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PAR NATURE, PERSONNE NE VIENDRA à CHRIST !


« Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »


J’affirme à partir de l’autorité inspirée de mon texte que vous ne voulez pas de vous-mêmes venir à Christ pour avoir la vie. Je pourrais vous parler sans discontinuer, et emprunter l’éloquence de Démosthène ou de Cicéron. Vous ne voudriez cependant pas venir à Christ.


Je pourrais vous implorer à genou avec des larmes aux yeux, vous montrer les horreurs de l’enfer et les joies du ciel, la pleine perfection de Christ, et votre perdition. Toutefois, aucun d’entre vous ne viendrait de lui-même à Christ à moins que l’Esprit, qui reposait sur Christ, ne vous attire. Il est vrai de tous les hommes dans leur condition naturelle qu’ils ne veulent pas venir à Christ.


Mais il me semble entendre un de ces discoureurs me poser une question : « Ne pourraient-ils pas venir s’ils en avaient envie ? » Mon ami, je vous répondrai une autre fois. Ce n’est pas la question ici, car je parle de la volonté, et non de la capacité. Vous remarquerez qu’à chaque fois où l’on parle du libre arbitre, ses adeptes commencent aussitôt à parler de capacité et mélangent deux sujets qu’il faut garder séparés.


Je ne prendrai pas deux sujets à la fois, et je refuse de combattre sur les deux fronts en même temps, si vous me le permettez. Je traiterai un autre jour le texte : « Nul ne peut venir si le Père ne l’attire », mais pour l’instant, c’est la volonté qui nous occupe. Et il est sûr que personne ne veut de soi-même venir à Christ pour avoir la vie.


Je pourrais prouver cela de plusieurs textes de l’Écriture, mais je prends une seule parabole.

Vous vous rappelez celle dans laquelle un certain roi tint un festin pour son fils, et convia un grand nombre d’invités à venir. On tua les bœufs et les veaux gras, et on envoya des messagers pour annoncer aux invités que le repas était prêt. Vinrent-ils au festin ? Non. Tous, comme d’un même accord, trouvèrent une excuse. L’un dit qu’il venait de se marier, et ne pouvait donc pas venir. Il aurait pu amener son épouse avec lui. Un autre avait acheté un attelage de bœufs, qu’il devait aller essayer. Pourtant, le festin avait lieu pendant la soirée, et il ne pouvait tester ses bœufs dans l’obscurité.


Un autre encore avait décidé d’offrir ce festin. Il dit alors à son serviteur : « Va dans les chemins et le long des haies, et… Invite-les » ? Non, pas « invite-les », mais « contrains-les d’entrer ». En effet, même les pauvres hères, déguenillés et couchant dans les haies, ne seraient jamais venus si on ne les avait pas contraints.


Prenons une autre parabole : « Un homme avait une vigne. Au temps fixé, il envoya un de ses serviteurs pour en percevoir le fermage. Que lui firent les vignerons ? Ils battirent ce serviteur. Le maître envoya un autre, qu’ils lapidèrent, puis troisième, qu’ils tuèrent. Enfin, il dit : Je leur enverrai mon fils, ils respecteront. » Mais que firent-ils ? Ils se dirent : « Voici l’héritier ; tuons-le, et jetons-le hors de la vigne. » C’est ce qu’ils firent. Il en est ainsi de tous les hommes par nature. Le Fils de Dieu est venu, mais ils l’ont rejeté. « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »


Il nous faudrait trop de place pour mentionner d’autres preuves de l’Écriture. Nous ferons cependant référence à la grande doctrine de la chute. Quiconque croit en l’entière liberté de la volonté humaine, et en la capacité qu’a l’homme de s’en saisir pour parvenir au salut, ne croit pas à la chute. Comme je l’ai parfois dit, peu de pasteurs croient absolument à la doctrine de la chute. Ou bien ils pensent que, lors de sa chute, Adam se cassa seulement le petit doigt. Pour eux, il ne se brisa pas le cou ni ne ruina sa race. Mais mon ami, la chute détruisit entièrement l’homme et ne lui laissa pas une seule faculté intacte.

Tout a été brisé, avili et souillé.


Comme pour un ancien temple majestueux, les piliers sont encore là, ainsi que la flèche, les colonnes et le pilastre. Mais ils sont tous démolis, même si certains gardent quelque chose de leur forme et de leur position initiales. La conscience de l’homme garde parfois une grande partie de sa sensibilité, mais elle est déchue. De même, la volonté n’en est pas exempte. Lisez La Guerre Sainte de Bunyan si vous voulez vous en convaincre.


Votre nature déchue a été détraquée, et votre volonté, parmi d’autres choses, s’est complètement détournée de Dieu. La meilleure preuve de la réalité de mes propos tient dans le fait que vous n’avez jamais rencontré de chrétien authentique qui vous dise être venu à Christ sans que Christ ne soit d’abord venu à lui. Vous avez entendu un grand nombre de sermons faisant appel au libre arbitre, j’en suis sûr, mais jamais une seule prière qui se repose sur cette base. En effet, les chrétiens authentiques se ressemblent tous quand ils prient, en parole, en acte et en esprit. Un adepte du libre arbitre à genoux prie exactement comme celui qui n’y croit pas. Il ne peut pas prier au sujet de ce libre arbitre, car ce dernier n’a aucune place dans la prière.


Imaginez un homme prierait ainsi : « Seigneur, je te remercie de ne pas m’avoir fait comme ces adversaires présomptueux. Seigneur, je suis né avec un merveilleux libre arbitre, avec la force de me tourner de moi-même vers toi. J’ai fait progresser la grâce que tu m’as donnée. Si tout le monde avait fait comme moi avec cette grâce, ils seraient peut-être tous sauvés. »

« Seigneur, je sais que tu ne forces pas notre volonté si nous ne voulons pas de nous-mêmes. Tu accordes la grâce à tout le monde, et certains n’en font rien de bon, mais je ne suis pas comme eux. Beaucoup iront en enfer, qui ont pourtant été rachetés par le sang de Christ tout autant que je le suis. Ils ont reçu la même mesure d’Esprit-Saint, ils avaient une chance aussi bonne, et étaient aussi bénis que moi. Ce n’est pas ta grâce qui fit la différence ; oui, je sais qu’elle a fait une grande part, mais c’est moi qui ai pris le tournant. Je me suis servi de ce que j’avais reçu, alors que d’autres n’ont pas fait de même. C’est là que se trouve la différence entre eux et moi. »


Voilà une prière pour le diable, car personne d’autre ne peut offrir un tel blasphème. Ah ! Les chrétiens peuvent annoncer de fausses doctrines lorsqu’ils prêchent ou parlent entre eux, mais jamais lorsqu’ils ne peuvent les retenir. Si quelqu’un parle très calmement, il peut parler d’une manière très raffinée, mais lorsque le sujet agite ses lèvres, les vieilles expressions de son terroir ressortent.


Je vous demande à nouveaux, avez-vous jamais rencontré un chrétien qui affirme : « Je suis venu à Christ sans la puissance de l’Esprit » ? Si jamais vous avez rencontré une telle personne, n’hésitez pas à lui répondre : « Je peux vous croire, et je ne doute pas que vous soyez aussi reparti sans la puissance de l’Esprit. Vous ne connaissez rien de la question. Vous êtes toujours dans le fiel de l’amertume et le lien de l’iniquité. »


Est-ce que j’entends un chrétien dire : « J’ai cherché Christ avant qu’il me cherche. Je suis allé à l’Esprit, mais il n’est pas venu à moi » ? Non, mon ami, nous devons tous, chacun d’entre nous si nous avons été régénérés, mettre la main sur le cœur et dire : « Pour nous, nous l’aimons, Parce qu’il nous a aimés le premier. »


Une dernière question : Ne trouvons-nous pas, même après être venus à Christ, que notre âme n’est pas libre, mais qu’elle est gardée par Christ ? Ne passons-nous pas, même aujourd’hui, par des moments où nous n’avons pas la force de vouloir ? Il y a dans nos membres une loi qui lutte contre la loi de notre esprit. Or, si tous ceux qui sont spirituellement vivants sentent l’opposition de leur volonté à Dieu, que faut-il dire de celui qui est « mort par ses offenses et par ses péchés » ? Ce serait une parfaite absurdité que de mettre les deux au même niveau, et davantage encore de placer le mort avant le vivant.

Non, le texte est vrai, et notre expérience l’appuie dans notre cœur. « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »


Il me faut maintenant vous donner les raisons pour lesquelles les hommes refusent de venir à Christ.


Pour commencer, aucun homme ne pense par nature avoir besoin de Christ. Par nature, l’homme s’imagine pouvoir se passer de Christ. Il pense posséder une robe de justice qui lui soit propre, être bien habillé. Il ne se voit pas dénudé, mais se pense sans besoin de la purification du sang de Christ. Il n’est à ses yeux ni noir ni cramoisi, et n’a pas besoin de grâce pour le purifier. Personne ne connaît son réel besoin avant que Dieu ne le lui montre, et personne ne recherche le pardon avant que l’Esprit-Saint ne lui en révèle la nécessité. Je pourrais prêcher Christ sans discontinuer mais, à moins que vous ne ressentiez votre besoin de lui, vous ne viendrez jamais à lui. Un pharmacien peut avoir une boutique bien achalandée, mais personne n’achètera ses médicaments avant d’en ressentir le besoin.


Les hommes n’aiment pas non plus le moyen par lequel Christ sauve. L’un dit : « Je n’aime pas cette voie car il me rendra saint. Je ne pourrai plus boire ni jurer s’il me sauve. » Un autre avance : « Cela me demande d’avoir une conduite stricte et gardée, alors que je préfère avoir plus de liberté. »

Tel autre n’aime pas la voie de Christ car elle est trop humiliante. La « porte du ciel » n’est pas tout à fait assez haute pour sa tête, et il n’aime pas se baisser ! La raison principale pour laquelle vous ne voulez pas venir à Christ, c’est que vous ne pouvez pas le faire avec la tête haute. Christ vous fait baisser la tête lorsque vous venez.


Tel autre homme n’aime pas que ce soit une voie de grâce du début à la fin. « Oh, dit-il, si seulement je pouvais en retirer un peu d’honneur ! » Mais lorsqu’il entend que c’est tout Christ ou pas du tout Christ, il réplique : « Je ne viendrai pas », et il s’éloigne. Ah ! Pécheurs orgueilleux, vous ne voulez pas venir à Christ !

Pécheurs ignorants, vous ne voulez pas non plus venir à Christ, parce que vous ne savez rien de lui. Les hommes ne connaissent pas sa valeur, sinon, ils viendraient à lui. Pourquoi les marins n’allaient-ils pas en Amérique avant Christophe Colomb ? Parce qu’ils ne croyaient pas qu’il existait une telle chose. Christophe Colomb avait de la foi dans le fait qu’il trouverait une terre, c’est pour cela qu’il partit.


Celui qui a la foi en Christ vient à lui. Mais vous ne connaissez pas Jésus, et beaucoup d’entre vous n’ont pas vu la beauté de son visage. Vous n’avez jamais réalisé la valeur qu’a son sang pour le pécheur, ni la grandeur de son sacrifice ou la pleine perfection de ses mérites. Ainsi donc, « vous ne voulez pas venir à lui ».


Ami lecteur, ma dernière pensée est solennelle. J’ai affirmé que vous ne voulez pas venir, mais certains diront : « Ils refusent de venir à cause de leur péché. » Oui, c’est vrai. Vous ne voulez pas venir, mais votre volonté est une volonté pécheresse. Certains pensent que j’offre une excuse au pécheur lorsque je prêche cette doctrine, mais ce n’est pas le cas.


Je n’affirme pas que la volonté pécheresse appartienne à la nature originale de l’homme, mais à sa nature déchue. C’est le péché qui vous a amené dans cette condition où vous refusez de venir. Si vous n’aviez jamais péché, vous viendriez à Christ dès l’instant où il vous serait annoncé. Mais vous ne venez pas à cause de votre péché et de votre crime. Les gens s’excusent à cause de leur mauvais cœur. C’est l’excuse la plus faible du monde. Le vol et le cambriolage ne viennent-ils pas aussi d’un mauvais cœur ? Imaginez qu’un voleur dise à son juge : « Je n’y peux rien, j’ai un cœur mauvais. » Que répondra le juge ? « Vaurien, si ton cœur est mauvais, j’alourdis la sentence car tu es vraiment un voyou. Ton excuse ne vaut rien. » Le Tout-Puissant : « rit, et se moque du méchant. »


Je ne prêche pas cette doctrine pour vous excuser, mais pour vous humilier. La possession d’une nature mauvaise est tout autant votre responsabilité que votre terrible malheur. Leur refus de venir à Christ est un péché qui sera toujours retenu contre les hommes, car c’est le péché qui les retient. Je crains que celui qui ne prêche pas cela ne soit fidèle ni à Dieu ni à sa conscience.


Réfléchissez donc, et dites-vous : « Je suis par nature si pervers que je ne veux pas venir à Christ, et cette méchante perversion de ma nature est mon péché. Je mérite d’être envoyé en enfer pour cela. »


Et si cette pensée ne vous humilie pas, sous l’action de l’Esprit, alors rien ne le pourra. Que Dieu humilie chacun de nous.



Charles Spurgeon




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