
Qu’est-ce que croire, au fond ?
L’Écriture nous éclaire : « Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice » (Romains 4:3). Et plus loin, il est dit que cette justice nous est aussi destinée, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité Jésus, notre Seigneur, des morts ; lui qui fut livré pour nos fautes et relevé pour notre justification (Romains 4:24-25). Abraham s’est abandonné à la promesse divine, son cœur n’a pas vacillé un instant (Romains 4:18-20). Cette foi, profonde et inébranlable, l’a justifié. Elle justifie encore aujourd’hui celui qui reconnaît sa faute devant Dieu, qui comprend qu’il mérite la condamnation éternelle, et qui croit que Jésus a pris sa place sur la croix, mourant et ressuscitant pour lui offrir la vie.
Pourtant, nombreux sont ceux qui disent croire en Jésus. Ils affirment qu’il est le Fils de Dieu, mais leur cœur reste aveugle à leur propre péché. Ils s’efforcent de vivre pieusement, multiplient les gestes charitables, se dévouent pour autrui, mais jamais ils n’ont sondé la noirceur de leur nature. Oui, ils se savent pécheurs – comme tout homme – mais sans jamais ressentir ce dégoût sacré envers leur état. Ils se jugent justes à leurs propres yeux, convaincus de n’avoir jamais nui à personne, forts de valeurs qu’ils estiment suffisantes pour mériter le ciel. Dans leur aveuglement, ils ne se repentent pas devant celui qui a donné son Fils pour les racheter. Ils s’imaginent purs, mais devant Dieu, ils ne le sont pas.
Ils croient en Jésus, en sa mort sur la croix, mais Jacques l’affirme avec force : croire ne suffit pas. Les démons eux-mêmes croient, et ils tremblent devant la majesté divine ! (Jacques 2:19). Beaucoup s’abritent derrière une confession publique, s’appuyant sur ce verset : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (Romains 10:9). Ainsi, ils se proclament « enfants de Dieu », persuadés que ces mots suffisent. Mais ils n’ont pas saisi la profondeur abyssale de ce que « croire » signifie vraiment.
Parmi eux, certains reçoivent des dons extraordinaires. Au nom de Jésus, ils accomplissent des miracles, parlent avec autorité, guérissent les malades, prêchent l’Évangile et touchent des foules. Pourtant, au jour du jugement, Dieu ne reconnaîtra pas tous ceux qui se disent croyants. Pourquoi une telle sentence ?
Jésus lui-même l’a proclamé : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? N’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? Et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Matthieu 7:21-23).
Croire, c’est bien plus que reconnaître Jésus comme Sauveur. Croire, c’est placer en lui une confiance absolue, au point de faire de lui le Seigneur de notre existence. C’est s’abandonner à lui, accepter de payer le prix pour le suivre. Il ne s’agit pas d’accumuler des œuvres humaines ou des actes de charité, mais de chercher la volonté de Dieu et de marcher selon ses commandements. Celui qui croit véritablement remet sa vie entière entre les mains de son Maître.
Trop de gens se disent chrétiens sans jamais s’attacher aux préceptes divins. Jacques, une fois encore, tranche avec clarté : « Si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt quel il était » (Jacques 1:23-24). On peut accomplir de grandes choses au nom de Dieu, mais les faire sans lui, dans une illusion d’autosuffisance.
Quelles sont donc les marques d’un vrai chrétien ?
L’humilité, d’abord : reconnaître que sans lui, nous ne sommes rien ni ne pouvons rien.
L’obéissance, ensuite : une réponse spontanée et joyeuse à l’amour qu’il nous porte.
La sainteté, enfin : devenu saint par sa grâce à la conversion, le vrai croyant n’aspire qu’à se sanctifier chaque jour davantage pour honorer celui qui l’a sauvé.
À l’opposé, l’orgueil, la rébellion et une vie sans retenue ne conduisent qu’à la perdition éternelle.
Celui qui croit authentiquement ne se forge pas une justice par l’obéissance ou la sanctification, comme si le salut pouvait s’acheter – non, ce salut est un don somptueux, une grâce éclatante qui le dépasse et l’éblouit ! S’il obéit, s’il se sanctifie, c’est un cri du cœur, une flamme vive allumée par l’amour de celui qui l’a racheté, un abandon total à la volonté divine qui le transforme jour après jour. Face à lui, deux ombres se dessinent, deux faux visages de la foi. D’un côté, ceux qui se drapent de leurs bonnes œuvres et de leur moralité impeccable, ces âmes satisfaites qui polissent leur propre statue, convaincues que leurs vertus suffisent à forcer les portes du ciel – mais jamais elles n’ont vu l’abîme de leur misère, jamais elles n’ont pleuré leur péché devant Dieu, aveugles à leur état de ruine. De l’autre, ceux qui clament « Seigneur, Seigneur » à chaque souffle, qui brandissent des expériences éclatantes et des prodiges, qui ont peut-être vu des miracles jaillir de leurs mains – mais leur vie reste un désert d’obéissance, un défi muet à la Parole qu’ils prétendent servir, un chaos masqué par des cris pieux. Les uns se parent d’une justice humaine, les autres d’une ferveur creuse ; tous deux s’égarent loin du Maître. Car le vrai disciple ne se bâtit pas sur ses mérites ni sur ses élans, mais s’enracine dans une soumission humble et vivante à celui qui l’a sauvé. Refuser cette voie – par orgueil ou par désobéissance – c’est dévoiler, dans le silence accablant de ses actes, qu’on n’a jamais vraiment cru.
L.Gilman