirmer, comme le font les pentecôtistes, que le mouvement charismatique est le signe d'un réveil mondial du christianisme ? Pourquoi, s'il en est ainsi, le parler en langues a-t-il joué un rôle tout à fait secondaire dans l'Eglise apostolique, à tel point qu'il n'est mentionné dans aucune autre épître que dans la première aux Corinthiens ? Si ce don est si important, pourquoi n'est-il pas apparent dans la vie des paroisses de Rome, de Galatie, d'Ephèse, de Colosses, de Philippes, de Thessalonique ? S'il est le signe d'un réveil du christianisme, pourquoi le rencontre- t-on dans les religions païennes ? Dans tous les réveils chrétiens, les gens ont été brisés par la repentance et ont trouvé dans la foi le chemin vers le Christ.


Au lieu d'édifier les fidèles dans une foi sobre, solidement ancrée dans la Parole de Dieu, qui se fonde sur les promesses d'un Dieu véridique et fidèle, le renouveau charismatique fouette et exaspère les émotions, suscite des feux de paille aux lendemains souvent douloureux. Dieu édifie les siens par l'intelligence, en faisant appel à l'entendement et au coeur, et non par les transes et une ambiance qui frise trop souvent l'hystérie. L'Evangile veut susciter le calme, la paix et la sérénité, et non le délire et l'extase. K. Koch a cette belle phrase: "Ce n'est pas que nous devrions recevoir plus du Saint-Esprit, mais bien que le Saint-Esprit devrait recevoir plus de nous-mêmes" (op. cit., p. 46).


L'apôtre Paul conclut son exposé sur le parler en langues en disant: "N'empêchez pas de parler en langues" (1 Corinthiens 14.39). Il ne s'agit pas d'interdire à des croyants de pratiquer la glossolalie (Paul ne l'a pas fait), mais de les inviter à s'interroger sérieusement sur la nature du charisme qu'ils pratiquent et qu'ils voient pratiqué autour d'eux, à la lumière des constatations que nous avons pu faire. Il faut ensuite leur enseigner à se contrôler eux-mêmes et à ne pas donner à ce don plus d'importance qu'il n'en a selon l'Ecriture. Il convient d'être très vigilant, quand on entend parler de glossolalie autour de soi, de ne jamais oublier que la pure doctrine est le plus beau et le plus précieux don du SaintEsprit qui doit servir de critère pour juger tous les autres. Cinq paroles aptes à édifier l'assemblée et à la faire progresser dans la foi sont plus importantes que mille paroles en langues (1 Cor 14:19).


Enfin, il faut que les chrétiens sachent qu'ils ont été baptisés par le Saint- Esprit quand ils se sont convertis et qu'ils ont reçu le bain de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit dans le baptême institué par le Christ (Tite 3:5).

La preuve qu'on a été oint du Saint- Esprit sont la foi elle-même et les fruits qu'elle porte dans la vie.



Dc Wilbert Kreiss

Le mouvement charismatique



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1 Comment

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Guest
Jul 11

Lucide et Pertinent..Merci.

Y'a beaucoup de Naiveté chez les Chrétiens...

Comment l'expliquer ? 🤔

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