ÉGLISE OU BUSINESS SPIRITUEL ?
- L. GILMAN
- 19 avr.
- 8 min de lecture

Dans une petite maison de Jérusalem, il y a deux mille ans, des chrétiens se réunissaient pour partager un repas, prier et écouter les enseignements des apôtres. Pas de projecteurs, pas de billetterie, pas de pasteur star. Juste une communauté unie par la foi, vivant l’appel d’Hébreux 10:25 : « n’abandonnons pas le rassemblement de nous-mêmes, mais exhortons-nous l’un l’autre. » Aujourd’hui, pourtant, beaucoup de chrétiens se sentent déconnectés de leurs églises. Les pasteurs agissent comme des PDG, les cultes ressemblent à des concerts, l’argent est sans cesse réclamé, et la proximité avec les fidèles s’efface. Ce « business spirituel » pousse de plus en plus de croyants à quitter les bancs des megachurches pour chercher une foi authentique. Alors, que s’est-il passé ? Et surtout, que faire ? Cet article explore les dérives des églises modernes, s’inspire de l’Église primitive et rappelle une vérité libératrice : vous êtes libre de quitter une assemblée qui ne nourrit plus votre âme.
L’Église primitive : une communauté de cœur
Revenons au premier siècle. Les premiers chrétiens ne fréquentaient pas de cathédrales rutilantes. Ils se réunissaient dans des maisons, comme chez Priscille et Aquilas (Romains 16:5) ou Nymphas (Colossiens 4:15). Là, ils partageaient des repas, priaient, chantaient et s’encourageaient mutuellement (Actes 2:42). Chacun avait sa place : un frère apportait un psaume, une sœur partageait une révélation (1 Corinthiens 14:26). Ces rassemblements respiraient la simplicité et la fraternité.
Hébreux 10:25, dans la fidèle traduction Darby, capture cet esprit : ne pas abandonner « le rassemblement de nous-mêmes ». Le terme grec, episynagōgē, évoque un acte volontaire de se réunir, sans mentionner un bâtiment ou une institution. À l’époque, les chrétiens, souvent persécutés, savaient que leur force résidait dans l’unité et l’exhortation mutuelle.
Les leaders, eux, n’étaient pas des patrons. Appelés anciens, surveillants ou pasteurs (littéralement « bergers »), ils guidaient avec humilité, visitaient les malades (Jacques 5:14) et servaient sans dominer, comme Jésus l’avait ordonné : « Que le plus grand parmi vous soit votre serviteur » (Matthieu 20:26). Les collectes ? Elles servaient les pauvres ou les missionnaires, données librement, sans pression (2 Corinthiens 9:7). Cette Église était un corps vivant, pas une entreprise.
Le virage entrepreneurial : quand l’église devient un business
Entrez dans une église moderne, et le contraste frappe. Les projecteurs balaient la scène, la sono fait vibrer les murs, et le pasteur, micro sans fil à la main, ressemble à un conférencier motivant. Des pasteurs agissent comme des PDG, des cultes sont transformés en « concerts spectacles », et une obsession pour l’argent éclipse la spiritualité. Ce « business spirituel » n’est pas une caricature, mais une réalité qui blesse.
Des pasteurs aux allures de PDG
Dans l’Église primitive, les bergers connaissaient leurs brebis par leur nom (Jean 10:14). Aujourd’hui, dans certaines megachurches, le pasteur est une figure distante, entouré d’une équipe de gestion et d’un emploi du temps de ministre. Cette structure pyramidale, où les « leaders » dominent les « brebis », s’éloigne du modèle collégial des anciens (Actes 14:23). L’article "Vous êtes libre de quitter votre assemblée" (https://www.iltaime.com/single-post/2018/09/17/vous-êtes-libre-de-quitter-votre-assemblée) le souligne : certains pasteurs imposent leur vision sans écouter les besoins des fidèles, créant un fossé émotionnel et spirituel.
L’absence de soin pastoral
L’absence de visites pastorales est malheureusement à déplorer, ce qui est pourtant le rôle du berger chargé de veiller sur son troupeau. Dans une église-entreprise, les fidèles sont souvent réduits à des numéros : des donateurs, des bénévoles, des spectateurs. Où est le pasteur qui prie avec une famille en deuil, qui porte la douleur de ses brebis blessées, qui écoute un jeune en quête de sens ? Cette déconnexion brise l’esprit d’Hébreux 10:25, qui appelle à une communion où chacun est vu et soutenu.
L’argent au centre
« Donnez, et Dieu vous bénira ! » Ce refrain, souvent teinté de théologie de la prospérité, résonne dans trop d’églises. L'argent est « réclamé sans cesse », transformant l’offrande en obligation. Jésus chassait les marchands du temple (Matthieu 21:12-13) ; aujourd’hui, certains temples semblent les inviter. De plus, de nombreuses assemblées se transforment en véritables « clubs spirituels » où l’on peut boire un verre, faire du sport, écouter de la musique, regarder un film, ou participer à des activités récréatives. On a davantage l’impression d’être dans le monde qu’à l’église – et c’est souvent ce qu’elles veulent, cherchant à attirer les foules par des divertissements plutôt que par la Parole.Les églises où les finances priment sur la spiritualité, découragent ceux qui cherchent une foi désintéressée. Le contraste avec le Nouveau Testament est criant : les dons étaient volontaires, destinés aux besoins réels, sans enrichir les leaders (1 Timothée 6:9-10).
Des cultes devenus spectacles
Les moments de louange, autrefois simples et communautaires, se muent en productions dignes de Broadway. Éclairages, fumées, chorégraphies : tout est conçu pour impressionner. Mais où est l’adoration « en esprit et en vérité » (Jean 4:24) ? Ces cultes privilégient la technique à la simplicité de coeur, l'émotion à la profondeur. Quand la musique devient performance, les fidèles risquent de devenir spectateurs, loin de la participation active de l’Église primitive.
Une doctrine trop légère
À ces dérives s’ajoute un problème tout aussi préoccupant : une doctrine trop légère. Dans l’Église primitive, l’enseignement des apôtres était au cœur des rassemblements (Actes 2:42), ancré dans les Écritures et orienté vers la croissance spirituelle. Aujourd’hui, certaines églises modernes diluent la Parole pour plaire au plus grand nombre, évitant les vérités exigeantes au profit de messages simplistes. On parle rarement du péché et de la repentance, des thèmes pourtant centraux dans l’Évangile – Jean le Baptiste appelait à « se repentir, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 3:2), et Jésus lui-même débutait son ministère par cet appel (Matthieu 4:17). À la place, on met l’accent sur le bien-être personnel, l’estime de soi ou la délivrance, des sujets qui occulte la réalité du péché et la nécessité de se tourner vers Dieu. Cette superficialité théologique prive les fidèles d’une nourriture spirituelle solide, les laissant affamés et désorientés. Paul mettait en garde contre ceux qui « ne supportent pas la saine doctrine » et préfèrent des enseignants qui flattent leurs oreilles (2 Timothée 4:3-4). Une doctrine légère, qui évite de mettre le doigt sur le péché et de prôner la repentance, est une raison de plus pour les chrétiens qui aiment la vérité de chercher ailleurs une communauté enseignant la Parole avec fidélité et profondeur.
Pourquoi les chrétiens s’en vont
Ces dérives ne sont pas sans conséquences. Partout, des chrétiens quittent les églises institutionnelles, désillusionnés. Les scandales financiers, les abus de pouvoir et l’impersonnalité des megachurches alimentent une méfiance croissante. Les jeunes, en particulier, recherchent une foi authentique, des relations profondes, un leadership transparent. Ils veulent une communauté où ils peuvent être acteurs, pas consommateurs.
Si une église ne nourrit plus votre foi, vous êtes libre de partir. Cette liberté n’est pas un rejet de la communion, mais un retour à l’essence de l’Église : un corps de croyants, temples du Saint-Esprit (1 Corinthiens 3:16, 6:19), unis pour glorifier Dieu.
Une Église sans murs : la liberté de choisir
L'’Église n’est pas un bâtiment. Jésus a annoncé la fin du temple physique (Matthieu 24:2) et s’est présenté comme le véritable temple (Jean 2:19-21). Les chrétiens, individuellement et collectivement, sont le lieu de la présence de Dieu. Hébreux 10:25 n’exige pas une carte de membre dans une église locale, mais une communion vivante, où qu’elle se vive.
Vous n’êtes pas enchaîné à une assemblée qui vous étouffe. Matthieu 18:20 promet la présence de Christ là où « deux ou trois sont réunis en son nom ». Romains 14:5 laisse la liberté de conscience dans les pratiques spirituelles, et 1 Jean 2:27 rappelle que le Saint-Esprit guide chaque croyant. Si une église devient oppressive, légère, mercantile ou vide de sens, partir est une décision légitime.
De plus, les Dix Commandements restent un guide moral, mais le Nouveau Testament libère les chrétiens de l’observance stricte du samedi ou du dimanche (Colossiens 2:16-17). L’essentiel est de consacrer du temps à Dieu, que ce soit dans une maison, un parc ou une église saine. Les dérives modernes, en transformant le culte en spectacle ou en obligation financière, trahissent l’esprit de repos et d’adoration que le sabbat symbolise.
Retrouver l’esprit de l’Église primitive
Alors, comment avancer ? L’Église primitive offre une boussole. Voici des pistes concrètes pour vivre une foi authentique :
Rejoignez un groupe de maison : Réunissez-vous avec quelques chrétiens pour prier, étudier la Bible et partager un repas, comme dans Actes 2:46. Ces petits cercles recréent la proximité et la participation des premiers chrétiens.
Cherchez des bergers humbles : Une église saine a des pasteurs accessibles, qui visitent, écoutent et servent sans dominer. Un leadership collégial, avec plusieurs anciens, évite les dérives autoritaires.
Exigez la transparence financière : Une communauté devrait publier ses comptes et utiliser les dons pour les pauvres, la mission ou un fonctionnement modeste, sans pression ni promesses fallacieuses.
Adorez avec simplicité : Privilégiez des chants communautaires, des prières spontanées, une louange qui invite chacun à participer, comme dans les Psaumes (Psaume 100).
Discernez avec soin : Posez-vous les questions : cette église est-elle centrée sur Christ ? Favorise-t-elle votre croissance spirituelle ? Ses leaders sont-ils intègres ? Si la réponse est non, explorez d’autres communautés ou créez la vôtre.
Privilégiez un message prêché fidèle : Assurez-vous que l’enseignement repose sur la Parole de Dieu, comme dans l’Église primitive où l’enseignement des apôtres était central (Actes 2:42). Un message prêché doit aborder les vérités essentielles, y compris le péché et la repentance, et non se limiter à des discours légers sur le bien-être. Cherchez une communauté où la prédication vous pousse à grandir spirituellement et à approfondir votre relation avec Dieu (2 Timothée 4:2).
Pas de culpabilité si vous ne trouvez pas d’assemblée
En France, trouver une assemblée saine devient un défi. Beaucoup d’églises locales, marquées par les dérives que nous avons décrites, ne répondent plus aux attentes des chrétiens en quête d’authenticité. Face à cette réalité, certains se culpabilisent, car on leur répète sans cesse qu’appartenir à une église locale est indispensable. Mais cette injonction peut être un fardeau, pas une vérité absolue. Hébreux 10:25 appelle à la communion, pas à une adhésion forcée à une institution défaillante. Si vous ne trouvez pas d’assemblée qui vous édifie, ne vous sentez pas coupable. Votre foi peut s’épanouir dans des rencontres informelles, des échanges avec un ami chrétien, ou même dans une relation personnelle avec Dieu, guidée par l’Esprit (1 Jean 2:27). Jésus est présent là où deux ou trois se réunissent en son nom (Matthieu 18:20), et votre désir de communion sincère honore déjà son appel. Continuez à chercher, mais sans pression : Dieu voit votre cœur.
Conclusion : une foi libérée
Les églises modernes, avec leurs pasteurs-PDG, leurs cultes-spectacles, leur obsession de l’argent et leur légèreté théologique s’éloignent trop souvent de l’Église primitive, ce corps vivant où chaque croyant trouvait sa place. Ce « business spirituel » pousse les chrétiens à chercher ailleurs, là où la communion est réelle, où les bergers sont proches, où l’adoration est sincère. Hébreux 10:25 nous appelle à nous rassembler, mais pas à nous enfermer dans des institutions qui étouffent.
Vous êtes libre. Libre de quitter une assemblée qui ne reflète pas l’amour de Christ. Libre de rejoindre une communauté, petite ou grande, qui vous édifie. Libre de vivre votre foi dans une maison, un café, un parc, avec deux ou trois autres, là où Jésus promet d’être présent. L’Église, c’est vous, c’est nous, temples du Saint-Esprit, appelés à aimer, encourager et glorifier Dieu ensemble. Alors, où irez-vous demain ? Que le Seigneur vous guide dans ses voies.
L. Gilman
Source supplémentaire : « Vous êtes libre de quitter votre assemblée », Il t’aime, 17 septembre 2018, https://www.iltaime.com/single-post/2018/09/17/vous-%C3%AAtes-libre-de-quitter-votre-assembl%C3%A9e.
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